Chaque ménage sait qu'il faudra débourser en moyenne entre 16 000 et 30 000 DA de plus que l'année dernière pour un mouton, tout juste convenable pour le sacrifice. À quelques jours de la fête de l'Aïd El-Adha, la folie des prix du mouton ne semble pas connaître d'accalmie. Après les sacrifices consentis à l'occasion du Ramadhan, de l'Aïd El-Fitr et de la rentrée scolaire, voici venue l'autre fête, tout aussi inévitable, dont le coût financier risque d'être à la portée des seules familles aisées. Le mouton le moins cher est cédé à plus de 25 000 DA. Cette année où l'élevage est pourtant en abondance, les prix n'ont pas attendu les derniers jours de l'Aïd pour prendre leur envolée, entraînant dans leur sillage le prix de la viande au détail qui, elle aussi, a atteint des prix inégalés depuis plusieurs mois déjà. Un fait que nous avons constaté après avoir fait une virée dans les marchés de la ville. La bête du sacrifice est cédée entre 28 000 à 45 000 DA. Un père de famille accompagné de ses deux fils nous dira : “Je suis venu juste pour regarder les prix, mais je ne pense que je vais acheter un mouton cette année." En effet, un véritable dilemme se pose aux chefs de famille à l'approche de cette fête. Acheter le mouton quitte à s'endetter, même au détriment des enfants, lesquels attendent cet événement avec joie et impatience. “Je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit depuis un certain moment. J'ai commencé à me faire du souci bien avant le mois de Ramadhan. J'étais sûr que je ne parviendrai pas à assurer un mouton à ma famille. Mon salaire est la seule rentrée financière que nous avons. J'ai déjà fait plusieurs emprunts pour passer dignement la fête de l'Aïd El-Fitr et faire face à la rentrée scolaire. Je n'ai pas encore remboursé ces dettes qu'il faut que j'en fasse encore", se plaint un autre père de famille, fonctionnaire et papa de 3 enfants. Chaque ménage sait qu'il faudra débourser en moyenne entre 16 000 et 30 000 DA de plus que l'année dernière pour un mouton, tout juste convenable. Alors les familles les plus démunies vont devoir s'endetter, certaines pour longtemps, mais comment faire autrement. Cette année, la cherté des prix a plusieurs explications. Certains éleveurs expliquent cette flambée des prix par la forte demande à l'approche de l'Aïd et des fêtes qui en découlent, à savoir le retour des mariages, mais également par la cherté des aliments de bétail et d'une pluviométrie capricieuse. Mais il y a aussi les revendeurs, maillon incontournable pendant cette période. Certains s'emparent vite de l'occasion. Les moutons sont achetés très tôt sur le marché à des prix raisonnables, puis revendus ensuite à la pièce à des prix beaucoup plus élevés. Quant à la viande blanche, malgré une production en hausse, selon la direction de l'agriculture, les prix du poulet demeurent assez élevés. Certains bouchers affichent 370 DA/kilo. L'explication donnée par les aviculteurs est que le prix de l'aliment des volailles a subi une flambée au moment où la demande des ménages a explosé. H C