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Faisons de 2011 une année charnière
LE STATU QUO SERA IMPOSSIBLE À TENIR
Publié dans Liberté le 02 - 01 - 2011

Une évolution inédite s'impose, étant entendu qu'il ne s'agit ni de relifter ni de restaurer le régime.
L'année 2010 s'achève dans le paradoxe en Algérie. D'un côté, on assiste à une gestion fossilisée du pays qui voit le système en place depuis l'Indépendance, plus autiste que jamais, continuer ses agapes dans une atmosphère surréaliste : dépenses de prestige démesurées, promotion clientéliste, censure et prédation meublent toujours la vie publique. Une fois de plus, les élites, ou ce qui est supposé en être, spéculent passivement, non pas sur le rôle qu'elles peuvent jouer avant que l'irréparable n'advienne, mais sur le scénario le plus probable que “ceux d'en-haut” écrivent pour, cette fois — c'est sûr – sortir le pays de la crise ; chacun escomptant un dividende personnel dans l'opération. Le tout se jouant dans un climat social délétère et un délabrement administratif sans précédent. Nos partenaires, désespérant d'établir un jour des relations adultes et stables avec le système FLN, se désintéressent de l'Algérie. Il n'y a guère plus que la paranoïa nationale pour cultiver l'illusion de la nation exemplaire, jalousée par des adversaires aussi nombreux qu'impuissants.
Sur un second registre, l'autre Algérie, celle des révoltés et des laissés-pour- compte, s'exprime et se fait entendre, en attendant de structurer ses énergies. Même mutilée par les fraudes électorales et la censure, l'opposition démocratique interpelle, dénonce et propose. Les jeunes, par la jacquerie, la harga ou, de plus en plus, la contestation sur les campus universitaires, se rebellent et défient un pouvoir qui s'autorise tout et qui n'assume rien. Le monde du travail, libéré de la tutelle du syndicat officiel, lance des initiatives autonomes. Au niveau symbolique, 2010 a confirmé la vulnérabilité du système : un livre consacré à un héros de la guerre de Libération, dont le parcours avait été diabolisé et les restes séquestrés par le premier responsable du pays, a ébranlé le ban et l'arrière-ban du sérail. Sur un plan plus politique, quelques députés du RCD ont déstabilisé un Premier ministre, archétype du régime, venu initialement à l'Assemblée nationale pour afficher l'union de son gouvernement et asséner ses slogans. Signe des temps, au cours de cette altercation homérique, les solidarités claniques lui firent défaut.
L'émeute est aussi dans la toile
Dans la société, les milliers de jeunes qui se sont saisis des interventions des parlementaires de l'opposition, pour les relayer qui par Internet, qui par téléphone mobile illustrent comment le pays, nié par une intelligentsia qui, à de rares exceptions, ne voit ou ne reconnaît de pertinence à un propos ou une action que si elle émane du système, s'est forgé des outils étrangers à la norme et à la structure officielle. Le pays réel est dans la grève, l'émeute et sur la Toile. Il évolue en dehors et contre toute instance formelle.
Il n'y a plus la moindre passerelle entre le peuple qui souffre le martyre et qui, malgré tout, souffle sur la flamme de l'espoir et ceux dont la raison d'être est d'imaginer et d'assumer l'audace.
Le statu quo est impossible à tenir. Un pouvoir qui mise sur l'épuisement populaire, la corruption des élites, les fraudes électorales et la complaisance ou la complicité de ses partenaires pour durer est condamné. Trop de temps et d'occasions perdus, trop d'arbitraire, trop de déceptions ont vitrifié dans la colère la conscience algérienne.
Devant une telle impasse, il nous faut savoir que le changement n'empruntera ni un chemin linéaire ni une procédure harmonieuse. Se pose alors la question d'en connaître la forme, le rythme et, surtout, le coût pour, éventuellement, le réduire. Par choix, ensuite par opportunisme et lâcheté et, maintenant, par incapacité, les dirigeants sont au pied du mur. Quand bien même le voudraient-ils, ce qui est loin d'être établi, ils ne pourraient plus engager un processus de changement ordonné.
Reste à savoir s'il existe en Algérie, en ce début 2011, des forces politiques et sociales résolues, un projet viable et crédible et un environnement favorable, trois préalables à une émancipation algérienne pour un nouveau destin.
Malgré une fermeture politique et médiatique digne de la Corée du Nord, des militants se battent et assument leurs convictions. Le jeune qui, pour l'instant, dissout son exaspération dans la révolte, l'exil ou la contestation plus adaptée, quand il est scolarisé, est majoritaire dans le pays. Le travailleur, on l'a vu, a renié le syndicalisme tchékiste. Ces énergies qui en sont aujourd'hui au stade de la rupture et du défi auront à vivre des moments de consolidation, dont il est, pour l'heure, difficile de prévoir la durée, avant de trouver les occasions et les moyens à même de leur permettre de se présenter en alternative. Une chose est cependant sûre : l'évolution interne étant une chimère dans le système algérien, plus tôt arrivera ce consensus, moins brutale sera la mutation.
