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La Rose blanche
Publié dans Liberté le 12 - 01 - 2013

Si la majorité savait que tu t'étais battue comme une lionne pour élever tes six enfants, beaucoup ignoraient que tu as fourni la même énergie en combattant pour l'honneur de l'Algérie et son indépendance.
«Mawlana Salli wa Sallam / Da'iman abada
3ala habibika khayr al khalqi kullihimi
Ya rabbi salli 3ala Muhammadin wa 3ala sadatina alihi
Wa sahbihi al kirami..
A min tadhdhakuri jirani bidhin salami
Ma zalta dam3an jaran / Min muqlati bidami
Am habbattu arrihu min tilqa'i kadhimati
Wa awmadu al birqu
Fi attalma'i min idhami......»
C'est par ce magnifique chant d'Al Boussayri et aussi par Al Jalala que tu fus accompagnée depuis la grande mosquée de Tlemcen jusqu'à ta dernière demeure. Etaient présents ceux que tu avais aimés : Tes frères, ton fils, tes beaux-frères, tes cousins, tes neveux, tes gendres et petits-fils.
Dans le cortège, se trouvaient des hommes qui avaient fait le trajet depuis Paris, Genève, Lausanne, Alger, Mascara, Sidi Bel-Abbès, Oran et d'autres villes d'Algérie. Ils ont tous répondu présent et ont tenu à te rendre l'hommage que tu méritais et que tu n'avais jamais recherché de ton vivant. Si la majorité savait que tu t'étais battue comme une lionne pour élever tes six enfants, beaucoup ignoraient que tu as fourni la même énergie en combattant pour l'honneur de l'Algérie et son indépendance.
Fière et farouche, tu avais horreur des vantardises et des “Moi, je, Moi, je". Tu ne cessais de répéter “A3udu bi Allahi min kalmat Ana". Tu as appris à tes enfants la modestie et l'humilité. Tu nous as élevés dans le respect sans bornes des valeurs qui ont fait le ciment des familles Gourmala, Hassaïne, Taleb, Al Hassar, Abi-Ayad et Benmansour :
-L'amour de la science et de la connaissance, la liberté de l'esprit et du raisonnement, le courage de défendre ses idées.
Tu nous répétais cette phrase que t'avait apprise notre père, ton mari : “Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
“La Rose Blanche", ainsi t'appelaient dans ta jeunesse les habitants de Tlemcen.
Et, en effet, tu étais d'une beauté à couper le souffle, jusqu'à... ton dernier souffle !
Veuve à 28 ans, tu as su trouver en toi la force surhumaine pour mener de front l'éducation de tes six enfants, t'occuper de tes frères et sœurs orphelins de leur mère et combattre pour la dignité et l'indépendance de ton pays, l'Algérie. Je ne sais pas si tu avais mesuré les risques, mais tu les avais pris et tu as gagné !
Tu as réussi à nous inculquer ce qu'avait eu le temps de te transmettre en dix ans de mariage notre père Mohammad Benaouda Benmansour :
-Avoir le courage de ses opinions et savoir les défendre, même au péril de sa vie.
- Être fier de ses origines et ne pas céder d'un pouce.
-Redresser la tête quand certains cherchent à la briser.
- Avoir le culte de la famille du Prophète, le perpétuer par son travail et son comportement. Tu ne cessais de répéter, toi la “kouloughli" les paroles de notre père “N'est pas de la famille du Prophète qui veut !".
C'est toi Al Qurghliya qui, pour tenir l'engagement pris auprès de notre père, nous emmenait à Aïn El Houtz, berceau de la descendance du Prophète. Tu nous as transmis l'enseignement de Mohammad Benaouda Benmansour, sur l'histoire des Ahl Al Bayt installés à Aïn El Houtz ; celle de Sidi Souleymane et de son frère Moulay Idriss Al Akbar, celle de Muhammad Nafs Az-Zakiyya, celle de Sidi Muhammad Ben Ali, de Sidi Mansour l'indomptable et de Sidi Abdallah Ben Mansour. C'est toi qui, en souvenir de ton époux, nous emmenais en pèlerinage à Aïn El Houtz. C'est surtout toi qui, en berçant ton fils, notre frère, as incrusté dans notre mémoire les chants sur Ahl Al Bayt qui se perpétuent depuis la nuit des temps .
“Wa al gouba, ya lalla, wa al gouba ma ahlaha/ Wa al gouba ya lalla Sidi Abdallah mawlaha."
“Sidi Muhammad Ben Ali jani fi amnam Allah/ Moul al khalwa ya sam3in/Zartu wa a"tani Allah..."
