Plus de 7 000 patients en attente d'un greffon et moins de 20% parmi eux disposent d'un donneur apparenté. 14 500 malades sont actuellement traités par dialyse et la prévalence de l'insuffisance rénale chronique traitée atteint 460 patients par million d'habitants. Les chiffres sont en hausse. Invités du Forum d'El Moudjahid, à l'occasion de la Journée mondiale du don d'organes et de la greffe, les professeurs Rayane et Benabadji, respectivement président de la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation (SANDT), dialyse et transplantation et chef de service néphrologie du CHU de Béni-Messous, dressent un tableau peu reluisant sur la situation du don d'organes qui connaît un retard en Algérie par rapport à d'autres domaines. Un retard qui trouve son explication à travers un certain nombre de considérations dont notamment la mauvaise interprétation de l'aspect religieux sur le prélèvement d'organes en cas de mort encéphalique. “Depuis des années, nous ne cessons de parler de ce volet mais sur le terrain, on ne voit rien venir. Le citoyen algérien n'est pas prêt d'accepter qu'on prenne ses organes après sa mort. Pour lui inculquer cette culture, il faut beaucoup de temps. Pourtant au plan religieux, côté souvent évoqué par les citoyens, des fatwas n'y voient aucun inconvénient”, dira dans ce cadre le Pr Rayane. Une réalité assez pénalisante quand on sait que le chiffre des demandeurs de rein ne fait que grimper, passant de 3 000 patients en 2000, à plus de 7 000 actuellement dont moins du cinquième dispose d'un donneur apparenté. Parallèlement, plus de 14 500 patients sont contraints à la suppléance (dialyse) alors que la prévalence de l'insuffisance rénale chronique traitée atteint 460 patients par million d'habitants et le nombre d'incidents est estimé à 3 500 nouveaux cas par an. Mais ce qui est encore plus malheureux, c'est le nombre très bas enregistré dans la transplantation qui ne dépasse pas une centaine de cas par an (environ 80 en 2011) alors que les besoins sont estimés à 500 greffes par an. “Le constat est amer à travers cette inadéquation entre l'offre et la demande, malgré des dispositions légales et religieuses très favorables. 99% des transplantations sont effectuées à partir de donneurs vivants apparentés, et seulement 8 greffes à partir de donneurs décédés ont été effectuées durant vingt-six ans. Le prélèvement sur donneurs décédés est marginal en Algérie avec 7 cas sur 1 000 greffes”, commente le président de la SANDT. Des chiffres qui parlent en fait d'eux-mêmes. Ce dernier ajoutera que cette contrainte pèse beaucoup dans la prise en charge rapide du patient qui a une chance sur mille d'être greffé alors qu'en France l'attente ne peut excéder une année. Pour remédier à ces problèmes, la SANDT propose de renforcer la transplantation rénale à partir du donneur vivant en faisant impliquer davantage le législateur sur le don et la greffe rénale. Selon le Pr Rayane, il est impérativement nécessaire d'élargir le cercle des donneurs vivants, actuellement limité aux ascendants collatéraux et descendants. La CNAS montrée du doigt Le Pr Rayane n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger la Cnassat qu'il accuse de faire dans le favoritisme et le népotisme. “Cette caisse ne joue pas son rôle en opérant dans la discrimination. Nous avons des preuves de refus de prise en charge de cas dignes de transfert à l'étranger alors que d'autres obtiennent le sésame pour se faire soigner sous d'autres cieux pour des banalités. Nous interpellons le secteur en charge de cette structure de prêter plus d'attention à la prise en charge des enfants nécessitant une greffe à l'étranger”, souligne le conférencier et de défier le département de Louh en exigeant de revoir les listes des priorités accordées aux transferts à l'étranger. “La commission des prises en charge est opaque, c'est un scandale ! On ne fait pas confiance aux compétences. La preuve est qu'aujourd'hui il y a un médecin au niveau de cette caisse qui fait du chantage aux jeunes médecins néphrologues. Il y a une mafia dans la dialyse et c'est dramatique”, confie l'intervenant. ALI FARÈS algerien 18-10-2011 08:41