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…PORTRAIT…
Epicure
Publié dans Liberté le 15 - 04 - 2012

Mon père m'avait recommandé de ne jamais avoir de dettes. Je ne l'ai pas toujours suivi. Et c'est tant mieux. Fils indigne ? Que non. Mes dettes ne se mesuraient pas en argent, mais en nourriture spirituelle, et oui, what did you expect ? Ainsi, je suis endetté jusqu'au cou vis-à-vis d'épicure. Toute une vie ne me suffirait pas pour m'acquitter de mes créances vis-à-vis de cet homme mort depuis plus de 2000 ans. Mais encore vivant en moi et sans doute aussi en d'autres milliers d'hommes. J'ai rencontré épicure dont on confond souvent la philosophie avec une sorte de mollesse joyeuse alors que j'avais besoin de me consoler de la terrible épreuve que vivait notre famille. Pour faire court, mon benjamin a été écrasé accidentellement un vendredi après la prière par mon frère aîné dans notre propre garage. L'aîné avait un camion 20 tonnes qu'il essayait de stationner, le cadet était derrière pour le guider. Et le voilà plaqué au mur. Il avait 23 ans à peine. 23 ans, vous vous rendez compte ! à cet âge-là, la mort devait réfléchir à deux fois avant de passer à l'acte. Caïn et Abel revisité par Sheakspeare. La douleur qui avait étreint mon cœur - ce frère je l'aimais comme un fils - ne s'estompait pas au fil des jours. Le manque était terrible. Je n'arrivais à oublier ni sa tendresse, ni son dévouement, ni sa gentillesse. Il était ainsi avec tout le monde au point que certains me consolaient en me disant qu'il n'était pas fait pour ce monde mais pour l'autre. En somme, Dieu a emporté ce frère bon, sensible et idéaliste pour lui éviter la souffrance inévitable sur terre. En attendant j'étais un supplicié. Je cherchais à me consoler dans la lecture. Mais le visage de mon frère venait s'interposer entre mes yeux et les mots. Jusqu'au moment où je tombais sur épicure dont je n'ai retenu à l'époque de ma terminale au lycée qu'un précepte : “Le plaisir est le souverain bien.” Le mince livre que j'avais entre les mains s'intitulait Lettre à Ménécée sur le bonheur. Le bonheur ? Quelle idée dans de telles circonstances. Pourtant, je commençais à lire m'attendant à la fuite des mots devant mes yeux. Mais non. Les mots restaient à leurs places sagement. Comme s'ils m'attendaient pour m'offrir la consolation de la philosophie. Dès la première phrase je fus happé : “Quand on est jeune il ne faut pas remettre à philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser de philosopher. Car jamais il n'est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l'âme.” Et voilà que j'ai sous les yeux une pépite sur la mort : “La mort n'est rien pour nous, puisque tant que nous existons nous-mêmes, la mort n'est pas, et quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n'existe ni pour les vivants ni pour les morts puisqu'elle n'a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus.” En moins d'une heure j'ai lu le reste d'épicure : Lettre à Hérodote, Lettre à Pythoclès ainsi que ses maximes. Du coup, je me suis senti apaisé. Il a agi sur moi comme un calmant. Quoi lui que je croyais un maître du plaisir se révèle un consolateur ! En vérité, le plaisir dont il parle est celui de l'absence de souffrance pour le corps et de troubles pour l'âme. Il ressemble d'une certaine façon au Bouddha qui préconise d'éviter le plaisir pour éviter la souffrance. à le suivre on sera tous des robots. Sans peines et sans joies. On connaît le mot de Chamfort : “Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu.” Et qu'épicure pardonne à ceux qui choisissent d'autres chemins que ceux de la tempérance. Toujours est-il que même si ma souffrance était toujours présente je commençais à l'accepter. J'acceptais la rupture, l'horrible rupture définitive et sans retour. Je sortais de ma pénombre au bout de quelque temps. J'étais en miettes. Mais recomposés j'arrivais à me mettre debout, vacillant, mais debout sur ma douleur… C'est vrai qu'il n'y a pas un jour où je ne pense à mon petit frère. Mais souvent j'oublie épicure. Comme c'est un maître indulgent et sage, il m'aurait donné raison. “Oublie les maîtres. Mais n'oublie pas de vivre”, m'aurait-il dit. Vivre pour ne pas oublier…
H. G.
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