La présidente de la Fédération européenne des journalistes appelle la Commission européenne à prendre des mesures urgentes pour protéger les journalistes à Ghaza    L'UNRWA qualifie d'"humiliant" le modèle de distribution de l'aide humanitaire à Ghaza    Voile/Equipe nationale (Laser) : huit athlètes en stage de préparation à Alger Plage    Les dockers du port de Marseille refusent de les embarquer !    L'AFC veut investir en Algérie    La victoire était à la portée des Fennecs !    Cherki entre dans une nouvelle dimension à Manchester City    «Ce que nous voyons à Ghaza est tellement douloureux, ça me fait mal dans tout le corps»    Comment la diplomatie peut-elle être une solution à l'immigration clandestine ?    La Protection civile lance un appel urgent à la vigilance    Faire du baccalauréat 2025 un succès    Mascara rend un hommage vibrant au martyr Ali Maâchi    Biskra: le moudjahid Messaoud Lounissi inhumé au cimetière de Laazilat    Moula salue l'élection de l'Etat de Palestine comme membre observateur de l'OIT    L'Algérien Mohamed Meridja réélu à l'exécutif de la Fédération Internationale de Judo    Le Directeur général de la Sûreté nationale reçoit l'ambassadeur de Mauritanie en Algérie    Décès de la moudjahida Meriem Ben Mohamed    Ministère de l'Intérieur: réunion de la Commission nationale chargée de la préparation de la saison estivale 2025    L'expérience du Ksar de Tafilelt mise en lumière à l'Expo-2025 au Japon    Finances: l'Algérie, un modèle de soutenabilité extérieure dans une Afrique sous pression    Mascara: Inhumation du moudjahid Mohamed Aniba    ANP: reddition d'un terroriste et arrestation de 3 éléments de soutien aux groupes terroristes en une semaine    Port d'Alger : Le navire "Sedrata" accoste après la levée des réserves en Belgique    Para-athlétisme: l'Algérie avec 13 para-athlètes pour briller au Grand Prix international de Tunis    ONU/C-24: plaidoyers en série en faveur du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui    Accidents de la route: 46 morts et 2006 blessés en une semaine    L'Algérie est en mesure de relever toute sorte de défis !    Une nouvelle ère de rigueur pour l'investissement    L'Autorité nationale indépendante de régulation de l'audiovisuel met en garde    Les conséquences pour le monde    29 millions de personnes vivent l'instabilité    Témoin des atrocités coloniales dans les zones rurales    Unité des rangs et actions héroïques ancrées dans la mémoire nationale    Oran: la revue "Afak Sinimaïya" met en lumière le rôle du cinéma algérien dans la dénonciation du colonialisme français    La baguette normale devient un luxe    Une série d'accords signés entre l'Algérie et le Rwanda    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Alger : la vue en rouge
Conjonctivite : Rush sur les hôpitaux
Publié dans Liberté le 25 - 08 - 2003

Elle va vite, la conjoncti…vite, et même très très vite. Tous les services ophtalmo des hôpitaux d'Alger étaient submergés hier. Tous les centres de santé connaissaient un véritable rush des “conjonctivistes”.
Les yeux larmoyants, ils viennent par familles entières squatter les urgences des hopitaux. À Alger, ces derniers jours, un climat de panique et d'hystérie s'est installé dans les esprits. Pourtant, autant le dire tout de suite : la conjonctivite n'a rien d'une maladie grave, et le plus souvent, ses symptômes disparaissent au bout de quelques jours, rassurent les médecins.
Cela dit, on ne peut pas nier que le phénomène prend de l'ampleur. Hier, au CHU de Bab El-Oued (ex-hôpital Maillot), il y avait au moins 500 personnes qui se bousculaient devant le service d'ophtalmologie de l'hôpital pour une consultation. Les médecins étaient dépassés. Dans les salles de consultation, les malades se succédaient autour de deux “lampes à fente” où ils se faisaient examiner par des résidents dont certains étaient en lunettes noires, signe qu'ils avaient chopé le virus.
Le vendredi 22 août, le CHU a enregistré 760 cas et samedi, 740 cas. Hier, jusqu'à la mi-journée, il y avait 400 cas. À Parnet, mercredi 20 août, il a été enregistré 600 personnes atteintes par la conjonctivite virale. Au centre de santé de Mohamed-Belouizdad, il y a eu 120 cas à la mi-journée d'hier. “Tous les 15 centres de santé du secteur sanitaire de Sidi-M'hamed sont mobilisés”, indique M. Madani, surveillant médical au centre de santé de Bouguermine. À noter que le service d'ophtalmologie de l'hôpital Mustapha est en pleins travaux. Aussi, tous les malades relevant dudit service sont transférés vers le centre de Mohamed-Belouizdad. Du coup, c'est dans un brouhaha général et un énorme tohu-bohu que nous avons trouvé ce centre hier. Les malades affluaient de partout, à l'instar de ce docker qui travaille au port d'Alger et qui est venu des Eucalyptus. “Je suis en arrêt de travail depuis deux jours. Toute ma famille est contaminée. Je sens une lame lacérer mes yeux !”, dit ce jeune homme, les yeux complètement rougis par de terribles démangeaisons.
