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Ce qu'a été le système colonial
DE L'ALGERIE «FRANÇAISE» À L'ALGERIE ALGERIENNE DE CHARLES-ROBERT AGERON
Publié dans L'Expression le 10 - 11 - 2010

L'Histoire sait garder ses distances avec les hommes qui ne savent pas hélas! garder les leurs avec humilité, et surtout avec justice.
Charles-Robert Ageron, cet historien important de l'Algérie coloniale, né le 6 novembre 1923 à Lyon, mort le 3 septembre 2008 à Paris, demeure encore, par ses écrits, le spécialiste sérieux et éclairé de ce que l'on pourrait appeler «la tragédie française» provoquée par le corps expéditionnaire qui fut envoyé par le roi Charles X pour laver l'affront fait d'un coup d'éventail donné le 30 avril 1827 par le dey Hussein à Deval, affairiste sans scrupule et consul de France. La disproportion de la cause à l'effet aurait paru grotesque s'il n'y avait eu sur une terre la convoitise obsessionnelle et ignoble déjà depuis longtemps entretenue dans les sphères politico-militaires françaises implacablement assommées d'expansion territoriale et rêvant d'un vaste empire colonial...
Justement, en ces premiers jours pluvieux de novembre 2010, le souvenir sacré du déclenchement de la Révolution algérienne (1954-1962) pour l'indépendance est, pour nos lecteurs aussi, revivifié par la réédition De l'Algérie «française» à l'Algérie algérienne (*) de Charles-Robert Ageron. Il s'agit d'un volume qui contient de précieuses études historiographiques de la colonisation française en Algérie et que l'on peut considérer comme prémisse d'une série d'ouvrages sur le même sujet.
Ageron n'a jamais prétendu faire un travail pour les Algériens, comme certains historiens d'une autre ère avaient osé le prétendre publiquement ou comme certains aujourd'hui, venus de France, s'affublent ou se laissent volontiers affubler d'un titre rien moins que «spécialiste de la Révolution algérienne»! Pourtant, ses études brillantes, sous des professeurs éminents tels Mandouze ou Marrou et son enseignement enrichi, pendant une dizaine d'années d'exercice professoral en Algérie, puis en Sorbonne et dans de nombreuses universités françaises, ses articles et ses conférences, l'ont énormément servi dans ses recherches et dans la formation de son autorité dans le domaine des sciences sociales, notamment dans l'observation, l'étude et l'analyse du système colonial en Algérie pour devoir se faire violence et accepter humblement de mériter la reconnaissance même des Algériens, ses étudiants, ses collègues, ses lecteurs.
Aussi, si mince qu'ait été, entre le pouce et l'index, la prise de poivre, en ce novembre humide et froid pour se réchauffer les narines et ainsi, tels nos paysans, tromper le rhume, les éternuements, sous le chapiteau du 15e Sila, n'ont pas été plus forts que les manifestations populaires que produisaient les souvenirs de joie et de tristesse en ce 1er novembre 2010 partout sur le territoire national... Pourquoi? Tout simplement parce que dans son livre, mieux que dans les rencontres de circonstance où rivalisent vanité et affèterie, Ageron parle aux Français de ce qu'était le peuple algérien pendant la colonisation française et à nous de ce qu'était l'état d'esprit du pouvoir politique et militaire français à la même époque. C'est finalement l'histoire d'une rixe où l'agresseur se donne le droit de justifier son double rôle d'agresseur agressé. Affaire complexe à laquelle l'histoire avec H n'a pas réussi à mettre fin, si tant est que cela soit encore possible dans la dynamique actuelle de la mondialisation...Pour l'heure, nous sommes loin de la colonisation «positive», preuve à l'appui!
Néanmoins, en dépit «de son côté ´´catho de gauche´´ et un peu ´´néo-positiviste´´» qu'évoque ailleurs Gilbert Meynier (un militant de l'authentique Histoire de l'Algérie contemporaine), on lira avec intérêt De l'Algérie «française» à l'Algérie algérienne où Charles-Robert Ageron essaie d'expliciter ses «postions libérales» condensées dans, par exemple, La politique kabyle sous le Second Empire; L'évolution politique de l'Algérie sous le Second Empire; Le «parti» colonial; Jules Ferry et la colonisation; Jaurès et le socialisme français devant la question algérienne (de 1895 à 1914); Le communisme français devant la question algérienne (de 1921 à 1924); Sur l'année politique algérienne 1936; De Gaulle et le Maghreb en 1945; L'opinion française devant la guerre d'Algérie; L'OAS-Algérie-Sahara; «L'Algérie dernière chance de la puissance française»: Etude d'un mythe politique (1954-1962).
Sans doute, Ageron n'a pas levé toutes les brumes qui couvrent l'histoire de la colonisation. Bien des épaisseurs inconnues, oubliées, cachées, déroutantes, amères, insupportables à la conscience des uns, convenables à la conscience des autres, restent à découper ou à redécouper dans les archives encore inaccessibles. Bon nombre de ses conclusions, sur les rapports algéro-français fluctuants et épisodiques d'hier et d'aujourd'hui, appellent une approche plus percutante, plus directe, débarrassée du subjectivisme passionné ou passionnel et domma-geable parfois à la vérité historique.
Cependant, à la lumière des agitations politiques, économiques, culturelles (tel que le dialogue des civilisations, plutôt que le choc des civilisations) les mythes anciens comme les nouveaux des uns et des autres finissent par être ternis par le temps et, devenant obsolètes, ils réapparaissent en constats d'évidence, réalités historiques à affronter et qui nécessitent des conclusions où les patriotes de tout bord ont quelque chose de nouveau et de cher à dire! Les «apports décisifs» ici et là, en France et en Algérie, sont assurément inépuisables.
De ce point de vue, il me semble que l'histoire de la colonisation devrait être une information en continu. Nous sommes loin, très loin, de la colonisation «positive», amère pilule qu'aucun Français averti et digne ne voudra avaler. Ainsi que Alain Mahé (Maître de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris) l'écrit dans sa préface à De l'Algérie «française» à l'Algérie algérienne: «Au bout du compte, s'il [Charles-Robert Ageron] a largement laissé ouvert le champ des interprétations et des hypothèses, il est bien rare que le chercheur venu aux archives après lui découvre de nouvelles pistes. D'ailleurs, son oeuvre est tellement omniprésente que certains oublient même de mentionner leur dette à son égard, tant elle est devenue une sorte de point aveugle, une condition de possibilité pour pouvoir passer à autre chose.»
Au reste, ne serait-il pas urgent de nous libérer de nos complexes ou de nos craintes (et lesquelles?), de libérer nos historiens pour nous parler, en toute conscience et en toute responsabilité de notre Révolution en termes savants, pédagogiques et crédibles? Oui, écoutons les autres, mais écoutons les nôtres aussi...
(*) De l'Algérie «française» à l'Algérie algérienne de Charles-Robert Ageron, Réédition: EDIF 2000, Alger, 2010, 623 pages.


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