Au cours de sa troisième rencontre avec le roi Abdallah, Obama devrait demander à son interlocuteur d'être patient au sujet d'une relance des négociations au Proche-Orient et d'aider à la lutte contre les taliban. Le roi Abdallah d'Arabie saoudite évoque mardi avec le président américain Barack Obama à Washington les appréhensions du royaume à l'égard des sanctions contre l'Iran, le blocage du processus de paix au Proche-Orient et la guerre en Afghanistan, selon des analystes. Cette rencontre pourrait également favoriser des contrats d'armements pour le renforcement des capacités défensives de Riyadh face à la menace iranienne, y compris la demande saoudienne, toujours en souffrance, d'acquérir 72 avions de combat F-15 Eagle, selon des sources de l'industrie d'armement. Au cours de sa troisième rencontre avec le roi Abdallah, 86 ans, le président Obama devrait demander à son interlocuteur d'être patient au sujet d'une relance des négociations de paix au Proche-Orient et d'aider à la lutte contre les taliban en Afghanistan et au Pakistan, selon les analystes. Il n'y a pas de grandes divergences stratégiques entre les deux alliés, souligne Thomas Lippman de l'US Council on Foreign Relations qui estime qu'«il n'y a plus de brèche à colmater comme auparavant». La première rencontre Abdallah/Obama le 3 juin 2009 à Riyadh et le discours adressé le lendemain depuis Le Caire par le président américain au monde arabo-musulman ont largement comblé le fossé qui existait du temps de l'administration de George W.Bush. M.Lippman, qui prépare un livre sur les relations saoudo-américaines, souligne l'étroite coordination entre les deux pays dans la lutte contre Al-Qaîda. Mais bien qu'ils approuvent le rôle de Washington dans les principales questions régionales, les Saoudiens ont des appréhensions quant à son approche des dossiers iranien et afghan. Et ils craignent que l'engagement d'Obama pour un accord de paix israélo-palestinien ne se soit affaibli, face à l'intransigeance d'Israël. «Je crois que les Saoudiens sont mécontents au sujet de quelques questions, mais ils ne savent pas ce qu'ils devraient faire ou ce que nous devrions faire à cet effet», ajoute M.Lippman. Selon Mustafa Alani, directeur du département sécurité et défense au Gulf Research Center de Dubaï, «pour le roi Abdallah, la question du processus de paix est primordiale». «Il y a une profonde déception en Arabie saoudite et dans le monde arabe face à la capacité du président Obama à tenir ses engagements», estime-t-il. Sur l'Iran, «les Saoudiens sont convaincus que les sanctions économiques sont sans effet», explique M.Alani, ajoutant toutefois qu'«ils n'ont pas d'alternative» à proposer. Jon Alterman, directeur du Centre américain d'études stratégiques et internationales en charge des affaires du Moyen-Orient, estime pour sa part que les pays arabes du Golfe «veulent avoir leur mot à dire» dans la politique américaine face à l'Iran, «même s'ils n'ont pas une idée claire sur le moyen de contenir les ambitions nucléaires de l'Iran». Traditionnellement discret, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal a publiquement critiqué en février les sanctions. Il n'a pas été clair sur les attentes de Riyadh, mais les Saoudiens ont toujours estimé qu'un règlement de la question palestinienne contribuerait à régler les autres problèmes régionaux, y compris la menace que constituerait l'Iran, leur rival. En mai, l'ancien chef des renseignements saoudiens, le prince Turki al-Fayçal, a affirmé que les Américains étaient «incapables» de résoudre les problèmes de l'Afghanistan et Washington «ne devrait pas croire qu'il peut régler les maux de l'Afghanistan par les moyens militaires». Pour M.Alani, Riyadh estime que Washington exerce trop de pressions sur le Pakistan, allié des Saoudiens, et donne un rôle trop important à l'Inde et à l'Iran en Afghanistan.
