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De la guerre de Libération à l'indépendance nationale
En mémoire et en hommage au colonel Mohamed Zamoum (Si Salah)
Publié dans Liberté le 22 - 07 - 2010

Une cérémonie de remise de prix aux nouveaux bacheliers a été organisée le 15 juillet au lycée Mohamed-Zamoum de Boghni.
Avec un taux de 81,93% de réussite et 5 mentions très bien, 19 bien et 66 assez bien, dont la meilleure note est de 17,42, les élèves sont à féliciter et un grand mérite revient aux enseignants. Avant la publication des résultats, la famille Zamoum avait déjà décidé d'offrir à l'établissement un portrait de Mohamed Zamoum, le chahid colonel si Salah.
Parallèlement à cela, l'association Taneflit n'Tmazight de Draâ El-Mizan organise des cérémonies qui dureront trois jours, soit du 19 au 22 juillet, en hommage au colonel si Salah, avec une exposition photos et projection vidéo de témoignages, un déplacement et un recueillement à M'chedellah (dépôt d'une gerbe de fleurs à la stèle du chahid), un concours de dessins ayant pour thème le personnage de Si Salah, une pièce de théâtre pour enfants et une autre sur la Révolution, enfin une conférence retraçant le parcours et le militantisme du chahid.
Des activités de cette nature sont importantes parce que les pouvoirs publics ont lamentablement délaissé, et depuis fort longtemps, les structures d'enseignement reléguant celui-ci à un rang pas enviable du tout, le vouant à un sort déplorable.
Il est dramatique de dire et de constater, des dizaines d'années après la guerre et l'indépendance, que l'Algérie est encore à s'interroger sur ce qu'a été son passé, ce qu'est son présent, ce que sera (pourra être) son avenir.
Le constat amer est que nous n'avons aucune idée de notre devenir parce qu'aucun espoir d'avenir.
Notre présent n'est guère réjouissant, il est même pénible tellement nous pataugeons dans des situations inextricables, et ce, depuis bien longtemps malheureusement. Notre passé, fort glorieux au demeurant, semble nous poser problème car lourd à porter, à supporter car ses contradictions nous minent, n'arrivant pas à les dépasser compte tenu de toutes les embûches qui parsèment le parcours des Algériennes et des Algériens.
Nous vivons, alors, (dans) une situation dramatique que nous n'arrivons pas à dépasser et dans laquelle, d'ailleurs, se complaisent à nous maintenir et à nous conforter ceux qui régissent les affaires du pays, régentant le système de répartition du revenu national, les rapports économiques et sociaux, les rapports de domination et d'exploitation.
Depuis fort longtemps, nous nous demandons pourquoi cette situation en période d'indépendance, un tel désastre en temps de paix, une si grande frustration alors que les promesses faites devaient nous mener vers un bonheur inégalé ; pourquoi, depuis juillet 1962, ne nous sommes-nous jamais sentis sereins et pourquoi ne jouissons-nous pas de ce statut de citoyen que tant de personnes de par le monde possèdent et dont reconnaissance est témoignée.
Il y a, en fait, tellement d'interrogations, de questionnements que nous devons mobiliser toutes nos énergies et volontés pour espérer sortir de ce marasme, de ce ghetto dans lequel nous nous morfondons…
Cela ne se peut que par la volonté affirmée, la mobilisation et l'engagement, comme le notait judicieusement et fort pertinemment Si Salah dans la lettre qu'il a adressée le 25 février 1960 au GPRA :
“(…) Pour nous, cette prise de contact doit être un fait capital, non seulement pour l'issue heureuse des combats, mais ce qui est plus important, sur la préparation de notre peuple à des conceptions de vie politique, économique et sociale dignes des idéaux qui animent les martyrs algériens (…).
Les combattants que l'on dit volontiers frondeurs et têtus ne manquent pas dans leur immense majorité de cette sensibilité, cette générosité, cette lucidité, grâce à quoi notre mouvement a pu, dès ses balbutiements, atteindre cette pureté, dans les moyens et les buts, ce surpassement, cette acceptation silencieuse, parfois effrayante de souffrances incroyables.
Nos grands martyrs, de leur sueur, de leurs peines quotidiennes, puis de leur sacrifice suprême, ont forgé la conscience du peuple algérien.
