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La sœur d'Ali la Pointe dévoile “ses” vérités
Près de 52 ans après l'assassinat du héros de “la Bataille d'Alger”
Publié dans Liberté le 23 - 08 - 2009

El-hadja Aïcha a tenu à “libérer sa conscience” en dévoilant des pans de la vie du héros de La Bataille d'Alger. De sa tendre enfance à son assassinat, en passant par sa rébellion à coups de larcins contre les Américains, elle dira tout. Ou presque. Témoignages.
D'emblée elle s'est voulue claire et sans ambiguïté. “Je ne veux rien d'autre que faire éclater la vérité et éclaircir les zones d'ombre qui existent depuis plus d'un demi-siècle.” Elle c'est Aït Amer Aïcha, 80 ans, et sœur de lait d'Ali la Pointe. Nous l'avons rencontrée sur les hauteurs d'Alger, non loin de son domicile actuel qui se trouve du côté de Bouzaréah. “Son père est le frère de ma mère. Nous étions très liés Ali et moi et j'ai suivi sa vie de très près jusqu'à son assassinat par les Français.” Une année sépare el-hadja et Ali (elle est née en 1929 et lui en 1930). “Je n'ai rien voulu dire jusqu'à maintenant parce que j'ai toujours eu peur d'être manipulée ou que l'on déforme mes propos. Je ne peux plus me taire ; je suis arrivée à un âge avancé et je veux dire à tous les Algériens des vérités qu'on a omis, volontairement, de dire sur Ali, mon frère.”
“Moudjahid dès 1944 et il n'a jamais été un truand”
Sur son image de “petit malfrat multirécidiviste” d'avant la guerre de Libération, el- hadja nous répétait à plusieurs reprises que son frère “n'a jamais été un bandit ou un truand, comme beaucoup l'ont dit depuis des années et des années”. Même le film La Bataille d'Alger “est à moitié faux. Ali a combattu pour la libération bien avant le début de la Révolution”. Elle nous relatera ses “débuts” dans sa ville natale, Miliana (à 119 km au sud-ouest d'Alger). “Le point de départ de son combat c'était en pleine Seconde Guerre mondiale, alors qu'il n'avait que 14 ans. Il faisait ses coups en prenant des armes aux convois américains qui passaient à Miliana. Une fois les Américains l'ont poursuivi, lui et trois autres copains qu'ils n'ont pas hésité à tuer. Ali, a dû ainsi s'enfuir et les Américains sont rentrés à la maison avec leurs mitraillettes et nous ont fait beaucoup peur. Recherché, Ali se faisait de plus en plus rare.” Un “état d'éveil” qu'el-hadja explique par un fait qui aurait transformé la vie du jeune Ali. “Le grand-père à son père s'appelait Abdelkader Ammar. Il a été déporté par la France à l'île de Cayenne où il est enterré. Il faut savoir que les Français n'ont pu entrer à Miliana qu'après 15 ans de l'envahissement du pays. Ali voulait tout savoir sur ce qui s'était passé pour son grand-père et il demandait, chaque nuit, à ma mère de lui raconter les aventures de ce combattant et ce qu'il avait fait contre les Français lorsqu'ils sont venus dans la ville.” Toujours à propos de l'enfance du héros de La Bataille d'Alger elle dira qu'“il avait la haine des colons très jeune. Quand il était à l'école, il ne ratait aucune occasion d'en découdre avec les enfants des colons et c'est la raison pour laquelle il a été exclu de l'école.” Selon Nana Aïcha, c'est grâce à la bravoure et au courage qu'il avait montrés avec les Américains que les nationalistes l'ont recruté.
“Il ne s'était pas marié”
Le premier point qu'elle a voulu “rectifier” touche à la vie privée d'Ali la Pointe. “Avant tout, je tiens à dire et à crier même que Ali ne s'était jamais marié. Tout a été fait après l'Indépendance dans des conditions très bizarres et à l'insu de toute la famille. Du jour au lendemain, on a entendu parler d'une Fatiha, de chouhoud (témoins, ndlr).” Pour elle, la meilleure preuve, en plus de celle des témoignages des autres membres de leur famille, reste une certaine “Fatiha”, chez qui il se cachait dans La Casbah. “Elle-même m'avait dit que Ali ne pouvait pas être marié sans qu'elle ne le sache et elle m'a répété qu'elle était prête à le dire à qui voulait le savoir. D'ailleurs elle est encore vivante pour confirmer mes dires”.
