Le salon vu par les professionnels du livre. Le Salon international du livre d'Alger, aux Pins Maritimes, a fermé ses portes samedi. Dix jours d'exposition, dix jours de rêves et de promesses. En attendant le bilan exhaustif qui sera présenté par le président de la Commission nationale d'organisation du 7e Sila, Abdelkader Khemri, dans les jours à venir, les professionnels du livre donnent leur avis. Partagés, les uns considèrent que c'était une réussite. M.Sebaoun Saïd, cadre éditorial à Casbah éditions indique que «dans l'ensemble l'organisation était bonne. l'affluence du grand public était assez importante, mais moins que celle du salon 2000, les ventes aussi d'ailleurs.» Le chargé de communication de Chihab éditions M.Abdallah Benadouda a une autre approche: «Sachant que la présence de Chihab éditions était loin d'être commerciale, son but premier était de se faire connaître, ensuite de faire connaître ses nouveautés. Tout en nouant des contacts avec des confrères étrangers et algériens. Cela étant, on dira donc que, oui, ce salon était une réussite pour nous». D'autres sont moins satisfaits à l'instar de M.Sid Ali Sekheri, vice président de l'association des libraires qui nous déclare: «J'estime que dans ce salon il y a eu beaucoup de points négatifs. D'abord le grand public, qui n'a pas su à temps le déroulement de ce salon et de là n'a pu prévoir de budget pour les livres. Il y a ensuite les prix exorbitants des livres, sans oublier que cette année, contrairement au dernier salon, il n' y avait pas de navettes pour transporter les visiteurs. Enfin, je voudrais signaler l'absence des autorités dans une manifestation comme celle-ci. Une absence qui peut être traduite comme un désintéressement total de la part de l'Etat pour ce qui concerne le livre. Je voudrais préciser au passage que ce salon était un salon pour les islamistes, qui en ont profité pour acheter des livres qui font l'apologie du Djihad. Ma plus grande déception était l'espoir que j'avais à propos d'éventuelles rencontres qui réuniraient les professionnels du livre algériens pour débattre de la question du livre en Algérie.» Sur les points positifs du salon, très brièvement il dira: «Ce salon était une belle occasion qui a permis à la presse de parler des problèmes du livre chez nous et aux libraires de prendre contact avec des éditeurs étrangers français, égyptiens et libanais.» Abderrahman Ali Bey, gérant de la librairie du Tiers- Monde, exposera son point de vue de manière plus nuancée: «La perfection n'existant pas, on relèvera de bonnes et de mauvaises choses. Les infrastructures dont avait bénéficié le salon étaient bonnes: l'hygiène, le placement des stands, les cafés littéraires. Le côté organisationnel était moins bon, le visiteur n'a pas pu bénéficier d'un plan du salon et personne n'était en mesure de l'informer sur les emplacements de tel ou tel stand». Sur un autre registre, il abordera la question du livre affirmant que «l'Etat s'est depuis longtemps déchargé du problème du livre et chaque ministre qui passe, ou responsable, nous chante le même refrain sur sa volonté d'adopter une politique du livre. On a fini par comprendre que c'est un slogan auquel ils n'ont jamais donné les moyens de se concrétiser». Les importateurs aussi ont tenu à faire l'évaluation du 7e SILA. M.Rachid Bouzid, le président d'Inas édition l'évaluera comme suit: «Il est clair que ce salon 2002 est mieux que celui de 2000. Mais ceux des années précédentes le dépassent de loin.» Indigné, il dénoncera l'absence des pouvoirs publics dans cette manifestation culturelle. «Ce salon était une occasion pour les professionnels du livre étrangers et nationaux de se rencontrer. En aucun cas cela n'excuse l'absence totale des autorités compétentes. En tant qu'opérateurs économiques, nous n'étions pas habilités à engager l'Algérie avec des représentants du pouvoir étrangers. C'est inimaginable, on a été livrés à nous-mêmes». «Un salon prometteur au départ, et décevant à la fin», propos d'une dame qui résume bien la déception ambiante. Des avis, certes partagés, mais qui dans l'ensemble disent les regrets des nombreuses personnes venues à «la foire du livre» pour faire la razzia, mais ne trouvant pas ce qu'elles étaient venues chercher.