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Six ans dans les cages de Guantanamo
Témoignage d'un détenu algérien libéré
Publié dans Liberté le 12 - 11 - 2008

Le cas de Maâmar Ameur a déjà fait, dit-il, l'objet de polémiques dans la presse people des Etats-Unis. Dans un article paru sur les colonnes de Miami Herald, la représentante des détenus au département de la Défense, Sandra Hodgkinson, avait déclaré que l'Algérie ne voulait pas des détenus de Guantanamo.
Après de longues années de détention à Guantanamo, les prisonniers algériens viennent de bénéficier de mesures de clémence américaines et commencent à arriver à Alger. Ainsi, l'on apprend que le sixième prisonnier libéré est enfin arrivé à Alger. Après les formalités administratives et judiciaires, ces prisonniers, qui ont retrouvé leur liberté, n'ont pas hésité à rompre le silence à leur retour au pays.
C'est le cas de Maâmar Ameur, âgé de 50 ans. Il a vécu six longues années dans les geôles de l'île américaine et en Afghanistan, et est arrivé le 8 octobre à Alger. Et ce n'est que la semaine dernière que ce sixième détenu libéré est arrivé dans son quartier natal, Maâmoura, dans la ville de Laghouat.
Maâmar Ameur, qui s'est confié à Liberté a d'emblée tenté de nous décrire le supplice des prisons américaines. “Coupés de tout contact avec l'environnement extérieur, rares sont ceux qui ont pu échapper à l'isolement sordide et inhumain, nombreux ont subi un fort préjudice moral. Les maladies, le diabète, l'hypertension artérielle, sont monnaie courante chez les détenus”, a-t-il témoigné.
Il fait partie des détenus qui ont bénéficié des récentes “mesures de clémence” prises par le département de la Défense US.
Ces transferts ont été annoncés, a-t-on appris, au lendemain de la décision d'un juge fédéral ordonnant que le gouvernement américain relâche aux Etats-Unis 17 Chinois Ouïgours détenus à Guantanamo depuis 2002. Rappelons qu'en 2004, le gouvernement américain avait admis que ces prisonniers ne constituaient pas un danger et devaient être renvoyés dans leur pays.
Le cas de Maâmar Ameur a déjà fait, dit-il, l'objet de polémiques dans la presse people du pays de l'Oncle Sam. Dans un article paru sur les colonnes de Miami Herald où la représentante des détenus au Département de la défense, Sandra Hodgkinson, avait déclaré que l'Algérie ne voulait pas des détenus de Guantanamo, une fois libérés.
Alors qu'au début du mois de mars 2008, Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, avait confié à la presse que “si les Algériens de Guantanamo voulaient rentrer au pays, ils seront les bienvenus”.
Le garde des Sceaux avait d'ailleurs indiqué que ceux qui font l'objet de poursuites judiciaires en Algérie seront jugés selon le code pénal “et ceux qui ne sont pas poursuivis par la justice algérienne retourneront auprès de leur famille”.
C'est donc ce qui s'est passé pour Maâmar Ameur, résidant à Peshawar, au Pakistan, depuis 1990 et qui est membre d'une association humanitaire chargée de la reconstruction, agréée par le gouvernement pakistanais et enregistrée auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Ameur a été arrêté le 8 juillet 2002 à Peshawar au moment où il travaillait depuis 1990 pour une ONG agréée par le gouvernement pakistanais.
Le frère d'Ameur avait reçu un message électronique de Me Ramzi Kassem inscrit à un barreau américain. “Ameur Maâmar ne se trouvait pas au bon endroit, ni au bon moment ce jour-là”, selon l'avocat.
Ameur raconte les circonstances de son arrestation : “Les services secrets pakistanais étaient à la recherche d'un terroriste soudanais qui habitait dans le même immeuble que moi. J'étais suspecté d'avoir été son complice, alors ils m'ont immédiatement arrêté et détenu à la prison de Peshawar durant 2 jours avant de me voir transférer vers la sinistre prison de Baghram en Afghanistan où les conditions de détention étaient abominables, des plus inhumaines.” Car, selon notre interlocuteur, “il n'y avait aucune supervision du comportement des gardiens de prison”.
L'ex-détenu poursuit pour décrire les supplices qu'il a subis : “De la torture physique à la pression psychologique, tout était permis. Ce supplice aura duré une année. Ensuite, en compagnie de mes codétenus d'origine algérienne, qui étaient au nombre de 26, environ 10% de l'ensemble des détenus, j'ai été transféré à Guantanamo. Un certain soulagement aurait été ressenti par les détenus en arrivant sur les lieux. Il faudra préciser que nous étions placés au départ dans des cages avant notre réinstallation dans des cellules.”
“D'investigation en investigation, en passant par plusieurs audiences au tribunal militaire, et malgré les multiples interventions de collectifs d'avocats américains agissant dans un cadre humanitaire et celles du Haut-Commissariat aux réfugiés afin que toute la lumière soit faite sur mon affaire, les choses n'évoluaient pas.”
Son frère l'interrompt et indique, s'appuyant sur des messages de l'avocat de Ameur, qu'“aucune preuve d'adhésion à un groupe ou d'activité terroriste n'a été retenue à l'encontre de Ameur”.
L'ex-prisonnier de Guantanamo marque une halte avant de poursuivre le récit pour décrire d'incarcération : “Durant les années de détention, la peur et l'incertitude régnaient dans les cellules, la pression psychologique pratiquée par des agents américains était telle qu'ils nous déconseillaient de retourner dans notre pays d'origine, en nous faisant croire que nous risquerions de subir de nouveau le calvaire. Une avocate américaine nous a même déclaré qu'à notre retour dans nos pays d'origine, nous allions être encore emprisonnés durant 7 ans.”
Après tout ce qu'a subi Maâmar Ameur, celui-ci ne trouve pas la force pour l'instant de demander un dédommagement “légitime” selon lui, de la part des autorités américaines, eu égard à son innocence.
Néanmoins, sa situation demeure désespérée. La cinquantaine entamée, sans aucune ressource, quatre enfants à charge, Maâmar vit dans une seule pièce et aucune possibilité d'emploi. Visiblement abattu, il n'hésite pas à lancer un appel de détresse en direction des pouvoirs publics afin qu'il puisse être pris en charge socialement dans le cadre de la réconciliation nationale, et souhaite qu'une telle prise en charge soit aussi assurée pour la vingtaine d'Algériens encore détenus à Guantanamo, une fois rentrés au pays. Parmi ceux qui sont encore à Guantanamo, Ameur cite Mohamed Nechla arrêté en Bosnie et transféré au camp Delta à Guantanamo et contre qui, selon le père, “aucune charge n'a été retenue”. Celui-ci caresse toujours l'espoir de revoir son fils dans les prochains jours.
Signalons, enfin, que, toujours selon notre interlocuteur, tous les détenus algériens ne faisaient pas partie d'Al-Qaïda.
Rachid KADA


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