“Chacun sera jugé sur ce qu'il a fait”
Revenant sur les conditions dans lesquelles a été assassiné Ali la Pointe, elle nous donnera des détails qu'elle affirme “très sûres et qu'aucune personne sensée et honnête ne peut les nier”. L'histoire nous “dit” que les paras ont fait exploser le 8 octobre 1957 la cachette dans laquelle se trouvaient, en plus d'Ali la Pointe, Hassiba Ben Bouali, Yacef Omar (appelé petit Omar et qui était le neveu de Yacef Saâdi) et de Mahmoud Bouhamidi. Le quatuor était à la fameuse adresse du 5, rue des Abderames, dans La Casbah. “Ce n'était que la seconde cachette d'Ali et les autres membres de son groupe”, indique el-hadja en soulignant que “tout avait changé avec l'arrestation de Yacef Saâdi. Fatiha, qui hébergeait Ali et les autres, m'a tout raconté. Une femme, dont j'ai oublié le nom, est venue voir Ali et l'informer que Yacef Saâdi a été arrêté. Ali lui avait alors répondu qu'il n'avait pas à craindre d'une quelconque trahison et qu'il faisait une confiance aveugle à Saâdi. Tout ce qu'il a décidé sur le coup, c'était de changer de lieu et de rejoindre l'autre cache du groupe”. Comme relaté après par Yacef Saâdi lui-même, ce dernier a été arrêté lors de la prise d'assaut des parachutistes du 3, rue Caton à La Casbah. Il s'est avéré, d'ailleurs, que la première cache d'Ali la Pointe et de Hassiba Ben Bouali se trouvait juste en face, au 4, rue Caton. Néanmoins, nous avons remarqué qu'el-hadja s'était montrée subitement mal à l'aise dès qu'on lui a demandé si elle pensait qu'Ali la Pointe avait été trahi. Elle s'était contentée. “Je ne suis sûr de rien mais tout ce que je peux vous dire c'est que chacun va assumer et que sera jugé sur ce qu'il a fait.”
“Son frère est abandonné à Miliana”
Tout au long de notre entretien avec el- hadja Aïcha, elle ne cessait de revenir sur le cas du jeune frère d'Ali, Mohamed. “Il est totalement abandonné à Miliana et personne ne se penche sur son cas. Pourtant il est très malade”. Elle nous parlera aussi d'autres membres de la famille “a qui il faut rendre hommage”. Elle évoquera ainsi le cas de la sœur du héros de La Bataille d'Alger, Yamina. “Elle est morte il y a quatre ans dans le plus grand anonymat. Déjà lors de la Révolution, elle a été emprisonnée par les Français parce qu'elle ne voulait rien dire sur son frère”. Elle citera également le cas du cousin, Omar Ammar, “qui a été noyé par les Français dans une piscine alors qu'il n'avait que 18 ans”.
Nous n'avons pas pu nous empêcher de noter qu'elle a tout fait avec nous pour éviter de se prononcer, ou d'évoquer même à demi-mot, le “statut” de proxénète d'Ali la Pointe qui avait défrayé l'actualité en 2000 après les déclarations tapageuses du journaliste tunisien Tewfik Ben Brick.
Avant de nous quitter el-hadja Aïcha nous a encore rappelé le “but” de son témoignage. “Je n'aspire qu'à libérer ma conscience et rien d'autre” avant de lâcher, après un long soupir, une phrase valant mille discours. “La vérité n'est pas ailleurs, mais juste en face de nous ; c'est comme si personne ne veut la connaître.”
Bataille d'Alger
Evoquer Ali la Pointe, c'est avoir à l'esprit les images du film devenu mythique qu'est “La Bataille d'Alger” et qu'el-hadja Aïcha nous présenta comme une œuvre “qui n'a montré que la moitié de la vérité”. Réalisé par Gillo Pontecorvo en 1965 (et coproduit par Yacef Saâdi), il a eu un parcours des plus atypiques. Si la référence essentielle reste ses distinctions (Lion d'Or à Venise en 1966, primé à Cannes en 1966, à Moscou en 1967 et nominé aux Oscars pour la catégorie “Meilleur film étranger”, il y a également une “autre” facette. En France, il a été interdit par la censure lors de sa sortie en 1965. Il n'a obtenu son visa d'exploitation qu'en 1970 avant d'être retiré de l'affiche après les agressions contre les salles où il était programmé.
Tatouages
Recherché dans les années 1950, Ali la Pointe était présenté sur les affiches avec des indications qui, vraisemblablement, beaucoup n'ont pas attaché d'importance. Il s'agit des tatouages qu'il avait sur le corps. On pouvait ainsi lire que pour le “reconnaître” Ali la Pointe avait les tatouages suivants. Sur la main gauche, il y serait inscrit : “Zoubida-Cheda-Felah” ; sur le téton gauche : “Marche ou crève” et sur le dessous de son pied droit : “Tais-toi”.
S. K.


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