Reste à savoir si l'injection d'investissements massifs publics constitue la meilleure approche Au moment où les pays du monde entier resserrent la ceinture et coupent dans leur budget pour faire face à la crise économique, chez nous d'immenses enveloppes budgétaires sont destinées aux grands projets de l'Etat. Le pays s'est transformé en un immense chantier et l'Etat devra réceptionner dans les prochaines années ces importantes infrastructures économiques lancées comme l'autoroute Est-Ouest, autoroute des Hauts-Plateaux, doublement de voie ferrée Est-Ouest, infrastructure portuaire. L'Etat a mis en place deux plans de relance et d'appui à la croissance 2002-2004 et 2005-2009, dont le dernier est doté d'une enveloppe financière globale dépassant les 180 milliards de dollars pour le soutien à la relance économique, la poursuite du développement des infrastructures et la satisfaction des besoins sociaux. Le programme de développement 2005-2009, incluant le programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) et des programmes spéciaux de développement du Grand-Sud et des Hauts-Plateaux, a été lancé. L'investissement dans les programmes spéciaux de développement du Grand-Sud et des Hauts-Plateaux a pour objectif de permettre un redéploiement des populations vers les grands espaces peu occupés, afin de réduire la pression sur la zone littorale et les grandes métropoles. Le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat) a comme stratégie de planification du développement de ces territoires grâce à deux programmes ciblant la densification du Grand-Sud (8 milliards de dollars) et les Hauts-Plateaux (10 milliards de dollars). Le Snat projette l'image prévisionnelle de l'Algérie à l'horizon 2025. Il définit les conditions d'occupation du territoire et établit les bases de la répartition des activités et du peuplement. Le schéma propose aussi le renforcement du réseau routier existant, la réalisation d'une rocade autoroutière des Hauts-Plateaux et l'achèvement de la Transsaharienne. Ce document a constitué un élément déterminant dans l'élaboration du programme quinquennal de soutien à la croissance (2005-2009) pour un investissement total de près de 180 milliards de dollars. Le programme national de soutien à la croissance économique (PSCE) a consacré près de la moitié de l'enveloppe financière (45,4%) à “l'amélioration des conditions de vie de la population”. Il s'agit, notamment, du logement, de l'université, de l'éducation nationale, de l'alimentation en eau potable. Le secteur du logement se verra attribuer la plus grosse part à savoir 555 milliards de dinars. (voir tableau). Suivi par l'éducation et l'université avec les montants respectifs 200 et 141 milliards de dinars. D'importants financements sont également prévus dans les programmes de développement des régions du Sud, des Hauts-Plateaux et des communes. Ces projets bénéficient respectivement de 100, 150 et 200 milliards de dinars. 700 milliards de dinars sont le montant affecté au secteur des transports, le métro d'Alger devra avoir ses équipements et éventuellement une future extension. Pour le chemin de fer, les travaux consisteront en la modernisation de la rocade ferroviaire nord Annaba-Alger-Oran-frontière marocaine et la réalisation d'autres nouvelles lignes ferroviaires. Pour le secteur des travaux publics, les 600 milliards de dinars qui leur sont affectés dans le cadre du PSCE devront permettre notamment la réalisation du grand projet de l'autoroute Est-Ouest avec ses 1 200 km et la réhabilitation et le développement de 6 000 km de réseau routier. Le secteur d'hydraulique, quant à lui, bénéficie d'une enveloppe de 393 milliards de dinars, elle sera consacrée à la réalisation de 8 barrages, 9 stations d'épuration, 350 retenues collinaires. Par ailleurs, 337,2 milliards de DA seront affectés à des programmes de soutien au développement économique tel que le secteur de l'agriculture qui continuera à bénéficier d'importantes subventions estimées à 300 milliards de DA. Le service public aura 203,9 milliards de dinars dont 34 milliards pour la justice (au programme : 14 cours de justice, 34 tribunaux, 51 établissements pénitentiaires, 5 centres d'archives et un centre de recherche en criminologie). Ce sont là et globalement les programmes sur lesquels le gouvernement s'est fixé pour 2009. D'après des statistiques l'achèvement des 1 700 projets en cours, au titre du programme quinquennal 2005-2009 auquel l'Etat a consacré quelque 2 000 milliards de dinars, sera l'une des priorités de l'Exécutif. Avec la réalisation de ces nombreux projets, les pouvoirs publics espèrent doter le pays des conditions favorables à une sortie du sous-développement et attirer des investissements nationaux et extérieurs. Reste à savoir si cet effort gigantesque est la meilleure approche pour faire émerger le pays comme un acteur économique régional majeur et répondre aux préoccupations fondamentales de notre société et la création de la vraie richesse, indépendamment des hydrocarbures. L'avenir nous le dira.