Ce pouvoir, élevé dans la culture de l'intrigue et de la manœuvre, est un mauvais élève. Il n'assimile pas les leçons de l'Histoire. Il ne sait pas que l'Algérie d'aujourd'hui n'est pas celle d'il y a 30 ans, que le mur de Berlin est tombé et que le monde a évolué. Le pouvoir vient de décréter la mort de la liberté d'expression et de la presse sous des prétextes fallacieux et désuets. Le pouvoir compte par des subterfuges obsolètes mettre fin à l'expression libre et à la liberté d'opinion. Le gouvernement Ouyahia, sur instruction de Bouteflika, a franchi le pas, mercredi, en intimant l'ordre aux imprimeries d'Etat de trouver n'importe quel argument pour punir les titres qui ont révélé les scandales et dénoncé les malversations des “maîtres” de cette République. Ce pouvoir a franchi le Rubicon en s'attaquant à la presse, un des piliers de la démocratie. Comme aux temps peu glorieux de Belaïd Abdesslam et du HCE. Il a usé des mêmes stratagèmes et des mêmes “lettres de cachet” pour forcer au silence les voix qui lèvent le voile sur les pratiques mafieuses, la corruption et la torture. Encore une fois, incapable de disculper ou de porter la contradiction à ceux qui le confondent publiquement, il fait le mauvais usage de la force. Il réprime les journaux et les plumes qui veulent, un tant soit peu, aider à la moralisation de “la pratique du pouvoir” et des mœurs politiques. Ce pouvoir, élevé dans la culture de l'intrigue et de la manœuvre, est un mauvais élève. Il n'assimile pas les leçons de l'Histoire. Il ne sait pas que l'Algérie d'aujourd'hui n'est pas celle d'il y a 30 ans, que le mur de Berlin est tombé et que le monde a évolué. Il est resté archaïque dans son organisation et dans sa vision de la société où seuls les intérêts “primaires” et “basiques” du clan ou du douar comptent. Les préoccupations, les aspirations et les ambitions des citoyens n'ont jamais été réellement pris en charge. Et lorsque celles-ci deviennent dérangeantes, ce pouvoir les traite à coups de kalachnikov et de matraque. Le mouvement citoyen en Kabylie et les populations de l'Est, de l'Ouest et du Sud ont reçu leur dose de balles, de lacrymogène et de trique. Le voilà maintenant, de la manière la plus abjecte, s'attaquer à ceux qui ont rapporté et relaté des faits et méfaits pour les faire taire et intimider ceux dont le tour viendra. Inique et cynique, le pouvoir n'a même pas le courage d'assumer sa décision de tuer la liberté d'informer. Il a la faiblesse des régimes honnis par leur peuple, qui agissent dans l'ombre et mettent au-devant de la scène des lampions. Présentement, ce sont les directeurs des imprimeries, demain, pour un autre croc-en-jambe à la démocratie, ce sera d'autres larbins. L'affaire est grave parce qu'elle intervient à une période cruciale, déterminante, où les dagues sont tirées pour assurer à Bouteflika un deuxième mandat et ce, quel qu'en soit le prix. Le clan est donc prêt à tout. Que la classe politique et les citoyens épris de liberté et de justice se réveillent ! A. O.