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Des chercheurs en quête de compréhension
Ils évoquent une approche sociologique pour apporter des solutions
Publié dans Liberté le 21 - 03 - 2010

Quatre parmi les six conférenciers sont venus de France sur invitation de la revue Naqd. Tous ont participé au numéro 26/27 de la revue. Que ce soit Salim Chena, Hocine Zeghbib, Gérard Prévost ou Aïssa Kadri, chacun a pris un angle représentatif de sa contribution. Liberté les a rencontrés en marge de la table-ronde.
Salim Chena, doctorant de l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux
Ce que n'est pas el-harga
“Le premier problème lorsqu'on travaille sur ces questions est de se démarquer des représentations dominantes trompeuses dans lesquelles dominent la loi, la morale et la victimisation. Par exemple, sur les harragas algériens, on lit beaucoup qu'ils recherchent un eldorado, cette fameuse cité d'or qui faisait rêvait les conquistadors. Si c'était le cas, ils ne seraient rien d'autres que des aliénés au sens de Marx, c'est-à-dire des personnes qui ont perdu toute forme d'action et de réflexion autonome au profit d'une puissance extérieure mystérieuse à laquelle il confierait leur existence.
Ce qui n'est pas vrai. Ou encore, pour certains, il serait des criminels en prenant la mer ou parce qu'ils fuiraient la justice algérienne ; mais il faut se rappeler que ce sont les lois qui font les criminels, et qu'avant 2009, el-harga n'était pas un crime. Autre exemple : ils seraient des fous irresponsables ou des suicidaires fonçant tête baissée dans une aventure à l'issue connue d'avance. autrement dit, ils ne sauraient pas ce qu'ils font, ne réfléchiraient à rien et agiraient de façon mécanique comme des robots inconscients. Personnellement, je pense que c'est exactement le contraire. Ce sont des êtres humains qui ont fait un choix, pris une décision, en connaissance de cause ; ce sur quoi je préfère m'interroger concerne plus le contexte de cette prise de décision que de tomber dans la moralisation.”
Pourquoi Edward Saïd et Merleau-Ponty ?
“L'idée est de reprendre la définition de l'exil que donne Edward Saïd et d'en rechercher les points communs dans le discours des harragas d'aujourd'hui pour revenir au niveau de leur existence humaine. Par exemple, Saïd explique que l'exil repose sur la discontinuité entre l'individu et son groupe d'origine, ou si vous voulez sur la perte du pays natal, pas sur la perte de l'amour pour le pays natal ; ainsi, dire que les harragas n'aiment pas leur pays ou sont de mauvais patriotes est encore une erreur qui relève de tous ces discours idéologiques et politiques que j'évoquais. L'exilé n'a plus la force de supporter cet amour pour sa terre, il y a alors une rupture symbolique et intime avec l'aisance du chez-soi, et l'on devient un étranger dans son propre pays, ce que j'appelle l'exil à domicile. Et ce n'est que par une réduction à cet exil premier, avant le franchissement des frontières, que l'on peut retrouver les racines du phénomène el-harga, littéralement en faisant une phénoménologie de l'exil.”
Hocine Zeghbib, maître de conférences en droit public à l'université Paul-Valéry Montpellier III
Réflexes sécuritaires
“L'Algérie (…) a fini par adopter, le 25 juin 2008, une telle législation dont la sévérité s'explique par le contexte géopolitique de son édiction et par le recours aux réflexes sécuritaires qu'inspire toujours et partout la présence de l'étranger sur le territoire de l'Etat national.”
La répression comme solution
“Sur les 52 articles que compte la loi de 2008, 13 forment le chapitre huit consacré aux dispositions pénales. Les sanctions prévues dans ce chapitre consistent, dans la majorité des cas, en des peines privatives de liberté assorties d'amendes. Elles concernent la fraude au séjour, la fraude au mariage et le travail irrégulier.”
Une liberté contrôlée
“(…) Le contrôle strict de la liberté d'aller et venir, dont la monopolisation au profit de l'Etat, prend de plus en plus d'ampleur, génère une catégorie particulière condamnée par la morale publique et par la loi, celle des harragas.”
La stigmatisation de l'étranger
“Composée de 9 chapitres en comptant les dispositions finales, cette loi, essentiellement motivée par des considérations d'ordre sécuritaire (…), encadre l'entrée et le séjour des étrangers dont elle définit les conditions d'accès au territoire ainsi que les conditions de résidence et de circulation. Dans un deuxième temps, cette loi vise à encadrer l'éloignement des étrangers du territoire dont elle organise les procédures et modalités de mise en œuvre et qu'elle assortit d'un arsenal de dispositions pénales.”
