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De la pure ivresse
4E EDITION DE BLEDSTOCK
Publié dans L'Expression le 26 - 10 - 2002

Folie, émerveillement et évasion tels ont été les maîtres mots de ces deux fantastiques soirées...
De la qualité et de la rigueur, le collectif 33 Tours n'en démord point et n'a de cesse de se perfectionner au fil des années et des expériences.
Techniquement parlant le professionnalisme est de mise, son et lumières impeccables. Sur scène, deux écrans qui feront défiler des images chatoyantes, des paysages pittoresques et des portraits d'artistes, des formations mixtes évoluant ici ou à l'étranger et s'inscrivant dans le même esprit d'ouverture et d'universalisme que le festival Bledstock. Des artistes tels que Index, Amazigh Kateb, ONB, Safy Boutella, Philippe Caterine y ont déjà participé. Ceci comme prélude à la fête, à chaque entame du concert. C'étaient mercredi et jeudi soir derniers à la salle Ibn Zeydoun de l'Oref lors de la 4e édition de Bledstock. De la bonne musique qui puise ses racines du bled pour les «sghar» (les jeunes). 5, 4, 3, 2, 1, 0, le décompte égrène les secondes devant nous immerger dans la fièvre musicale de ce rendez-vous incontournable de la scène artistique algérienne. Mercredi soir, c'est face à un public jeune en majorité et discipliné, que les musiciens du groupe Ithrène, qui signifie Etoile en berbère, font leur apparition.
Ils entament leur répertoire avec une chanson purement traditionnelle chaouie, chantée dans les fêtes: Asalat Alayka Yanbi. Fondé par les trois frères Ferrah, ce groupe natif d'Oum El Bouaghi, mêle allègrement dans ses compositions le son rock occidental à l'austérité de la musique aurassienne. La voix perchée de Aziz au chant fait trembler la salle et en fait danser plus d'un qui se trouve captif de ses culminants phrasés acoustiques. Un chant puissant marqué par la pure tradition chaouie. Cependant, dans un soubresaut d'originalité, le groupe laisse transparaître à la guitare ses influences pour Joe Satriani et Steve Vai. Du psychédélique décoiffant. Baptême du feu réussi pour ces «Etoiles» d'Oum El-Bouaghi. Après cette 1re partie marquée par une pause, ce sont les compagnons de route de Hocine Boukella, alias Cheikh Sidi Bemol de nous entraîner vers d'autres aventures musicales. Après Zalamite, que le public a pu apprécier l'année dernière, avec Hicham Takaoute à la basse, Abdenour Djemaï à la guitare, Hervé Leboucher à la batterie, ces derniers reviennent une seconde fois sous l'aspect dénominatif de Thalweg.
Une fusion forgée à l'usine, lieu de rencontre et d'expérimentation des projets musicaux divins pour un répertoire riche et varié mêlant flamenco, salsa, reggae, ragamufin, rock et chaâbi. Du «groove afro-berbère», dit-on, très extensible. Deux des musiciens de Thalweg manquent à l'appel, à savoir Manu le Houezec, virtuose des instruments à vent et Moulay Si Ahmed fameux guitariste rock.
Tchina, 1er morceau inaugural de leur tour de chant, allie mélodies kabyles, rock et thème folklorique celtique chantées en arabe dialectal. Il est question d'un marchand d'oranges qui s'enrichit, bâtit des palais sur des vergers et se trouve à la tête d'un empire de béton. Les textes métaphoriques de Thalweg parlent souvent de désillusions, de nostalgie, de malaise dans le monde sur fond d'humour désopilant (Ifrikya Djiana). Ils rendent notamment hommage au chantre de la tradition kabyle, Slimane Azem dans la ballade Ad Ezi Sâa. Populaire, la musique de Thalweg sait émouvoir. Son mixage des musiques maghrébines et celtiques se traduit également par des mélodies très légères et bien entraînantes sur des textes caustiques (Amri Rassi, Fatma Lahouayia, t'a quelqu'un dans ta vie? non personne!).
Entre féérie bretonne et battement de tambours de la Kabylie, le public se laisse emporter et le coeur, lui, ne peut que s'emballer. Il vole. Une fiesta qui met de la joie dans la salle et déclenche par moments des avalanches de youyous. Ana Bechar Ah dini Bekhbar, le chaâbi se colore d'un souffle gnawi. La guitare déchire le silence, se fait complainte, «un lamento extatique» qui se régénère en pulsations rythmiques jusqu'à forcer la note dans un gigue renversant et plein de rebondissement acoustique. Jeudi soir ce sera au tour du groupe Mugar d'enflammer la salle Ibn Zeydoun, face à un public plus nombreux et fort décidé d'aller jusqu'au bout de cette traversée musicale. Le fils du bled, plus précisément des Asphodèles Nasredine Delil, revient en grande pompe dans son pays après deux ans d'absence. Une commande programmée lors du festival celtique de La Villette (France) et voilà le groupe Mugar formé. Une gourmandise acoustique où se côtoient trois cultures, kabyle, bretonne et irlandaise. Un foisonnement d'instruments d'ici et d'ailleurs, banjo, bouzouki irlandais, flûte, violon, badhran, hautbois, cornemuse, tbel, kerkabou, gumbri qui, en s'accordant, laissent échapper des chaleureuses envolées lyriques à vous fendre l'âme. Chant Elise, Updown on the run ou encore Kabily-touseg où se mélange des thèmes d'origines kabyle et irlandaise saupoudrés de phrases moitié bretonne, moitié kabyle. Et c'est le délire dans la salle. La force incroyable que dégage cette musique millénaire vous désarme, vous entraîne vers une contrée étrange, géographie hybride de paysages mirifiques celtes et d'horizons berbères. C'est l'ivresse.
L'âme se trouve submergée sous les airs de la danse traditionnelle irlandais Reels Jigs. Sous l'emprise des musiciens notamment Youenn le Berre, Michel Sikiotakis, Nasredine Dalil à la flûte et Abdenour Djemaï au banjo, le public est en ébullition. L'esprit voyage, plane. Impossible de tenir en place. Quand la zorna, tbel et ghaïta s'en mêlent, c'est l'effervescence garantie. Tamaghra (joie en berbère) un titre de morceaux qui porte bien son nom. Le désert est à notre portée comme ces vastes terres d'Irlande ou encore ces champs de Bretagne. Les Touareg sont là avec l'élévation des mélodies tindi. Aussitôt les têtes des jeunes sont enturbannées de chèches pour se fondre dans l'atmosphère. Idir, aussi, est revisité avec Essndou, son célèbre tube-ballade qui fera chanter toute la salle à l'unisson. Folie, émerveillement et évasion tels ont été les maîtres mots de ce festival qui ne cesse de monter.


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