L'histoire du film se déroule dans une banlieue de Marseille, l'Algérie et son histoire sont fortement évoquées dans cette comédie bleu blanc beur. Alors que l'Algérie est absente ou presque de la 61e édition du Festival international de Berlin, les comédiens algériens étaient bien présents à cette Berlinale: Mohamed Fellag et Lyès Salem sont en effet les vedettes d'un sympathique film français qui a attiré une grande foule à la salle Ciné Star située au coeur du centre Postadam plaz. Il s'agit de Dernier étage gauche gauche de Angélo Cianci, présenté hors compétition dans le prestigieux panorama de la Berlinale, qui a reçu un acceuil très positif du public allemand. Si l'histoire du film se déroule dans une banlieue de Marseille, l'Algérie et son histoire sont fortement évoquées dans cette comédie bleu blanc beur. En effet, Fellag joue le rôle d'un père en difficulté financière qui reçoit la visite d'un huissier (interprété avec brio par Hippolyte Girardot) et qui venait saisir son appartement, un certain 11 Septembre. Mais ce jour d'anniversaire de la destruction des Twin Tower, le destin en a décidé autrement puisque l'huissier sera maladroitement pris en otage par Salem, le fils agité de Mohand. François, Mohand et Salem: trois hommes bloqués pendant 24 heures au 7e étage d'une tour HLM bientôt cernée par les agents du Gign qui les prennent pour des terroristes et qui sont condamnés à s'entendre à l'intérieur d'un appartement, tandis que, derrière la porte, à l'extérieur, le chaos s'installe doucement... Mais ces trois personnages seront amenés à s'apprivoiser, se comprendre et faire éclater ensemble un douloureux secret de famille et un événement politique qui a pris de court tous les fans de Fellag dans la salle. Présenté comme un père sans courage et sans idéologie, on découvrira, peu à peu, que Fellag était dans le film un ancien militant de la cause berbère qui est recherché pour avoir tué un policier après les fameux événements du 20 avril 1980. Le réalisateur du film, qui a écrit également le scénario, a reconnu la grande contribution de Fellag, dans l'écriture du scénario. «J'avais proposé l'idée du scénario à Fellag et il était très emballé et c'est lui qui a nourri le script avec toutes ses expressions kabyles et toute la partie qui concerne les événements du Printemps berbère», a déclaré le réalisateur lors d'un débat avec le public. Même si le film débute avec des clichés anti-arabes, les revendications pro-berbères font leur apparition, peu à peu, dans le film, notamment quand l'otage tente de dialoguer avec Fellag et l'appelle Mohamed. Ce dernier lui répond: «Ah non, je m'appelle Mohand». D'ailleurs, Fellag qui est connu pour ses positions pro-berbères, a même décidé de supprimer son prénom arabe Mohamed du générique et ne garder que son nom de star Fellag. Autre cliché de la cause berbère, présenté dans ce film, quand Lyès Salem, (une autre vedette qui a bien assuré son rôle) est sollicité par le Gign, comme négociateur d'origine arabe pour entamer un dialogue avec ce dernier. Il sera en fait incapable de traduire la discussion en kabyle entre Mohand et sa femme, au grand étonnement des hommes du Gign. Ainsi, c'est la première fois qu'un film français évoque les événements du Printemps berbère. D'habitude, on parle des souvenirs de la Guerre d'Algérie ou encore du terrorisme. Cette fois, la revendication kabyle a été bien exposée dans un film et surtout dans un grand festival à Berlin. En définitive, Dernier étage gauche gauche, est une comédie française bien kabyle qui est sûre d'avoir beaucoup de succès, si elle est présentée à Alger ou à Tizi Ouzou, surtout en ses temps d'ébullition politique.