Pas moins de 200 agressions ont été signalées à travers la ville d'Oran durant la première semaine du Ramadhan, sans oublier les dizaines d'autres non dénoncées afin d'éviter les représailles des criminels qui se baladent avec armes blanches, bombes lacrymogènes, matraques de baseball, marteaux, barres de fer… Des citoyens sont poignardés, tabassés, délestés de leurs argent, bijoux, voiture, portable et même de leurs achats en plein jour. “Les gens ont peur”, avoue Amine, un vendeur de tabac. Les témoins n'osent plus témoigner : “Deux agresseurs ont arraché les boucles d'oreilles à une jeune fille devant tout le monde mais personne n'a osé intervenir”, affirme un sexagénaire. Au boulevard Mascara, où sont installés les plus importants grossistes de la ville, et face à la recrudescence des agressions, ces derniers ont failli baisser le rideau pour dénoncer l'insécurité. Heureusement, l'intervention de leur syndicat, l'Ugcaa, a désamorcé la crise en appelant la police à renforcer sa présence mais “jusqu'à quand devrons-nous subir le diktat des délinquants ?” s'interrogent les Oranais que nous avons accostés. “Les clients sont agressés, à l'intérieur des magasins au vu de tout le monde,” précise un client. Durant ce mois sacré de jeûne, des criminels ont investi le marché de la Bastille, sabres à la main et ont créé un climat de terreur pour des citoyens apeurés et paniqués. Au marché d'El Hamri, de Petit lac, de M'dina jdida, et dans différents points de la ville d'Oran, les agressions touchent toutes les couches sociales et les deux sexes. Cependant, il faut avouer que même les policiers sont agressés et menacés par des hordes sauvages. “La plupart des policiers sont des enfants de la ville. Ils ont peur des représailles comme tout le monde”, nous confie un père de famille. Mais pourquoi cette recrudescence de la délinquance ? Pour les plus avisés, trois causes favorisent ce phénomène. Primo, le manque d'effectifs de la Sûreté urbaine ; secundo, des centaines de récidivistes sont graciés régulièrement à cause du manque de place dans les maisons de rééducation, et viennent gonfler le nombre des délinquants ; et tercio la tolérance des pouvoirs publics pour garantir un semblant de stabilité. En effet, pour Oued Tlélat, une daïra de 45 000 habitants de la wilaya d'Oran, située au carrefour de 4 wilayas, avec deux zones d'activités, des dizaines de chantiers en cours, l'effectif de sa Sûreté de daïra ne dépasse pas les 90 agents, dont 80, seulement, opérationnels vu les congés de maladie et autres contraintes, alors qu'elle a besoin du double. Cet exemple illustre le déficit en effectifs qu'il faut combler ainsi que la dotation de moyens matériels suffisants. “Oran tremble de peur ! C'est inacceptable pour une ville appelée à recevoir des millions de vacanciers et des milliers d'étrangers. Le tourisme et l'investissement passent par la sécurité des personnes et des biens. Depuis plusieurs années Oran souffre de la violence urbaine”, déclare un entrepreneur. De leur côté, les parents sont très inquiets : “Chaque fois que j'envoie des enfants pour faire des achats, j'ai des crises d'estomac de peur des agressions. Ma fille (une universitaire) a déjà été victime du vol de son portable à la gare routière des Castors. Personne n'est venu à son secours”, confie un père de quatre enfants.