Une conscience, un esprit assoiffés d'une liberté véritable que ne pourrait aliéner ni l'impérialisme (athée) ou autre, ni la dictature des ambitions, même pas saines, nationales ou extra-nationales de ceux qui, sous le couvert de vagues nécessités ethniques, idéologiques ou religieuses, se servent de notre combat pour asseoir ou préserver des privilèges.
Pour cette délicate mission qu'est l'avenir sous la forme la plus susceptible de nous préserver des dangers de ce monde hypocrite, avide, intéressé plus ou moins ami qui spécule sur notre million de martyrs, il se trouvera, comme il s'est toujours trouvé dans les moments difficiles de notre histoire, les hommes de bonne volonté qui sauveront l'Algérie.”
À la Wilaya I, Si Salah écrit, à la même date, ceci : “Vu les difficultés qui existent entre l'intérieur et l'extérieur, faut-il laisser l'ennemi nous réduire à un isolement complet ? À nous maintenir dans un état de dislocation complète entre wilayas ? À ne pas essayer de coordonner nos vues du moins en attendant de coordonner nos actions quant à la tactique et de nous entraider matériellement si possible ? Il ne faut pas qu'on en arrive au dicton impérialiste qui dit "diviser pour régner".
C'est le but que vise l'ennemi, donc renforçons nos rangs et maintenons notre cohésion solide et ferme. Il n'y aura pas de fléchissement provoqué par l'anarchie.
Nous saurons toujours adopter lucidement et avec courage la ligne de conduite qui nous évitera les catastrophes, les pertes humaines et matérielles inutiles, et le déshonneur. En tant que moudjahidine, il nous appartient, puisque nous luttons pour une Algérie meilleure, de sauvegarder les intérêts du peuple. Donc, soyons réalistes, évitons les rêves et les chimères et abordons résolument la situation telle qu'elle se présente, pour l'étudier dans son vif, et lui trouver une solution adéquate. Nous avons âme et conscience et pour que les responsabilités que nous assumons ne deviennent pas des fardeaux lourds et insupportables, ou des cas de conscience, il faut que nous ayons ces échanges de vue pour pouvoir exposer la situation réelle de l'ALN et du peuple aux frères du GPRA. Alors sans nul doute des résultats probants se feront sentir.”
Dans une autre lettre, toujours à la Wilaya I, Si Salah écrit de manière claire, sans détour :
“Nous avons, pour ainsi dire, les mêmes points de vue. Il s'agit d'une chose fondamentale dans notre "Révolution" et qui est l'Union.
(…) Devant une situation pareille, n'avons-nous pas une mission particulière à assumer dans le domaine de l'union ?”
Face à un tel écrit, nous assistons, cinquante ans après, à une surenchère des mots, une inflation verbale et discursive comme si l'important est de savoir qui va parler le plus de tel martyr ou de tel autre, comme si chaque survivant ayant qualité de moudjahed devait faire preuve d'une certaine paternité.
Mais par ce jeu de la virginité retrouvée, il y a beaucoup de risques de défloration de l'histoire et de la mémoire (collective) comme il peut y avoir défenestration dans la maison Algérie.
Compte tenu de cela, le danger existe réellement, les gens se sentant en insécurité permanente, vivant et évoluant dans un climat de peur gelant les esprits et figeant les personnes… au point de paraître comme des zombies (sans âme et sans perspective d'avenir, sans espoir et sans horizon prometteurs… tant le devenir semble réduit au néant, ne menant à rien et ne débouchant sur rien).
L'absence de perspective semble être la conséquence d'un présent dur, dramatique, lui-même résultant d'un passé, glorieux certes, mal exprimé, mal expliqué, mal accepté, mal partagé… et pas assumé.
À la frustration de ceux qui ont participé à la libération du pays et de tous ceux et celles qui n'en jouissent pas, s'ajoute celle de ceux qui vivent dans le mensonge, la triche et la traîtrise (réduits à se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas).
