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L'extravagant Ben Bella
IL SÈME LA ZIZANIE SUR LA CHAÎNE AL JAZEERA
Publié dans L'Expression le 12 - 05 - 2011

Voici ce qu'écrivait déjà Ahmed Fattani, le dimanche 17 novembre 2002.
Notre directeur Ahmed Fattani avait rencontré l'ancien président Ahmed Ben Bella dès sa sortie de prison en novembre 1980. Il nous livre, dans deux articles, une vraie introspection du zaïm qui n'a jamais renoncé à sa seule et unique ambition: le Pouvoir.
Depuis un mois, Ben Bella règle ses comptes sans coup férir avec les martyrs de la Révolution, chaque samedi sur la chaîne Al Jazeera dans l'émission «Témoin de l'époque», animée par Ahmed Mansour. Faux zaïm et dictateur, à l'automne de sa vie, l'ancien président algérien livre à l'opinion, sans décence, son analyse sur les passes d'armes qui l'avaient opposé à de nombreux dirigeants de la Révolution. Des révélations ou des mensonges? Et dans quel but? Voici le portrait du premier président de la République algérienne démocratique et populaire.
Il le dira d'ailleurs, à l'un de ses compagnons de la Révolution, avide de comprendre les raisons de ce rapprochement inédit entre les deux ennemis: «Le PPA de Messali Hadj avait connu son essor grâce aux travailleurs kabyles. Ils sont mieux structurés que n'importe quelle autre communauté. Ils ont le sens de la solidarité. Ils sont influents en France. En plus, ils haïssent le régime.» Le tour de la question est vite fait. Le rêve insensé de Ben Bella était d'entraîner l'émigration algérienne, grâce à la «locomotive kabyle», dans la réalisation d'un changement de régime en Algérie. En prime, Paris offrait cette caractéristique originale d'être une formidable plaque tournante politique et épicentre médiatique capable de donner une résonance internationale à tous ses faits et gestes. En ce début de 1986, Ben Bella était sur un nuage. Il lui est permis de rêver, comme jamais, à la conquête d'un nouvel empire. Mais avant toute chose, il avait une revanche à prendre.
Et le temps comptait pour lui. Les va-et-vient entre Paris et Djedda se multiplieront, surveillés de très près par les hommes de la sécurité militaire alors qu'il était persuadé qu'il affûtait ses armes en silence pour déclarer la guerre à ceux qui l'ont spolié de «son» pouvoir, un certain 19 juin 1956. Cet homme politique est belliqueux, tribal, sinon sectaire, bardé d'autosuffisance. Dans ses déclarations à la presse et dans ses témoignages sur les années de la Révolution algérienne, il malmène la vérité avec aplomb, argumente avec la plus mauvaise foi. Il est sans état d'âme. Peu enclin au compromis et à la subtilité. Il a cette réputation de cogner très fort. Ses ennemis lui font le reproche que ses trois années à la tête de l'Etat algérien ont été marquées d'abord par la mort de dizaines de moudjahidine des Wilayas III et IV, qui tentaient de s'opposer à l'avancée de l'armée des frontières, par l'exécution du colonel Chabani et de centaines d'autres patriotes durant la rébellion d'Aït Ahmed en 1963 et 1964. En trois ans de pouvoir, cet homme a fait le vide autour de lui, expédiant certains de ses compagnons de lutte comme Boudiaf et Ferhat Abbas en détention, et d'autres en exil. Ben Bella avait tout gâché.
A commencer par cette indépendance confisquée aux Algériens. S'il entre à l'ombre des baïonnettes dans la capitale dès l'été 1962, il ne reculera ensuite devant aucun obstacle, pour asseoir et consolider le régime qu'il rêvait de construire. Il dépossédera les fellahs algériens de leurs terres, nationalisera des entreprises privées et des salles de cinéma. Ainsi, Ben Bella jettera le mauvais sort sur ce qui fut l'une des plus belles Révolutions populaires de ce siècle. Cédant à la pression de Chadli, et souffrant du syndrome algérien, le président Mitterrand déclare Ben Bella persona non grata sur le territoire français.
Les relations entre Alger et Paris avaient grandement besoin d'être assainies.
Et l'ex-président fera, le premier, les frais de ce rapprochement. Qu'à cela ne tienne, il s'installera à Lausanne et fera de fréquents séjours à Londres, devenue une véritable mégalopole des trublions islamistes venus d'Egypte, de Syrie, de Jordanie, du Yémen, du Pakistan et d'Algérie.
Les tribulations politiques d'Ahmed Ben Bella le conduiront à financer nombre de ces organisations dont la durée éphémère d'existence est comparable à celle des roses. Les gens avertis de la mésaventure de l'ancien hôte du château d'Aulnoy attribueront à cette phase d'histoire, l'expression de «tonneau des Danaïdes de Ben Bella». Tout comme le sera d'ailleurs son retour digne d'un scénario hollywoodien à bord d'un paquebot spécialement affrété pour lui dans l'espoir de faire un retour historique dans l'Algérie d'après-Octobre 1988.
