Le Code de la famille, objet de toutes les controverses, sera amendé dans moins de six mois. La ministre déléguée auprès du Chef du gouvernement chargée de la famille et de la condition féminine, Bouthaïna Cheriet, a annoncé le projet d'amendement du code de la famille. Cet amendement aura lieu dans moins de six mois, précise-t-elle, c'est-à-dire lors de la session parlementaire de printemps. Une commission d'experts sera bientôt formée pour donner une première mouture à ce projet d'amendement de la loi de 1984, indique-t-elle. Elle sera constituée de chercheurs dans les différents domaines pour éliminer les failles qui alimentent les polémiques. Elle juge que le code en vigueur a été adopté dans une conjoncture politique particulière, donc «politicienne», même si le débat qui l'avait précédé avait duré longtemps. La déclaration de Mme Cheriet a été annoncée vendredi à la télévision dans l'émission hebdomadaire «Ousbou Eldjazair». Elle s'est longuement expliquée sur les motivations du prochain amendement et mis l'accent sur la nature de la loi actuelle qui n'est pas conforme au code islamique comme cela est véhiculé dans les milieux intellectuels et médiatiques. Elle rappelle à ce titre certains aspects qui mettent la femme algérienne dans une condition dégradante. Elle souligne particulièrement les articles relatifs au divorce. Car il y a une injustice flagrante vis-à-vis de la femme et des enfants à sa charge qui se retrouvent dans la rue dès que le jugement est prononcé. La polygamie n'est qu'un leurre, explique-t-elle, en se référant au texte sacré qui met en évidence l'équité. Qui est en mesure de la garantir? En Algérie, les nouvelles générations n'y pensent même pas, rappelle-t-elle. Sans heurter de front ces mouvements, la ministre n'a pas manqué de leur signifier la fin de la récréation. Elle leur ôte l'argument qui leur a servi de cheval de bataille pendant des décennies. Cette fois-ci semble être la bonne, croit-on comprendre, puisque Mme Cheriet veut en finir avec ce débat stérile et inadapté à la situation. Les champions de la «démocratie» à l'emporte-pièce n'ont qu'à chercher d'autres thèmes pour meubler leurs discours. La ministre semble évoluer vers la position du pouvoir qui consiste à désarmer ses adversaires de leurs arguments. Ce fut le cas avec la réconciliation nationale, les élections plus ou moins propres, les dossiers de la privatisation des entreprises, la terre, la réforme de l'éducation, etc. Le nouveau pouvoir s'empare des grands dossiers qui suscitent les polémiques. Rappelons que Mme Cheriet a levé le voile sur son passé d'universitaire en rappelant qu'elle a préparé un doctorat en éducation comparée dans une université de Londres, la même qu'a dû fréquenter Abassi Madani dans les années 80.