Dans un communiqué parvenu à notre rédaction intitulé “Les barbouzes dialoguent”, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) fait état d'une chasse à l'homme visant ses militants et même le président du parti, Saïd Sadi. Un scénario digne des films hollywoodiens. “Le 18 juin, trois militants sortant du siège régional du RCD de Didouche-Mourad, à Alger, pour se rendre à la manifestation de la place du 1er-Mai, sont interpellés et arrêtés par des hommes en civil”, lit-on dans le communiqué, qui fait état du kidnapping de l'avocat du collectif des victimes d'El Khalifa Bank, Abed Omar. “Dans l'après-midi, deux militants du RCD raccompagnaient Me Ali Yahia Abdennour à son domicile. Abed Omar, avocat du collectif des victimes d'El Khalifa Bank, qui se trouvait avec eux, descend de voiture pour aider le président d'honneur de la Laddh à rejoindre son domicile. Sitôt ce dernier entré, il est ceinturé par des inconnus qui le jettent dans un véhicule Toyota 4x4 noir. Les deux militants sont sommés de sortir du véhicule et de remettre les clés aux assaillants. Ils refusent et prennent le chemin du siège national du parti à El-Biar, toujours suivis par des véhicules banalisés (une Skoda blanche, une Polo grise et un Caddy blanc)”, ajoute le communiqué. La traque continue, puisque les mêmes véhicules ont pris en filature, cette fois, la voiture où se trouvait le président du parti, Saïd Sadi, sachant que les deux militants ont alerté les membres de la direction. “Le président du parti, qui arrive au même moment, demande aux deux militants de prendre le véhicule pour un rendez-vous en dehors d'Alger où il était attendu. Sitôt sorti du siège, le véhicule Skoda les file avant de les doubler. Quatre voitures noires Toyota garées à côté se mettent de la partie. Une chasse digne des séries américaines s'organise. Avant d'arriver à la place Kennedy, les occupants des véhicules sautent à terre et s'emploient à frapper des poings et des pieds sur la Passat du RCD où se trouvaient le président Saïd Sadi et les deux militants. Sans se présenter, les membres du commando ordonnent au chauffeur d'arrêter le moteur et de descendre. Saïd Sadi refuse d'obtempérer et demande au chauffeur de continuer son chemin. La poursuite ne s'est terminée qu'au domicile du président du RCD, contraint d'annuler son rendez-vous.” Quant aux trois militants et Me Abed, ils sont toujours détenus au commissariat de Cavignac, à Alger-Centre, ajoute le communiqué, qui a qualifié ce qui s'est passé de “délinquance politique” et de “voyoucratie”. “En ce 18 juin, le dialogue de Toufik et de Bouteflika vient de connaître son summum… Après les assassinats, les fraudes électorales et la corruption généralisée, le pouvoir dégénère dans la délinquance politique, c'est ce qu'on appelle une voyoucratie”, ajoute le communiqué. Enfin, pour le RCD, le pouvoir montre, encore une fois, qu'il n'a aucune disposition pour le dialogue, ni pour le changement démocratique qui demeure inéluctable. “Chaque jour qui passe apporte la preuve de l'incapacité du pouvoir à saisir que le changement est inéluctable, rendant encore plus difficile le combat politique”, conclut le communiqué.