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Quand le football réveille l'identité algérienne
Après les manifestations de fierté et de joie pour l'équipe nationale
Publié dans Liberté le 23 - 06 - 2009

L'identité algérienne peut-elle se reconstruire à travers le football ? L'affirmation peut paraître provocatrice et anticonstitutionnelle car les attributs d'une nation ne sont pas dans un ballon en cuir. Et pourtant, l'EN est en train de prouver, à son corps défendant, que c'est possible.
Si l'on devait être rabat-joie, la victoire contre la Zambie ne vaut que trois points et ne nous mène pas encore au Mondial. Si l'on veut être acide, on dira qu'on n'a pas battu le Brésil en finale de Coupe du monde pour faire sortir des millions d'Algériens dans les rues dans un exutoire indescriptible. Ce qu'on a réalisé comme exploit sportif (victoire à l'extérieur sur un terrain africain), les anciens de l'équipe de 1982 l'avaient fait à chaque sortie sur les pelouses sèches de l'Afrique noire, sans qu'il y ait pour autant d'effusion de joie. Qu'est-ce qui a changé alors pour que l'EN soit devenue le catalyseur des espoirs de toute une nation ?
Lors de la glorieuse équipe nationale de l'ALN, la bande à Rachid Makhloufi avait fait du nationalisme algérien un prélude au combat pour l'Indépendance. Le football d'avant-1962 était un football de décolonisation, d'affirmation de son identité vis-à-vis du monde et de preuve de l'existence d'une nation algérienne, barrée des Nations unies mais réelle sur les terrains de football. L'équipe du FLN étant devenue le symbole le plus visible et retentissant de ce que les Algériens étaient capables de faire et de dire aux autres. Une affirmation de la différence d'une communauté qui voulait s'affranchir de la tutelle coloniale. Sur ce plan, l'équipe du FLN a rempli son contrat et a su fédérer les Algériens derrière une véritable idée du nationalisme. Au-delà de l'EN de l'époque, ce sont tous les clubs de football algériens qui étaient des écoles d'apprentissage au nationalisme radical. Avec l'avènement des couleurs des maillots qui étaient les signes avant-coureurs de l'emblème national et que l'administration coloniale pourchassait.
50 ans après, les Algériens descendent dans la rue dans une démonstration de force patriotique où l'on a constaté, bêtement interloqué, que des Algériens brandissent leur emblème national. Un acte en somme banal mais qui, avec la liquéfaction de l'idée de la nation et l'identité algériennes, notamment chez les jeunes, est trop notable pour passer inaperçu.
L'EN face au régionalisme des clubs
S'opposent à nous deux théories quant aux manifestations de joie des Algériens qui sont complètement antagonistes. L'EN est-elle l'expression ultime de la “balkanisation” de l'identité algérienne ou est-ce la reconstruction nationale de cette identité unitaire qui est en marche ? La question est assez grave pour être éludée.
Le football comme en ex-Yougoslavie peut être vecteur de différences si exacerbées qu'il peut prévenir d'une situation de dislocation de la nation. Les derbys, selon les régions et les clubs, comme en Espagne entre Catalans et Castillans, ou entre clubs croates et serbes, nous renseignent que le football peut être un accélérateur de haine, de tribalisme et de sectarisme. Le football algérien était à la lisière de ces contradictions régionales ces dernières années puisque certains préconisaient des championnats par région (Est-Ouest-Centre), alors que d'autres faisaient jouer le clanisme politique pour bien figurer dans un championnat.
Il en a été ainsi lorsqu'on considère que deux clubs de l'Ouest ne peuvent descendre en même temps en division inférieure (MCO et WAT en 2008) ou encore convaincre les Chaouia qu'un seul club de Batna suffit en division une. Ou que des villes comme Constantine, qui possède deux clubs phare (MOC et CSC), ne sont pas éligibles à l'étage supérieur. L'affrontement footballistique, qui avance son cortège de bastonnades et de violences à la sortie des stades (on pense aux incidents de Skikda, Sidi Bel-Abbès, Chlef ou Batna), peut susciter la division d'un pays. Le problème est loin d'être léger car les frustrations inhérentes à l'appartenance locale peuvent se substituer à l'idée nationale. Il en a été ainsi des anti-centralistes berbéristes qui voulaient s'approprier le symbole de la JSK comme les Basques l'ont fait depuis 40 ans avec l'Athletico Bilbao.