Aveu de faiblesse
“La force du législateur réside dans sa capacité à encadrer une telle liberté fondamentale sans la réduire à une peau de chagrin. Or, préférer comme il le fait dans la loi du 25 juin 2008 le versant des obligations à celui des droits n'a jamais constitué une preuve de force, mais un aveu de faiblesse.”
La migration de transit
“Historiquement, la situation de l'Algérie en tant que pays d'émigration a conduit au ministère des Affaires étrangères la gestion de toutes les questions en découlant. La culture développée au fil du temps s'est cristallisée dans un sentiment de devoir de protection envers les migrants nationaux. Or, la migration de transit, corrélée à la lutte contre le terrorisme, introduit, dans le dossier de la migration, d'autres acteurs institutionnels nourris d'une culture plutôt sécuritaire.”
Gérard Prévost, maître de conférences à Paris VIII
Déplacements
“De la campagne aux villes, le basculement est démographique et le renouvellement urbain s'effectue aussi par déplacement de populations, la mobilité spatiale, qu'on la considère comme un effet de la migration au sens habituel du terme ou comme celui induit par les nouvelles qualifications professionnelles, se retrouve donc moins par son mouvement que pour ses effets d'attraction locale”.
Intégration
“Dans les Etats nationaux européens, ‘l‘intégration' s'est adressée aux populations ‘migrantes' non nationales après avoir été, pour cause d'unification nationale, une injonction destinée aux peuples des différents fiefs – comtés, duchés et archevêchés – insérés dans une construction d'Etat d'abord royal.”
Immigration et émigration
“Si l'on fait de la France un pays d'immigration, c'est par reconnaissance rétrospective des processus qui ont conduit à l'émergence d'un Etat national devenu social. Les ‘étrangers qui ont fait la France' s'y trouvent rétablis, non sans condescendance souvent. Dans cet ordre d'idées, tous les pays ayant une conscience nationale ou/et étatique ont été, soit d'immigration, soit d'émigration ; l'émigration peut être de peuplement comme pour l'édification des Etats-Unis d'Amérique, quant aux ‘Français de statut musulman' des départements algériens, ils ne seront des immigrés en France – et des émigrés d'Algérie — qu'après la création d'un Etat national en Algérie.”
Facteur d'analyse
“Les harragas sont des facteurs d'analyse de la solidarité dans les sociétés complexes.”
Recomposition
“La société se recompose dans les métropoles urbaines (…) elle tente à reconstituer dans un espace plus concentré les anciennes hiérarchies.”
Filiation
“On ne migre plus par filiation de liens coloniaux.”
Notion idéologique
“La fuite des cerveaux est une notion totalement idéologique.”
Aïssa Kadri, Directeur de l'Institut Maghreb-Europe à l'université Paris VIII
Les femmes plus nombreuses
“La part des femmes dans l'émigration a aussi tendance à dépasser celles des hommes. Elle concerne désormais de plus en plus de jeunes femmes, diplômées ou non, qui définissent des stratégies de départ, se construisent dans des milieux considérés jusque-là comme rétifs à une émigration féminine autonome.”
Tabou
“Même dans les milieux les plus traditionnels, l'émigration des femmes n'est plus taboue.”
Post-1990
“La génération des années post-1990, à l'image des harragas (…) que constituent les plus jeunes candidats à l'émigration, s'inscrit plutôt dans la rupture d'avec l'unanimisme national et les mythes nationalistes consolidés dans les années développementalistes.”
Rapports
“Les rapports des sociétés d'émigration du Sud à leurs immigrations ont toujours été fortement ambivalents. Ils oscillent entre une volonté de contrôle et d'instrumentalisation politique et une prise en compte d'une autonomie se manifestant plus clairement dans un contexte de défaillance des Etats considérés, entre représentations négatives et survalorisations non dénuées d'arrière-pensées.”
Islam et évolution des sociétés
“Le traitement par des Etats séculiers de la question de la place de l'Islam, dans des sociétés largement sécularisées d'elles-mêmes, n'est pas indifférent à l'évolution des sociétés du Maghreb. Inversement, les blocages de celles-ci se répercutent toujours dans les sociétés du Nord.”


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