De Barcelone à Alger, c'est le trajet qu'il faudra à Ben Bella et à ses illustres accompagnateurs du jour pour s'affranchir de leurs illusions. Les centaines de milliers d'Algériens qu'il s'attendait à voir du pont de ce paquebot faisant une glorieuse entrée dans le port, toutes sirènes hurlantes, ne sont plus que quelques dizaines de badauds. Ce spectacle, digne de la piste aux étoiles, tel qu'il l'imaginait tourna au burlesque. L'homme, ratant ce jour-là son envoi du destin, vit l'Histoire lui tourner le dos.
C'est le ratage complet. L'entrée en scène tournait au bide. Et la sortie aussi. Cruelle, vengeresse et ingrate, cette histoire dont il avait déloyalement abusé quelque vingt ans auparavant, vient de l'envoyer crouler, groggy au tapis. Mais plus tard aussi. D'octobre 1990 à janvier 1992, Ben Bella tentera d'abord de créer un pôle démocratique. Sept partis, qu'on appellera les «7+1», seront séduits par son idée. Le regroupement sera vite torpillé. Ben Bella était un roi pressé. La meilleure façon de reprendre possession de son trône, n'était-elle pas d'organiser une présidentielle anticipée? Cette idée le chatouillera longtemps et l'incitera à réfléchir à une alliance avec le FIS qui la reprendra comme mot d'ordre lors des manifestations de désobéissance civile organisées en juin 1991.
Ben Bella surestime-t-il ses capacités? C'est un rêveur. Le beau rôle qu'il entend jouer pour le salut d'une Algérie meurtrie suffira-t-il, à lui seul, à lui conférer cette image d'aura et de gloire d'un De Gaulle, d'un Peron? Les compromissions politiques ne le feront pas reculer. En les multipliant, il accentue sa descente aux enfers. Aux élections législatives, son parti, le MDA, n'arrivera pas à décoller. Sur 12 millions d'électeurs, il sera laminé, comme d'ailleurs l'ensemble des autres partis, par la déferlante du FIS. Le décompte des voix obtenues lui attribuera à peine 80.000 électeurs. Tout ce qui avait enflammé les joutes électorales et les prestations médiatiques, tout ce beau feu s'est éteint. C'est une déconfiture. Dans sa ville natale de Maghnia, le MDA a été relégué en seconde position, derrière le FIS, avec un score étriqué.
Après l'assassinat de Boudiaf, à deux reprises, il reprend son bâton de pèlerin pour jouer, cette fois-ci, les bons offices entre les exilés d'outre Méditerranée (FIS, FFS, etc.) et le pouvoir. Les membres du Haut Comité d'Etat s'étaient publiquement engagés à se retirer du pouvoir, fin 1993. Il s'emploiera durant toute l'année 1993 à faire une véritable offensive de charme en direction de certains généraux influents pour les convaincre de le porter - ne serait-ce qu'à titre transitoire - à la tête de l'Etat. Mais sur la piste, d'autres concurrents étaient sur la ligne de départ: Kasdi Merbah et Abdelaziz Bouteflika.
Décidément, les dieux de la politique se sont dressés contre lui.
L'armée lui préférera Bouteflika, un de ses tombeurs du 19 juin 1965. C'est un coup de poing à l'estomac que reçoit ce vieillard de quatre-vingts ans, mais qui ne l'empêchera pas de déployer une énergie rémanente contre les usurpateurs du pouvoir.
Cet homo politicus en sort humilié et blessé, lui qui avait instrumentalisé les chefs de l'opposition et des hommes de l'appareil. Fin janvier 1994, une conférence est organisée avec des partis politiques et des représentants de la société civile. Objectif: poursuivre le dialogue politique, désigner un Conseil national de transition (Parlement) et s'accorder sur le choix de l'homme qui sera porté à la présidence de l'Etat. Jusqu'à l'ultime minute, Abdelaziz Bouteflika restait l'unique favori. Un éditeur algérois, très porté sur les méthodes de marketing de ses confrères parisiens, avait même réédité à grand renfort de publicité à l'occasion de cet événement, un ouvrage autobiographique sur l'ex-ministre des Affaires étrangères. Zeroual sera désigné président de l'Etat, les magouilleurs de la politique sortiront abattus de cet épisode de la guerre souterraine que se livrent opposition et pouvoir. Il n'y eut pas de «miracle Ben Bella». Il était passé de mode: l'homme étant connu comme étant trop rétif à toute intrusion au-delà des palissades rigides de ses jardins secrets.


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