Harragas, binationalité et terrorisme
Tous ces indices sont des éléments à méditer dans le cadre de cette “balkanisation” par le football. Si l'on rajoute d'autres facteurs extérieurs, comme le phénomène de la harga, expression physique du délit de fuite face à son identité, ou encore les naturalisations en masse des Algériens qui n'hésitent pas à creuser leur arbre généalogique pour trouver un ancêtre ayant servi la France coloniale, ou pis encore, le refus de certains élèves de lever les couleurs nationales dans les cours d'école, le football est devenu le reflet de ces antagonismes internes. Que dire donc du travail de sape psychologique et physique du terrorisme islamiste contre l'Algérie et ses symboles, contre ses moudjahidine, soldats et intellectuels qui visait à pervertir et nous faire douter sur l'idée même de notre volonté d'appartenance et donc de résistance ! Et il est paradoxal, dans le cas de cette équipe nationale version 2009, que la réussite vienne de joueurs qui, eux-mêmes, n'assimilent pas très bien l'idée de la nation. Pour preuve, beaucoup de joueurs expatriés ont été “démarchés” pour venir défendre le maillot national au lieu que cela soit un acte spontané. N'est pas Rachid Makhloufi ou Didier Drogba qui veut !
Le réveil nationaliste
Le versant positif de cette réussite sportive est que le succès de l'EN peut être le début d'une reconstruction de l'unité nationale. Bouteflika pourrait dire : “Et moi ?” Il est évident que le président algérien ne disait pas l'inverse depuis plus de 10 ans sur la nécessité de nous reconstruire notre identité, mais le message avait du mal à passer. Face à la défiance de l'écriture de l'histoire algérienne, de la fracture des générations, du refus de l'acceptation des attributs de la nation. Si l'on y ajoute l'influence culturelle de l'Occident qui prône la mondialisation, et de l'Orient qui prône un islamisme de l'oumma plus fort que le particularisme local, le football n'échappe pas à la régression identitaire.
Il ne s'agit pas là du retour aux démons du nationalisme, mais de reconquête d'une identité longuement escamotée par tous ces paramètres. La joie des Algériens peut être les prémices salvatrices d'une valorisation de notre identité nationale face aux autres. Affirmer que l'Algérie est de retour au-devant de la scène internationale, fut-elle uniquement sportive, ce que ne cessent de répéter les diplomates depuis des lustres sans la démonstration qui va avec. Pour des nations comme l'Algérie, la renaissance de son football national, celui de l'équipe nationale, unificateur et souverainiste, face au football des clubs, chauvin et régressif, peut être le début d'une nouvelle histoire d'amour avec notre “algérianité”. Pour ce faire, cette idée nationale doit être décontaminée de toute réappropriation par le religieux. On a gagné non pas parce que les prières du commentateur de l'Unique, de Saâdane, de Raouraoua ou de Saïfi ont été entendues, mais parce que chacun, Etat, instances fédérales, staff technique et joueurs se sont investis dans l'idée même de reconstruire un patrimoine de l'Algérie qu'est notre équipe nationale. Car, dans un passé récent, en plein cœur du terrorisme, les Algériens étaient sortis avec le drapeau pour manifester leur joie lors de l'élection présidentielle de 1995, qui a été le début de la fin du terrorisme et que les islamistes taxaient ces Algériens joyeux d'agents du pouvoir dans des véhicules banalisés. Ce samedi, on a vu des millions d'Algériens sortir crier leur fierté d'être ce qu'ils sont, dans une Algérie pourtant sans loisirs alors qu'on venait d'enterrer 28 de ses braves soldats. Une sorte d'appel de la vie. Le football étant le ciment de cette nation, au plus tard jusqu'à juillet 2010 quand s'achèvera la Coupe du monde en Afrique du Sud où l'on serait allé. Après, il faudra trouver autre chose. Comme avertissait l'ancien président américain Gerald Ford : “Un succès sportif peut servir une nation autant qu'une victoire militaire.”
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