Un retour au pays d'origine est-il envisagé par nos émigrés? La malvie, la pauvreté, la misère, le chômage et le désoeuvrement sont tant de raisons derrière la désillusion de nombreuses personnes en Algérie. Des jeunes et des moins jeunes n'ont ainsi qu'une seule obsession, partir pour ne plus revenir. Ils sont d'ailleurs constamment à la recherche du moyen adéquat pour partir vers d'autres pays, vers d'autres contrées...vers d'autres cieux qui seraient plus cléments que ceux de l'Algérie...la terre des possibilités impossibles. Le drame des harraga, appelés sciemment les damnés de la mer, confirme chaque jour et à chaque instant cette douloureuse réalité. Une réalité à laquelle personne ou presque n'en disconvient. Sauf peut-être Slemnia Bendaoud, l'auteur d'un essai intitulé Emigrés algériens: les chances d'un retour sans détour, un livre paru aux éditions françaises, Edilivre. Avec cet ouvrage, ce sociologue suscite le débat autour d'un sujet qui reste d'une brûlante actualité. Mais ce dernier reste conscient de la grande difficulté d'une telle entreprise. «Proposer le retour à nos émigrés au moment même où notre jeunesse s'aventure à braver la mer pour passer clandestinement de l'autre côté de la Méditerranée, relève plutôt d'une opération tout aussi suicidaire que ces tentatives des "harraga"...l'idée est originale et peut-être même un peu osée, mais l'enjeu vaut la chandelle...», explique-t-il dans le liminaire de son livre. Avec cet essai, l'écrivain dresse un plaidoyer pour un éventuel retour «conditionné» au bercail des émigrés algériens. Pour lui, un retour à la maison serait «incontestablement» un retour à la raison. Et bien que ça rime phonétiquement parlant, la réflexion de l'auteur n'est certainement pas en adéquation avec cette réalité amère, vécue chaque jour par les jeunes Algériens qui désirent larguer les amarres pour explorer d'autres horizons. Dans Emigrés algériens: les chances d'un retour sans détour, l'auteur de Harraga, ces éternels incompris! revient sur les origines de l'émigration algérienne à l'orée du vingtième siècle et par la même occasion sur les conditions de l'émigré dans le pays d'accueil. «(Il était) privé sur place de ses droits les plus élémentaires en matière de travail et de circulation...Les discriminations étaient de tout ordre et de toute nature, tout comme la discipline de fer à laquelle ils étaient tenus de se conformer...», explique-t-il. Selon Slemnia Bendaoud, l'idée de faire la Méditerranée dans l'autre sens et donc du nord au sud, implique un certain «changement de mentalités et donc (un changement) dans notre façon de gérer les deniers du pays...», écrit-il. Il s'agit même d'une condition sine qua non pour «faire adhérer ces jeunes générations et surtout ces jeunes expatriés qui ne demandent, selon l'auteur, qu'à être considérés au même titre qu'ailleurs pour donner le meilleur d'eux-mêmes et leur préférence à leur nation en réintégrant la grande famille...». L'écrivain consacre d'ailleurs tout un chapitre aux conditions préalables pour un éventuel retour des émigrés au pays d'origine. «Les préalables au retour sans détour de notre émigration ont toujours été bien diagnostiqués et aussi bien connus des autorités du pays que des émigrants eux-mêmes. Ils sont de trois natures: institutionnels, organisationnels, infrastructurels...», précise-t-il. Convaincu et même persuadé de son hypothèse, l'écrivain, expliquera encore: «Un retour rapide des émigrés au pays accompagnés de leurs familles est possible, très possible même, à la seule condition que nos responsables reviennent à la juste raison et mesure des choses...».