L'Algérie compte ses blessés après un Mawlid Ennabaoui explosif. Alors que les citoyens s'attendaient à une accalmie, le Mawlid Ennabaoui de l'année 1432 hégirienne n'a pas dérogé à la règle. De graves blessures, des incendies, des agressions...telles sont les caractéristiques de cette fête religieuse. Une petite virée à l'hôpital Mustapha-Pacha, nous a fait constater l'ampleur de l'horreur. Il n'y a pas que les brûlures qui font mal. Les fêtards sont impliqués dans des bagarres. On a appris que plus de 26 admissions ont été enregistrées aux urgences pour des blessures à l'arme blanche. Cela sans parler des cas qui ont été admis pour des blessures légères qui se comptent en centaines. Trois blessés à coups de couteaux dont un mineur dans un état grave, ont dû subir une intervention chirurgicale de toute urgence. «Ce n'est rien par rapport à ceux qui ont défilé en ophtalmologie!», avoue une de nos sources. En effet, le service ophtalmologique était débordé au point où des médecins d'autres services ont été appelés en renfort. «Plus d'une cinquantaine de personnes, touchées aux yeux, se sont présentées toute la nuit au niveau du service. 4 personnes ont été opérées hier matin, et une femme a perdu un oeil», ajoute notre source très émue. Hors de lui, un médecin parle d'un véritable massacre. Il compare les patients à des blessés de guerre. Pourquoi ce laisser-aller des autorités?», s'interroge-t-il. Chaque année, c'est la même chose, on a beau interpeller les pouvoirs publics, rien n'y fait. Ce médecin souhaite que des rencontres de sensibilisation soient organisées en collaboration avec les «victimes», afin de montrer à la population les «dégâts» des pétard. L'utilisation de produits pyrotechniques a également provoqué des incendies dans des habitations à travers plusieurs wilayas du pays. A Oran, un incendie s'est «déclaré à l'intérieur d'un appartement de type F5, situé au 3e étage d'un immeuble sis boulevard Adda-Aouda, causant d'importants dégâts matériels, mais heureusement aucune victime n'a été déplorée», nous apprend le lieutenant Bernaoui de la Protection civile. L'intervention rapide des agents de la Protection civile a permis de circonscrire l'incendie et éviter sa propagation vers les autres appartements de l'immeuble, précise la même source. La wilaya de Blida, a aussi eu son lot de feu. Plus précisément à Boufarik où, «les unités de la Protection civile ont pu admirablement maîtriser un incendie qui s'était déclaré dans une villa située à la rue Ferroukhi-Belkacem». Cependant, une chambre et une cuisine ont été complètement ravagées par l'incendie. Dans la même ville, un autre incendie s'est déclaré, cette fois-ci, à l'intérieur d'une «braderie composée de 70 locaux, sise rue Ibn Khaldoun, affectant deux locaux». Dans la wilaya de Laghouat, l'intervention rapide des unités de la Protection civile a «permis de circonscrire un incendie qui s'était déclaré dans une chambre d'un appartement situé au 3e étage d'un immeuble, sis cité 450 Logements». Dans les Aurès, à Oum El Bouaghi, l'utilisation de produits pyrotechniques a provoqué un incendie dans «une habitation au centre-ville de la commune de Hanchir Toumghani, daïra de Ain Kercha, faisant quelques dégâts matériels». A M'sila, c'est un «véhicule léger qui a été complètement endommagé par un feu, provoqué par l'utilisation de produits pyrotechniques, au lieu-dit Ras El Oued, dans la commune de Aïn Lahdjel», a conclu le lieutenant Bernaoui. Même si les autorités avaient pris des mesures restrictives pour empêcher les produits pyrotechniques d'envahir nos quartiers, il n'en demeure pas moins qu'ils étaient en vente libre à chaque coin de rue. «Tout est permis avec l'absence totale des autorités», déplore, Ali, un citoyen de Bab El Oued. L'Algérie s'est transformée en l'espace d'une soirée, en arène de combat, où chaque quartier envahissait un autre à coups de pétards et autres produits pyrotechniques, dit-il. Les jeunes sont à blâmer, ils sont inconscients du danger, mais le vrai criminel est celui qui leur a mis ces pétards entre les mains, ajoute Ali. Ces pétards sont en effet, un vrai problème de société qui doit être traité sérieusement, et pas seulement la veille de la fête du Mawlid Ennabaoui Toutefois, ce problème est aussi dû à l'éducation civique qui fait grandement défaut dans la société algérienne...