A force de t'entendre répéter cet énoncé : “Ah ! Si je savais écrire, si je savais écrire, j'en aurais écrit des livres !" j'ai eu le courage de prendre la plume “Al Qalam". Car cela demandait du courage qu'une femme prenne la plume à Tlemcen et transgresse un tabou.
Si Dar Sbitar et Aïni ont inspiré Mohammed Dib, Derb Messoufa, Al Qaysariya, Tafrata, Al Medress, Bab Al Ajyad, Bab Sidi Boumediene, Bab Al Qarmadine, Bab Al Ahdid, Al Kalaa, Derb Sidi Zekri, Rhiba et tant de ruelles, de venelles, de places et de mosquées ont nourri ma mémoire que tu as contribué à préserver.
Pour toi, si on devait être premiers à l'école des Français, on devait surtout l'être à l'école coranique. Tu veillais à ce qu'à tour de rôle, tes filles récitent des sourates du Livre sacré. Malheur à celle dont la mémoire trébuchait ! Malheur à celle qui bégayait ! Lorsqu'excédée parce qu'une de tes filles “ânonnait" plus que d'habitude, tu envoyais chercher Madjid “le fils de Kenza". Ce lecteur et récitant du Coran était “notre sauveur". Dès qu'il se mettait à déclamer sourate “Ar-Rahmane", ta préférée, nous avions tous la chair de poule et les larmes se mettaient à couler.
C'est ton éducation qui nous a préservés et immunisés de tout discours extrémiste. Tu avais l'habitude dire “Atlab achwiyya min rabbi aw bazzaf min 3abdu". Tu ne cessais de répéter “Qui ne comprend pas un regard, ne comprendra pas mieux une explication". Les sages ont déclaré : “Il faudra attendre la mort pour bien juger la vie." Et crois-moi, petite mère, tous ceux qui étaient présents à ton enterrement ont témoigné de ta dignité, de la force de ton caractère, de la subtilité de tes propos, de ta générosité et de ton hospitalité. Tes proches disent que ta maison de Derb Messoufa, comme celle d'Al Kalaa, ne désemplissait jamais.
C'était une véritable zaouïa. En effet, tu nous as élevés à être hospitaliers, à partager notre nourriture avec tout “Dif Rabbi" qui franchissait le seuil de ta demeure.
Te dire petite mère que ton courage, ta volonté, ta bravoure, ta franchise, ta culture, ton humour, car tu avais beaucoup d'humour pour supporter de vivre, illustrant les propos de Freud “L'humour est l'élégance du désespoir", nous ont donné cette force qui faisait dire à ceux et celles qui étaient en contact avec tes enfants “Ce sont des battants(e)". En réalité, nous sommes les enfants de Zoubida Abi- Ayad , de Mohammad Benaouda Ben Mansour et de Abi-Ayad Al Ghaoutsi.
Ta vie, petite mère, peut être résumée par les sages paroles de Djalal Eddine Rumi :
“Sois comme l'eau courante pour la générosité et l'assistance
Sois comme le soleil, pour l'affection et la miséricorde
Sois comme la nuit, pour la couverture des défauts d'autrui
Sois comme la mort pour la colère et la nervosité
Sois comme la terre pour la modestie et l'humilité
Sois comme la mer, pour la tolérance
Ou bien parais tel que tu es ou bien sois tel que tu parais."
Dans ta vie bien pleine, tu as choisi d'être telle que tu paraissais, ayant en horreur les hypocrites.
Tes frères, Abderrezaq, Mourad et Mahmoud, disent que tu étais un monument.
Pour nous, tes enfants, tu étais tout simplement une maman. Te dire que tu as laissé un grand vide, te dire que jusqu'à ton dernier souffle, tu as été d'une dignité hors du commun, te dire que ton visage était d'une beauté irréelle, ne retirera rien au chagrin qui nous habite depuis ton départ.
Repose en paix, petite mère, tes dernières volontés ont été respectées à la lettre. Ta maison est redevenue zaouïa, où les chants des Darqawas ont résonné tard plusieurs nuits durant. Al Jalala, Al Latif et Al Burda ont été entonnés par tes proches, tes frères et sœurs, tes belles-sœurs, tes gendres, tes cousins, tes neveux et nièces, tes enfants, tes petits-enfants et arrière-petits-enfants.
“La Illaha Illa Allah/ Muhammadun rasulu Allah
La Illaha Illa Allah/ Muhammadun rasulu Allah.
Mawlaya salli wa sallam da'iman abada
3ala habibi khayri al khalqi kullihimi
Ya rabbi salli 3ala Muhammadin wa 3ala sadatina ahlihi
Wa sahbihi al kirami..."


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