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MALI : Le refus algérien d'une intervention armée(4e partie et fin)
Sécurité et profondeur stratégique algérienne
Publié dans Liberté le 26 - 11 - 2012

Si l'intervention armée est réellement inscrite dans un agenda, comme le dit M. Medelci, ni l'Algérie, ni le Maroc ni tous les autres Etats réunis ne pourront s'opposer au rouleau compresseur des pays occidentaux, à moins qu'une solution pacifique ne soit trouvée avec les autochtones maliens. Le miracle serait que les Russes et/ou les Chinois y opposent leur veto. Or, il n'est pas certain que ces deux pays veuillent encore être confrontés aux USA, d'autant que la Maison- Blanche semble prête à faire des concessions sur la Syrie où elle a militairement perdu la bataille. Pourquoi défendraient-ils des pays maghrébins qui se sont tous alignés sur l'Alliance atlantique ?
En cas d'intervention, il est à espérer que les velléités occidentales de sécurisation de leur profondeur stratégique ainsi que de protection et d'extension de leurs intérêts dans la région ne visent pas à créer une régression féconde ou un “chaos constructeur", comme en Irak, en Afghanistan, en Somalie et au Nigeria.
Le “chaos constructeur" est un concept de politique étrangère américaine qui préconise la création du désordre dans une région riche et instable pour y imposer un ordre nouveau. “Pour les théoriciens du chaos constructeur, c'est après la violence et le chaos que les Américains peuvent créer des Etats à souveraineté négative afin d'exploiter leur sol et sous-sol sans grande résistance", écrit Mahatma Julien Tazi K. Tien-a-be de l'université de Kinshasa dans son Diplôme d'études supérieures en relations internationales 2009 intitulé “La politique étrangère des Etats Unis d'Amérique vis-à-vis de la République démocratique du congo: de 1990 à 2006". Il ajoute : “L'objectif américain dans le Moyen Orient était donc simple : le contrôle des zones appelées ‘l'arc de crise'. Cette région est riche en hydrocarbures. Elle porte sur l'arc rejoignant le Golfe de Guinée à la mer Caspienne, en passant par le Golfe persique. Pour y arriver, l'impératif américain est d'imposer une redéfinition des frontières, des Etats et des régimes politiques. Il s'agit bien d'un remodelage du Grand Moyen-Orient [...] L'idée est simple : substituer aux Etats hérités de l'effondrement de l'Empire ottoman des entités plus petites à caractère mono-ethniques, et neutraliser ces mini-Etats en les dressant en permanence les uns contre les autres. En d'autres termes, il s'agit de revenir sur les Accords conclus secrètement, en 1916, par les empires français et britanniques, dit Accords Sykes-Picot et de consacrer la domination désormais totale des Anglo-Saxons sur la région".
Il est indéniable que les velléités séparatistes de certaines ethnies ou communautés sont plus nourries par les services secrets occidentaux que par des injustices réelles ou supposées.
En Afrique du Nord, la majorité des communautés ont vécu des siècles sinon des millénaires en harmonie. Les conflits et les heurts ne sont apparus qu'avec le divide ut regnes colonial, et c'est le néocolonialisme qui a exacerbé les conflits, stigmatisé les différences, encouragé les divisions.
L'intervention au Mali risque de déraper et d'ouvrir le champ au dépeçage d'un pays ou même de toute une région, à sa mise à sac, voire sa partition, dans le genre des scénarios initiés par la France au Biafra (1967-1970), au Rwanda ou en Côte-d'Ivoire, et par les USA en République de Serbie, en Tchétchénie, en Irak, au Soudan... Des faits troublants laissent penser que l'invasion du nord-Mali par des rebelles et des terroristes financés par un même commanditaire obéit à un plan minutieux préparé avant la chute de Kadhafi.
Terrorisme : un outil de politique étrangère
Aujourd'hui, le terrorisme est devenu ouvertement un outil de politique étrangère pour de nombreux pays comme l'a clairement montré la crise libyenne et comme le montre surtout la crise syrienne : la Turquie, les Emirats, le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, l'Angleterre, les USA, la France et l'Allemagne disent officiellement fournir des armes aux groupes armés d'une “Armée syrienne libre" que tout le monde sait composée essentiellement de djihadistes dont certains affiliés à Al-Qaïda. Une frontière instable de 1400 km avec le Mali et de 1000 km avec une Libye encore très instable avec comme trublions Aqmi, Ansar Eddine, Mujao et MNLA, cela fait beaucoup. Beaucoup même s'il n'y avait pas ce diable qatari qui attise le feu islamiste et séparatiste. Aujourd'hui, l'islamisme bénéficie de la mansuétude occidentale et la “question touareg", du capital sympathie lié à l'exotisme des hommes bleus. Beaucoup de médias occidentaux malintentionnés ou mal informés mettent en exergue la “marginalisation" des Touareg qui, pourtant, vivent dans les mêmes conditions que les autres communautés au Mali, en Algérie, au Niger, en Libye ou au Burkina Faso, avec des différences liées à la santé économique de chacun de ces pays.
L'influence algérienne, dans les années 1960-70, s'étendait dans toute l'Afrique, dans le monde arabe et musulman et sa voix était entendue dans le monde entier grâce à l'organisation des non-alignés.
Après la mort de Boumediène, Kadhafi a commencé à étendre ses zones d'influence et s'est fait reconnaître comme leader dans la région du Sahara. En 1981, un mouvement politique fantôme fut créé : le Front populaire pour la libération du Sahara arabe central, suivi d'une flopée de nébuleuses séparatistes touareg caractérisées par la violence.
