Le journaliste Arezki Aït Larbi, correspondant du Figaro en Algérie, a été mis, hier, en état d'arrestation pendant près de cinq heures avant d'être libéré au niveau de la sûreté de daïra de Chéraga où il est allé s'enquérir sur le retard mis par ces services pour engager l'enquête d'usage que le procureur a réclamée au journaliste après le dépôt d'un dossier pour le lancement d'un quotidien en juin dernier. “Fin juin, j'ai déposé le dossier pour créer un journal arabophone, et le procureur m'a dit que l'enquête exigée dans le dossier allait être entamée dans quelques jours. Mais vu le retard, je suis parti ce matin pour m'informer des suites et c'est là, qu'ils m'ont arrêté” a raconté Aït Larbi, joint par téléphone. L'origine de l'arrestation ? “Visiblement, on n'a pas notifié à la police la cessation de poursuites”, présumait-il en début d'après-midi peu avant sa libération. En d'autres termes, la police n'aurait pas été informée que le journaliste, poursuivi pour une affaire de diffamation en 1994 et condamné en 1997 à six mois de prison ferme par contumace, a été acquitté en 2007. Finalement, les policiers ont vérifié et confirmé qu'il n'est plus poursuivi. Le mandat a été, ainsi, vidé. Y'a-t-il des considérations politiques derrière cette arrestation ? “Je préfère mettre ça sur le compte de la bureaucratie”, affirme à Liberté Aït Larbi, après sa libération, même s'il trouve “curieux” le rebondissement à répétition de cette affaire. Ainsi, le feuilleton judiciaire pourrait être considéré clos. Pour avoir publié en 1994 un article dans le journal l'Evénement sur les conditions carcérales dans le célèbre pénitencier de Tazoult (Lambèse), à Batna, où il a séjourné au milieu des années 1980 avec d'autres compagnons qui avaient lancé peu de temps auparavant la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, Arezki Aït Larbi a été poursuivi pour “diffamation” par le directeur central chargé de l'application des peines au ministère de la Justice. En 1997, il est condamné par contumace à six mois de prison ferme. Ce jugement ne lui a jamais été notifié, et le journaliste n'a jamais pris connaissance de la décision. Ce n'est qu'en 2006, au moment où il entreprend de renouveler son passeport qu'il apprend qu'il a été condamné. Arrêté en 2007 au moment où s'il apprêtait à se rendre en France, Aït Larbi sera jugé en mai de la même année et sera acquitté. Depuis quelques années, il a entrepris de lancer un journal francophone, mais les autorités lui ont exigé de lancer un autre en arabe. Responsable, également, des éditions Koukou, Aït Larbi a édité plusieurs livres dont le dernier de Benchicou, le Mensonge de Dieu.