Ali Salem Tamek, le célèbre militant sahraoui des territoires occupés du Sahara occidental et membre du Codesa, revient sur les derniers développements au Sahara occidental. Liberté : Lors de la conférence internationale de Valence, vous avez dressé un bilan fort inquiétant sur la situation des droits humains dans les territoires occupés ? Ali Tamek : La situation est très grave dans le domaine des droits de l'homme. Elle est le résultat de la répression féroce de l'occupation marocaine envers les civils sahraouis. La liste des atteintes est longue ; elle comprend les enlèvements, la pratique courante de la torture, les viols, l'interdiction de s'organiser, les procès expéditifs et iniques, les déplacements arbitraires et la limitation de mouvement des militants sahraouis... Par ailleurs, les détenus politiques sahraouis vivent une situation très difficile dans les prisons d'El-Ayoun, d'Inzegane, de Taroudant, de Tiznit, de Marrakech et dans d'autres pénitenciers. La répression est montée d'un cran, après le déclenchement de l'Intifadha, en mai 2005, et après l'échec de la proposition d'autonomie du Maroc. Que vous inspire le fameux plan d'autonomie du Maroc ? La proposition de plan d'autonomie est unilatérale. C'est une décision qui veut s'imposer à la place du choix souverain du peuple sahraoui. Comme vous le savez, le Sahara occidental est un territoire non autonome qui attend toujours d'être décolonisé. C'est un territoire dont le peuple, c'est-à-dire le peuple sahraoui, attend toujours un référendum pour exercer son droit à l'autodétermination. Or, le Maroc a beaucoup compté sur certaines forces et certains pays dans le monde, tels que la France et les Etats-Unis, pour faire passer sa proposition d'autonomie. Mais ses calculs se sont avérés faux. Mme Rice, la ministre américaine des Affaires étrangères, n'a pas du tout parlé de la proposition marocaine, en septembre dernier, lors de sa visite dans la région. Ce qui explique, d'une certaine manière, pourquoi le Maroc a redoublé de tant de férocité, en lançant à nouveau une campagne de répression en direction des Sahraouis. Un commentaire sur les derniers développements ? Le Maroc est actuellement dans une phase de déception. D'ailleurs, il ne s'est pas encore prononcé sur l'Américain Christopher Ross qui a été nommé dernièrement au poste d'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental. Le Maroc continue d'attaquer l'Algérie, avec l'arrière-pensée de brouiller les cartes. Ce pays maintient en outre son intransigeance vis-à-vis de la question sahraouie. Avec un tel comportement, le Maroc est toujours dans la logique expansionniste et encourage l'instabilité dans la région du Maghreb. Est-il vrai que les autorités marocaines vous refusent l'accès à l'université ? Il m'est interdit d'étudier le droit général dans l'université marocaine, en raison de mes responsabilités politiques et de mes positions en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. L'an dernier, on m'a interdit d'étudier à l'université Hassan II de Mohammedia et, cette année, le même refus m'a été signifié à l'université d'Ibnou Zohr d'Agadir. H. A.