La ferveur populaire autour de l´Equipe nationale, outre d´avoir été phénoménale, aura surtout montré le retour au-devant de la scène d´un patriotisme que d´aucuns pensaient désuet. De fait, dans le sillage de l´épopée des Verts - en campagne de qualification au Mondial 2010 - la jeunesse algérienne a réinventé un patriotisme sans calcul, débarrassé des faux semblants de la langue de bois et de la récupération politicienne. En vérité, ce qu´il y a d´admirable dans ce qui s´est passé ces dernières semaines en Algérie, est quasiment l´avènement d´une nouvelle naissance d´un pays alors plongé dans le doute, peu confiant dans son identité et ses origines. Le football a réalisé le miracle de cette osmose en semant parmi les Algériens, dans une jeunesse algérienne désemparée, la graine de l´unité, rassemblant le peuple autour de cette idée d´harmonie nationale qui a longtemps déserté les coeurs et les esprits. Ce n´est ni l´idéologie, ni la religion, ni le nationalisme qui ont réconcilié les Algériens avec eux-mêmes, mais bien ce symbole de la Nation qu´est l´Emblème national, autour duquel se sont retrouvés et reconnus le(s) peuple algérien. C´est énorme, c´est fantastique. Ce qui s´est fait ces derniers temps autour des couleurs nationales dépasse l´entendement, tant l´Emblème national a réussi ce que nulle force n´a pu imposer ces dernières années au peuple algérien. La crise identitaire n´a pas été une vue de l´esprit mais un fait réel qui a désorienté une jeunesse mal informée sur ses origines, orpheline de ce socle sur lequel s´appuyer, car l´Histoire nationale a été déformée, falsifiée, sinon instrumentalisée, pour des besoins de basse politique. Il fallait donner à cette jeunesse la fierté de son appartenance, lui donner de pouvoir se situer dans l´historicité universelle. Cela n´a pas été fait, parce que la question identitaire avait été évacuée à des fins politiciennes qui ont largement induit le malaise que vit le pays depuis plusieurs décennies. Le baâthisme a simplement privé les Algériens de leur «algérianité». Tout le drame vécu par l´Algérie est là: qui sommes-nous? se demandaient sans cesse ces millions de jeunes sans attaches ni repères historiques. Une nation se forge autour de ses «héros». Quels ont été les héros des Algériens? On leur a donné des «braves», venus d´ailleurs, dans lesquels cette jeunesse - au patriotisme, dit-on, tiède - ne se reconnaissait pas. C´est des années après l´Indépendance que les noms de Massinissa, Jugurtha, Ahmed Bey, Messali Hadj, Mohamed Boudiaf, entre autres, ont été prononcés du bout de lèvres, sur lesquels on ne retrouve aucune trace dans l´Histoire de la nation algérienne. Il fallait donc, une épopée footballistique et l´adversité de personnes s´estimant le nombril du monde, pour réveiller ce patriotisme, longtemps assoupi, dans les coeurs de notre jeunesse, qui a montré à la face d´une planète ébahie ce qu´était effectivement un Algérien, ce qu´il était capable de faire pour son Emblème et sa patrie. C´est une leçon de patriotisme que les jeunes filles et jeunes garçons, les femmes et les hommes d´Algérie nous ont donnée, que nous devons recevoir avec beaucoup d´humilité, parce que, quelque part, ce sont les errements de nos dirigeants, leurs erreurs d´appréciation quant au devenir de ce pays, qui ont déconnecté les Algériens de leur patrie, les poussant à chercher ailleurs ces racines qui leur manquaient tant pour pouvoir dire avec orgueil «Oui, je suis fier d´être Algérien». Ce que des millions d´Algériens, enveloppés dans des marées vertes, rouges et blanches, se sont époumonés à clamer à la face du monde. Un monde étonné qui n´a jamais rien vu de pareil. L´Emblème Vert et Blanc frappé du Croissant et de l´Etoile rouges a été le Symbole qui a uni les Algériens autour des «Guerriers du désert», nos Fennecs qui ont, de haute lutte, triomphé de tous les obstacles pour que l´Algérie soit présente en Afrique du Sud parmi les Grands.