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Le temple de “timechret”
La tradition est ancestrale en Kabylie
Publié dans Liberté le 04 - 11 - 2008

Ikhelouiène, c'est la fête au village. Ce faubourg au vaste territoire dans la commune d'Aït Aïssa Mimoune, à 10 km de Tizi Ouzou, perpétue depuis la nuit des temps la tradition séculaire de timechret. Le rituel consiste à sacrifier des bœufs pour fêter l'avènement des premières pluies annonçant l'ouverture de la saison agricole.
Cette année, le comité de village, restructuré récemment, a restitué à ce rite agraire son charme d'antan. Si de par le passé, timechret ou lewziâa se faisait par des emprunts particuliers qui seront remboursés au courant de l'année qui suit, cette année, par contre, tout le village a fait des dons, des dons en espèce qui ont atteint, en l'espace d'une assemblée générale, près de 140 millions de centimes. Un record. Ce qui a permis au comité non seulement d'acheter sept boeufs mais également d'offrir gratuitement des légumes (des cardes) pour tous les foyers. Au village, tout le monde s'est impliqué. Ce vendredi était un jour de tiwizi. Les sept bovins ont été sacrifiés en deux temps trois mouvements. On voit des jeunes manier avec dextérité et raffinement des lames enfoncées dans les quartiers de viande divisée en petits morceaux formant tisghar ou les quotes-parts par foyer. Des bénévoles se portaient volontiers sur les tâches à remplir. Les membres du comité de village sont au four et au moulin. L'organisation du travail était impeccable. Timechret, c'est aussi un moment de retrouvailles entre gens du même village. Leurs activités professionnelles font qu'ils ne peuvent pas se voir assez souvent aux cafés du village. C'est ainsi que des débats son réanimés, des anecdotes racontées avec des fous rires. Le tout dans une ambiance bon enfant. Si les membres du comité ont réussi à raffermir les liens de solidarité et à mobiliser tout le village à l'occasion, c'est qu'ils ont un solide argumentaire à faire valoir : une feuille de route centralisée sur l'intérêt du village. les tamens, ces porte-parole des quartiers, ont joué aussi leur rôle. Ils contribuent à tenir la comptabilité générale de cet événement festif réhabilité dans la mémoire collective. Désormais, timechret a consolidé les liens sociaux et raffermi la solidarité entre villageois. Cette même solidarité qui était au rendez-vous, la veille, lorsque le village était en deuil suite au décès de Saïd Smaïl, dit Saïd n'Amar N'Saïd, un paysan atypique du village. Et pour cause, dda Saïd était l'un des derniers paysans à avoir travaillé la terre avec des moyens traditionnels. Au moment où tout le monde abandonnait le travail de la terre, dda Saïd au visage ridé a persévéré dans la petite paysannerie. Avec ses mains calleuses, il avait dompté la terre pourtant ingrate de par sa rudesse au point de la rendre nourricière. Derrière tayuga, sa paire de bœufs, il avait rendu fertiles des lopins de terre accidentés que ni les tracteurs de la révolution agraire ni l'argent du PNDA n'ont pu atteindre. Aujourd'hui, dda Saïd est parti emportant avec lui un savoir-faire séculaire et les secrets d'un métier que personne n'exerce plus, un métier d'un monde révolu. Mais l'âme du dernier paysan qui avait aimé le goût de la terre trône désormais sur les hauteurs de Tala Abbadh. Serment est fait de ne pas l'oublier, c'est l'hommage du village à celui qui vient de finir dans les entrailles de la terre. Cette terre à laquelle il avait voué toute sa vie. Il est parti la veille de timechret, un rite intrinsèquement lié à la terre nourricière, joyeusement célébré par le village Ikhelouiène.
Yahia Arkat


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