C'est encore ce qui se passe aujourd'hui : des partis mystérieux se créent sous notre nez. Désormais entourée de pays fortement instables, l'Algérie fait face à des risques géopolitiques énormes avec un Mali brusquement devenu une poudrière sinon une bombe à retardement pour lui-même et ses voisins, dont notre pays qui, il faut la rappeler, a lutté tout seul contre le terrorisme islamiste soutenu par les pays occidentaux, USA et France en tête, ainsi que par les pays du Golfe.
Les effectifs des groupes armés qui occupent le Nord-Mali (vrais et faux djihadistes, mercenaires et vrais et faux rebelles) avoisineraient les 4000 ou 6 000 hommes. Une intervention armée est certainement capable de restaurer la souveraineté, l'unité et l'intégrité du Mali et de sécuriser le Sahel et le Sahara, du moins jusqu'à un certain niveau.
L'Algérie a prouvé que la lutte antiterroriste est efficace lorsque menée sans arrière-pensées impérialistes, contrairement à celle menée en Afghanistan par les forces de l'Alliance atlantique. A elle seule, l'Armée nationale a pu éradiquer des dizaines de milliers de terroristes en quelques années. En quelques mois, la Syrie en a éradiqué des milliers dotés d'armes hyper-sophistiquées. En octobre 2012, les djihadistes d'Al-Shabbab qui sévissaient depuis des années dans la ville de Kismaayo ont été délogés en quelques heures seulement par les forces de l'Union africaine en Somalie (Amisom) qui ont également repris d'autres localités. Ce ne sont pas des groupes terroristes, des mercenaires sans conviction et quelques rebelles divisés qui pourraient effrayer des armées régulières africaines ayant le soutien des populations maliennes et sahariennes connues pour leur pacifisme et qu'il ne faut pas assimiler aux trublions sécessionnistes ni aux criminels islamistes. Une ingérence étrangère peut dégénérer si elle est le fait de forces occidentales ou manipulée, et c'est cette deuxième menace qui se profile dans le cas malien.
L'inaction, cause des nouvelles menaces
Les pays du champ (Niger, Mali, Mauritanie, Algérie) ont depuis plusieurs mois créé un état-major militaire installé à Tamanrasset pour lutter contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers. Il y aurait eu des opérations isolées contre des groupes islamistes de la part des Mauritaniens et des Algériens, mais pas d'opération d'envergure pour empêcher l'avancée des groupes terroristes en territoire malien : l'initiative leur a donc échappé au profit de la Cédéao dont le Mali est également membre. A vouloir trop bien faire, l'Algérie a-t-elle mal fait ? En tout cas, c'est le Mali qui a demandé l'intervention, préférant le risque d'explosion à la situation de pourrissement qui prévaut actuellement et qui n'augure rien de bon pour ce pays comme pour ses voisins s'ils ne trouvent pas de solution. L'inaction n'a fait que renforcer les groupes dont les buts se sont vite écartés dès lors qu'ils ont cru pouvoir s'éterniser dans leur nouveau fief. Il a suffi de quelques heures pour le MNLA et les terroristes de déloger l'armée régulière du nord du pays en janvier 2012 et il en a suffi autant aux “djihadistes" africains d'Ansar Eddine pour déloger le MNLA de Kindal, Gao et Tombouctou. Le MNLA a prouvé son manque d'ancrage au sein de la population touareg mais surtout son flagrant manque d'effectif qui ne dépasserait pas quelques dizaines d'éléments : le 19 novembre 2012, il a également été battu par le Mujao qui l'a chassé de son dernier fief, Ménaka. Ansar Eddine prône l'application de la charia pourtant il n'est pas composé de djihadistes convaincus mais de mercenaires africains recrutés avec de l'argent qatari.
Tous ces éléments montrent que la bombe est facile à désamorcer si le tapis pouvait être retiré de sous les pieds du trublion qatari, mais là est une autre question.Le recours à la fermeture des frontières est-il une solution au péril terroriste et aux menaces qu'une intervention risque d'induire ? Quid des atteintes aux droits humains chez nos voisins ? Fermer les frontières n'est-il pas aussi une option militaire dans la mesure où cela empêchera l'entrée des éléments traqués en territoire algérien ? Une attitude de conciliation et/ou de neutralité face au conflit malien serait inefficace sans une nouvelle stratégie de politique étrangère dans tout le Sahel, pour contrecarrer celle des pays occidentaux et des pays du Golfe qui tirent les ficelles. L'urgence n'est pas strictement militaire ou sécuritaire mais également politique, économique et culturelle, en commençant à renforcer la profondeur stratégique du pays (aide, solidarité, coopération et échange économique, partenariat...) Se bunkériser sans agir sur le mal et ses causes, là où elles se trouvent, équivaut à une attitude de l'autruche. Un minuscule Qatar active à des milliers de kilomètres de ses frontières et l'Algérie se replie dans sa coquille ! La défensive n'éloigne pas les risques et donne l'impression de faiblesse d'un Etat qui ne va pas au-devant des menaces qui le visent. En laissant se rapprocher ces menaces, on paie aujourd'hui le prix fort de devoir fermer les frontières, en espérant que n'advienne le pire.
A l'Algérie et aux autres pays du champ de continuer leurs missions de bons offices, puis de veiller à ce que les Occidentaux ne transforment la région en zone éternelle de non-droit, car ce ne sont pas les terroristes qui font peur mais ceux qui les nourrissent et arment d'une main et font semblant de les combattre de l'autre.
A. E. T.


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