Les luttes démocratiques ont avancé et, dans une certaine mesure, elles ont gagné la première manche. La question des droits de l'Homme ou de l'identité nationale, la place du culte dans la cité, le statut de la femme, les réformes de la justice, de l'éducation et de l'Etat ainsi que l'option pour une économie compétitive se sont imposés à l'essentiel des acteurs politiques, y compris pour ceux qui les ont violemment combattus. Naturellement, le pouvoir acculé, n'en admet la légitimité que pour mieux les escamoter. Mais le fait est là : des opposants aux mains nues, adaptant et actualisant les valeurs sur lesquelles s'est rassemblé le peuple algérien pour se libérer du colonialisme, ont construit pour leur pays une alternative enracinée dans la mémoire collective et en phase avec le monde.
Fin des complaisances
extérieures
En matière de conjoncture extérieure, l'évolution est tout aussi notable. Jusque-là, les pays développés avaient trop souvent fait le choix de privilégier, dans le Sud, la stabilité au détriment de la démocratie. L'élection du président Obama a, quoiqu'en disent ses détracteurs, changé la donne en profondeur. L'Occident admet enfin que, comme pour le Nord, la stabilité ne peut être dissociée de la légitimité des institutions, c'est-à-dire de la démocratisation de la vie publique. Le discours d'Accra fut et reste un moment fondateur dans les relations Nord-Sud. Le message était aussi clair qu'inédit : oui la colonisation a déchiré des peuples, oui, auparavant, l'esclavagisme avait dévitalisé le continent ; mais ce n'est pas le colonialisme qui fabrique des enfants soldats et ce n'est pas le colonialisme, non plus, qui fait que 20% des budgets nationaux s'évanouissent dans la corruption. En disqualifiant le statut de victime perpétuelle derrière lequel s'abritent les tyrans, Obama signifiait que désormais, c'est sur la pertinence d'un projet et la qualité d'un bilan que seront calibrées les relations diplomatiques.
Dans le tiers-monde, c'était attendu, les despotes et leurs scribes ont préféré célébrer le discours prononcé par le président américain au Caire ; allocution où l'œcuménisme un peu incantatoire cachait mal la volonté d'esquiver les verrous intrinsèques bloquant l'évolution du monde musulman. Les Patriotes algériens ont, eux aussi, le droit et le devoir de demander à la communauté internationale de ne plus se rendre complice d'une stratégie de contre-développement dévastatrice pour leur nation et contagieuse pour toute la région. La bouffonnerie qui (a) ensanglante (é) la Côte-d'Ivoire est la caricature d'une tragicomédie largement répandue sur notre continent. Elle a, cependant, permis de secouer le cocotier d'une hypocrisie irresponsable, cynique et, à bien des égards, criminelle. À l'avenir, il sera plus difficile pour Paris de saluer à Alger le “succès” électoral d'un homme qui commettait le troisième putsch de sa longue carrière en faisant réviser la Constitution pour s'octroyer une présidence à vie, et de sommer Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir à Abidjan pour “respecter la volonté populaire”.
Il faut espérer que, dans ce nouveau contexte, les élites, qui ont souvent activé à contre-emploi, ne compliqueront pas un combat, déjà périlleux à plus d'un titre, en entretenant l'illusion suicidaire d'une évolution qui viendrait de l'intérieur du régime. Des informations concordantes, remontant du terrain tout au long du dernier trimestre 2010, font état d'une mobilisation de moyens financiers et administratifs considérables avec lesquels le pouvoir restructure ses réseaux dormants en vue de manipuler les prochains scrutins.
Sachons-le dès maintenant ; il y parviendra si le citoyen lui en laisse la possibilité. La surveillance internationale massive et qualifiée qui a permis de dévoiler et de condamner la supercherie en Côte-d'Ivoire s'impose en Algérie aussi.
Nous entrons dans un moment important et délicat en 2011. La volonté de réappropriation de notre capital historique est réelle dans le camp des démocrates. À l'intérieur comme à l'extérieur du pays, l'isolement du régime est patent. La dynamique de contestation sociale et politique est diffuse mais massive. Le projet politique, faisant écho à l'Etat démocratique et social de novembre et de la Soummam, légitimé par les luttes citoyennes, est au cœur du débat public et la conjoncture internationale est favorable comme jamais. La concomitance de tant de paramètres propices au changement est rare.
Les Algériens, qui veulent vivre dans la dignité, la liberté et le progrès, doivent se persuader qu'ils sont condamnés à se battre en fédérant leurs énergies et en en appelant à toutes les solidarités qui peuvent accélérer leur libération. Se battre en 2011 veut dire rompre avec l'aliénation qui a transformé le citoyen en spectateur voire en fossoyeur de son destin. L'avenir n'est pas dans la spéculation sur l'issue des affrontements claniques mais dans leur dépassement.
Par devoir de fidélité et nécessité politique, nous avons à nous rappeler que, pour libérer la nation, des femmes et des hommes, souvent à la fleur de l'âge, ont assumé leur destin en postulant leur combat, non pas comme un investissement mercantile, mais un engagement patriotique. Il est possible de faire de 2011 une année charnière qui fasse des échéances prévues en 2012 une étape de la Renaissance algérienne. La tâche est difficile. Nos enfants ne nous condamneront pas si nous n'avons pas tout réussi. Ils sont en droit de nous reprocher de n'avoir pas tout essayé pour honorer notre responsabilité historique. À chaque période ses enjeux, à chaque génération sa mission.
S. S.
(*) Président du RCD


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