Une foule est amassée devant le bureau de l'ophtalmo de service. Des clameurs montent. Des récriminations. Une mère s'affole : “Je veux vite un médecin. Regardez dans quel état se trouve mon fils !”, Le surveillant médical essaye de la calmer. Rien n'y fait. La femme crie de plus belle en explosant en larmes : “Win rah el-moudir ?”
Chaque jour, un tableau, intitulé “situation journalière de la conjonctivite”, est envoyé aux services concernés. Dans une situation établie samedi dernier, il a été enregistré 95 cas répartis comme suit : 40 hommes, 35 femmes et 20 enfants. À Mohamed-Belouizdad, si l'origine de la maladie n'est pas encore localisée, on évoque la promiscuité et le manque d'hygiène comme facteurs aggravants. “Nombre de malades sont issus des camps de sinistrés. La conjonctivite se propage par la manipulation d'ustensiles communs ou l'utilisation d'effets de toilette par plusieurs personnes (serviette, savon…). C'est pour cela que les sinistrés sont les plus exposés à la maladie”, nous explique-t-on.
Au service épidémiologie du CHU de Bab El-Oued, il nous a été clairement signifié que l'origine de la maladie n'est pas encore identifiée. “On sait seulement qu'il s'agit d'une conjonctivite virale. Mais on ne sait pas si elle provient de la plage ou bien de l'air ou d'un autre vecteur”, nous explique-t-on. Les résultats des examens étiologiques ne seront connus que dans une semaine.
Attention, ça picote !
En attendant, la maladie continue à galoper. Et on ne parle que de cela à Alger. Dans nombre d'entreprises, les employés qui affichent les moindres signes de rougeoiement suspects sont mis en quarantaine et priés de rester chez eux. Au moindre picotement, des personnes s'affolent. Des travailleurs refusent de serrer la main de leurs collègues contaminés afin de ne pas choper le méchant virus.
En revanche, dans les milieux hospitaliers, les médecins et le personnel paramédical ne rechignent pas à être en contact avec les malades, au risque de voir la vie en rouge. Un agent de sécurité du service ophtalmologie de l'hôpital Maillot avait les yeux rouges, hier. “C'est ici que j'ai attrapé ça !”, avoue-t-il. On peut remarquer que certains employés de l'hôpital utilisent des lunettes de soleil pour se prémunir, pensent-ils, contre la pathologie. Il semblerait que certains malades hospitalisés aient été contaminés dans l'enceinte même des services de l'hôpital.
L'ampleur de l'épidémie a été telle que des familles entières ont été touchées. Ce qui n'a pas seulement été désagréable pour les yeux mais aussi pour les bourses. Car, le traitement étant par définition individuel, c'est autant de “packs” d'antibiotiques à acheter pour chaque membre de la famille. Le ministère de la santé aurait mis des médicaments au niveau des centres de santé publics, mais les stocks ont vite été épuisés, semble-t-il.
À l'hôpital Maillot, des bienfaiteurs ont fait don de pommades ophtalmiques et collyre (boîtes de Clomycine, de Loxtra et autre Croma), mais elles n'étaient pas recommandables. Les médecins hospitaliers prescrivent généralement du Rifamycine en gouttes et pommade, que la tutelle aurait mobilisé en bonne quantité. Mais cela ne répond plus aux énormes besoins des hôpitaux. Les malades, des citoyens sans ressources pour une bonne partie, s'ils bénéficient d'une consultation gratuite, se voient obligés d'acheter le traitement chez le pharmacien (à 300 DA en moyenne). Quand on a plusieurs membres de la famille qui sont atteints, comme c'est souvent le cas, le traitement revient cher.
Certaines officines connaissent un véritable rush sur les anti-inflammatoires ophtalmiques : Rifamicyne, Chibroxyne, Fucithalmic, Oriomicyne, etc, et parfois, il y a des ruptures de stock. Un pharmacien de Bab El-Oued révèle : “Certains grossistes de produits pharmaceutiques profitent de la conjoncture pour faire du business. Ils nous donnent les médicaments au compte-goutte, et en procédant à des ventes concomitantes.” Ironie du sort : le pharmacien qui nous tient ces propos est lui-même atteint par la conjonctivite. “J'ai chopé ça hier”, dit-il, les yeux rouges cachés derrière des lunettes fumées. “J'ai dû serrer la main à des clients, ou alors qu'un courant d'air a introduit le virus. Et maintenant, j'ai contaminé mon bébé et toute la famille”, ajoute-t-il. Sa collaboratrice lui conseille à juste titre de ne pas revenir à l'officine au risque de contaminer ses clients…
N. A./M. B.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.