Comment accepter alors d'évoluer et/ou continuer à se fourvoyer dans un monde hypocrite, régi par des règles scélérates, faites par et pour des gens appelées à faire perdurer un système injuste, inégalitaire, abject, infecte, odieux, misérable et miséreux car réduisant la majorité de la population à la paupérisation, intronisant la minorité au rang de la dictature régnante et toute puissante, jouissant de tous les biens et privilèges, se délectant de tous les délices et de tous les vices, travestissant la réalité, déformant la vérité à sa guise au point de se travestir elle-même.
Mais qu'à cela ne tienne, l'exercice du pouvoir, occultant tout, cachant et camouflant tout ce qui peut gêner, instrumentalise les hommes et les femmes qui sont à son service et le reproduisent impunément et indépendamment de toutes considérations, défiant tout respect des valeurs humaines.
Les tenants du système hégémonique sont justement gênés et dérangés par l'évocation même du chahid colonel Si Salah, lui qui avait déjà refusé les postes d'adjoint de chef d'état-major à l'Ouest, de chef d'Antenne de la Wilaya IV à l'Est.
Ferhat Abbas, président du GPRA, confirmait : “(…) Le colonel Si Salah nous avait longuement écrit. La Wilaya IV mettait en accusation l'état-major.
Elle lui reprochait de stocker armes, munitions et argent pour son usage personnel plutôt que de les lui faire parvenir. Elle lui reprochait de ravitailler certaines wilayas au détriment d'autres.
Enfin, si Salah s'adressant directement à moi, me demande de trouver à tout prix le moyen de négocier et d'arrêter la guerre.”
La Wilaya IV utilisait des mots très durs à l'endroit du FLN tels : trahison de ceux qui exercent leurs activités hors du territoire national ; ce ne sont plus les responsables de notre combat ; ramassis d'aventuriers ; ambitieux ignares ; monstres criminels ; animés du seul désir de domination.
En effet, alors que les maquisards se faisaient exterminer par l'armée française, les politiques, à l'extérieur, pensaient à l'après-guerre, réfléchissant à l'avenir, à une société dans laquelle l'armée des frontières serait un instrument au service du pouvoir politique.
Que va-t-il se passer alors ?
La Wilaya IV entreprend une action audacieuse et courageuse : Si Salah accompagné de Si Lakhdar et Si Mohamed sont reçus à l'Elysée par le général de Gaulle alors président de la République française.
La discussion tourne autour de l'autodétermination de l'Algérie.
La rencontre a lieu le 10 juin 1960 ; et le 20 juin, le GPRA décide d'envoyer une délégation présidée par Ferhat Abbas en personne pour engager les négociations de cessez-le-feu.
Ces dates montrent comment et pourquoi le processus de négociation du cessez-le-feu a été engagé.
Le FLN de l'extérieur a eu peur que l'ALN négocie à sa place et prenne le pouvoir. Ayant longtemps traîné, tergiversé (ne dit-on pas que le FLN avait un trésor de guerre qui lui permettrait de tenir un effort de guerre pendant dix ans encore ?), le FLN se sent acculé.
Il faudra tôt ou tard qu'il explique et justifie sa position.
L'indépendance de l'Algérie est le fait de l'ALN ; Si Salah et ses compagnons ne survivront pas à la paix qu'ils ont courageusement déclenchée.
La Wilaya IV ayant connu, juste après ces événements, un épisode dramatique et ayant vécu une terrible tragédie (liquidations), continue à nous faire supporter les déformations et manipulations de notre histoire justement par des complicités sournoises par l'absence et le refus de prises de positions nettes, honnêtes, tranchées sur ces événements frappés d'ostracisme pour préserver des positions, des privilèges et un statut.
En effet, il est clair que la Wilaya IV a accepté de faire l'impasse sur tout ce qui s'attache à si Salah et a abdiqué devant les tenants des pouvoirs successifs.
Il est évident que les origines des hommes de la Wilaya continuent de jouer un rôle dans la défense de positions privilégiées de pouvoir.
Eux-mêmes complices, agissant selon des critères qui leur sont propres en fonction de leurs parcours et des rôles qu'ils ont joués (scandales révélés parfois par les journaux relatifs aux itinéraires de certains officiers), ils doivent admettre que la vérité doit être dite par respect, au moins, au serment fait, jadis, à leurs compagnons de combat.
R. Z.
*Auteur de Si Salah, mystère et vérités, éditions Casbah 2005-2006


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