Bras de fer entre l'agence onusienne veillant à la non-prolifération des armes nucléaires et l'Iran, l'AIEA a donné jusqu'au 31 octobre à Téhéran pour fournir la preuve qu'il ne cherche pas à se doter d'armes nucléaires, comme l'en accuse les Etats-Unis et le suspecte l'UE. Le refus catégorique des Iraniens d'être fouillés comme l'entendent les inspecteurs de l'agence conduira à une résolution du Conseil de sécurité avec la menace de sanctions internationales conduira à une résolution du Conseil de sécurité avec la menace de sanctions internationales. C'est au fond ce qu'a toujours souhaité Bush pour qui l'Iran est un “Etat voyou” dont le régime doit subir le même sort que Saddam. Pour lui, la guerre préventive made in USA ne s'arrête pas à Bagdad. Elle se prolonge à Téhéran, Pyongyang et même Damas. Les Iraniens souhaitent également l'internationalisation de la question, espérant être enfin reconnus sur la scène régionale comme un partenaire incontournable. Dans leur esprit, rien de mieux qu'une crise nucléaire pour contraindre les Etats-Unis à dialoguer avec eux. De plus, cette question est du pain béni pour les radicaux de la république islamique, qui apparemment ont repris du poil de la bête sur la scène iranienne. Le président Khatami, qui a échoué face à eux, a jeté son masque moderniste. Ce n'est pas lui qui conteste l'AIEA et son parti pris, ce sont les piliers de la République islamique l'ayatollah Khameneï qui a succédé à Khomeyni (en tant que source du pouvoir islamique) et l'ex-président Rafsandjani qui, lui, contrôle le gouvernement et les diverses institutions du haut de son Conseil de la conformité (aux lois et principes islamiques). Pour eux, il n'y a pas l'ombre d'un doute, l'iran a d'autant plus le droit de disposer d'armes de dissuasion que, dans la région, beaucoup de pays les possèdent : Israël, des républiques du Caucase, le Pakistan, l'Inde et demain la Corée du Nord. Les ayatollah qui avaient applaudi la chute de Saddam sont devenus plus acerbes à l'égard de Washington depuis l'assassinat à Najef de leur alter-ego en Irak. El Hakim, qui a rêvé d'une république islamique semblable à celle du pays de son exil (Iran) et de son épouse (fille de Khameneï). Les ayatollahs menacent d'exploiter les mécontentements populaires suscités par les Américains à Bagdad, Kaboul, Gaza et dans le Sud Liban où leurs relais sont intacts. Recevant le vice-président syrien Khaddam, Rafsandjani a brandi cette menace. Ces calculs souffrent tout de même de l'absence de soutiens à l'étranger. la Corée du Nord peut encore braver l'AIEA tant que la Chine protège le maître de Pyongyang. L'Iran, par contre, est dans un isolement total. L'UE, à qui les ayatollahs ont ouvert leurs marchés, formule les mêmes exigences que Washington : applications strictes de la résolution de l'AIEA demandant la suspension des activités visant à détourner “secrètement” de l'uranium à des fins militaires. Le président russe Poutine, dont le pays construit à Bouchehr la première centrale nucléaire civile iranienne, s'est lui aussi aligné sur la position US lors de sa rencontre avec son homologue américain à Washington, en marge de la 58e AG de l'ONU, estimant nécessaire d'adresser “un message clair” à l'Iran, les pressions sur les ayatollahs ne vont donc pas faiblir. Aux yeux de la communauté internationale, ils doivent fournir les preuves qu'ils ne sont pas à la recherche de la bombe atomique et ouvrir toutes leurs installations et tous leurs registres à l'AIEA… le processus est connu, il a été expérimenté avant l'invasion de l'Irak. D. B.