C´est un plan de campagne pas comme les autres que s´est concocté le candidat Abdelaziz Bouteflika. Alors que tous les autres candidats ont privilégié la parole en remplissant tout leur itinéraire de campagne de discours, lui y a mis des temps de silence, de la couleur et même du divertissement. Dans beaucoup de ses sorties il s´est contenté de bains de foule, façon d´aller à la rencontre de la population. Façon élégante de se déplacer dans plusieurs parties du pays uniquement pour saluer les Algériens. Il est vrai qu´il est le seul candidat à avoir un bilan d´exercice, pas d´un mais de deux mandats présidentiels et qui de plus est largement... parlant. Les actes valant nettement mieux que les paroles, il a donc pu se permettre des déplacements de courtoisie. Quand il lui est arrivé de prendre la parole pour discourir c´était juste pour mieux préciser certains points de son programme. L´autre trait particulier à relever est l´introduction du langage des couleurs. D´autres candidats ont eu certes la même idée mais pas avec la même stratégie subliminale. Quand le candidat Bouteflika apparaît dans les meetings c´est toujours sur une dominante bleue. Le choix de cette couleur n´a rien de fortuit. Dans le langage des couleurs qui exprime des sensations et des émotions, le bleu en général symbolise la paix et dans sa variante turquoise (le choix de Bouteflika) la volonté, la détermination et un caractère bien trempé. Cette couleur qui maintenant «colle» si bien au candidat pourrait même donner un avantage «expressif» aux bulletins de vote si l´administration prévoit de les différencier également par autant de couleurs que de candidats. Au moins pour ceux qui ne savent pas lire. Et enfin, ce choix inattendu qu´a eu le candidat Bouteflika de consacrer une partie de son temps de campagne à la culture. On l´a vu à Oran, à Alger puis à Constantine assister à des spectacles et projection de film. Bien sûr que c´est toujours son «bilan parlant» qui lui permet ces loisirs. Des loisirs qui n´en sont pas tout à fait. D´abord parce qu´ils reflètent toute la sérénité avec laquelle le candidat va vers la lourde charge du mandat présidentiel qu´il attend des électeurs. Ensuite et comme le précise son programme, c´est parce que «les enjeux liés aux questions identitaires renforcent la conviction profonde que la culture demeure l´un des aspects de la cristallisation de la souveraineté nationale et l´un des leviers du développement durable». Ce qui est loin d´être un simple loisir. En matière d´idées, d´innovation et de rigueur qui sont autant de vertus que l´on souhaite voir élire domicile dans notre pays, on ne peut pas dire que le candidat Bouteflika ne trace pas la voie. On peut ne pas l´aimer subjectivement, n´être d´accord avec lui qu´à 80%, comme disent certains responsables des partis de l´Alliance, mais on ne pourra jamais lui nier ses qualités de dirigeant hors pair. Même les étrangers le reconnaissent publiquement. Quant à nous, notre chance est de l´avoir!