Comme il y a 50 ans, l´Algérie reste toujours fidèle à ses engagements. Après avoir été, aussitôt son indépendance recouvrée, la capitale des mouvements de libération des peuples colonisés, la voilà, aujourd´hui, marquant de façon éclatante le cinquantenaire du processus de décolonisation. Si la date du 14 décembre 1960, jour où l´Assemblée générale de l´ONU a adopté la résolution 1514 consacrant le droit des peuples à l´autodétermination et à l´indépendance, a été choisie c´est, à n´en pas douter, en rapport avec ce premier instrument du droit international. On recense quelque seize pays encore sous domination coloniale. Un instrument qui, il faut le dire, ne «s´use que si l´on ne s´en sert pas». Le rappeler avec force à toute la communauté internationale est le premier des objectifs de cette rencontre. Il n´est pas le seul. C´est aussi le moment d´une évaluation, du bilan des indépendances. On doit à la vérité de dire que le «diagnostic» est inégal selon les pays et que, globalement, des efforts doivent être encore consentis pour consolider de manière irréversible l´indépendance des pays du «tiers-monde». De cette 3e force à l´époque des deux blocs. Des efforts qui, pour avoir plus de chances de donner leurs fruits, doivent impérativement être «mutualisés». Les nombreux défis auxquels les pays nouvellement indépendants ont dû faire face n´ont pas permis d´avancée notable dans l´émancipation pleine et entière de leurs peuples. Car la libération des territoires est loin de signifier forcément indépendance. Qu´elle soit politique, économique, sociale ou culturelle. Il y a 50 ans aussi que l´attention des dirigeants est portée sur le néocolonialisme. Il était clair que les empires coloniaux n´allaient pas desserrer facilement leur emprise. Mais qu´ont fait les pays de leur indépendance et pour desserrer l´étau? A leur décharge, il faut rappeler que l´état dans lequel les avait laissés l´occupant, ne permettait pas des prouesses. Sans infrastructures, sans éducation, sans administration fiable, il était clair qu´il ne pouvait y avoir de miracle pour les sauver. D´où leur recours à la coopération, généralement avec leur ancienne puissance coloniale. Une coopération grosse d´arrière-pensées dont les effets subsistent aujourd´hui. Une coopération faite plus pour délimiter des «chasses gardées» que pour aider les indépendances à se consolider. Des «chasses gardées» théâtre de perpétuels conflits sournoisement entretenus. On l´a vu dès les premières heures des indépendances avec les mercenaires du sinistre Bob Denard au Katanga ou encore la sécession du Biafra au Nigeria. 50 ans après, les conflits perdurent. Du Soudan à la Côte d´Ivoire en passant par le Zimbabwe et les tentatives au Sahel. Sans parler du génocide rwandais. La colonisation se pare aujourd´hui de «vertus» en répandant la corruption, la drogue, la spéculation pour perpétuer son pillage. Elle se pare de droits de l´homme pour priver des êtres humains du droit à la nourriture, à l´eau et aux soins. 50 après, la consolidation des indépendances est plus que jamais à l´ordre du jour. A Alger il est attendu l´éveil des consciences chez les peuples qui ont eu l´indépendance territoriale. Ou plus exactement qui ont vu le colonialisme faire semblant de se retirer. L´éveil des consciences pour ne pas perdre de vue que l´indépendance politique, économique et culturelle reste à accomplir. L´éveil des consciences pour une véritable émancipation. C´est l´esprit et le sens de ce cinquantenaire des indépendances célébré à Alger.