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La Tunisie, entre saints barbus et seins nus
Publié dans Liberté le 15 - 06 - 2013

Trois femmes se disant appartenir au mouvement « féministe » ou «sextrismiste » Femen ont envahi le palais de Justice de Tunis, deux françaises et une allemande topless (seins nus), révoltées, enragées, criant « free Amina », « f*** morals » « f*** charia », une scène inédite en Tunisie, première dans le monde Arabe. Elles ont envahi juste après, notre quotidien, nos conversations, nos anecdotes et nos déboires. Ces Femen-renfort ont mis six journalistes en prison, une toile en ébullition, et une société KO. Voilà donc l'image qui se dessine peu à peu de la Tunisie d'aujourd'hui, d'extrême en extrême, nous n'avions pas repris nos esprits d'Asnar Al Charia, des prédicateurs fous furieux qui viennent pérorer de longs discours religieux haineux et diviseurs, qu'on se retrouve à parler de nudité. Une situation qui nous fait penser à l'aphorisme célèbre de Sammuel Rochardson, « un extrême en produit un autre », une théorie parfaitement vérifiée dans cette Tunisie postrévolutionnaire que nous avons du mal à accepter et à reconnaître. Une Tunisie divisée entre les seins nus et les saints barbus, au secours mammaires (ma mère) ! Désormais, le mot Femen s'impose dans notre quotidien, il s'incruste, se fait prononcer par des Tunisiens, perdus, déçus et mitigés. « Je ne sais plus à quel saint (sein) me vouer, je ne sais plus où donner de la tête, seins nus, saints barbus ou malsains couverts occupant les sièges de l'ANC » ? Cri d'alarme de la Tunisie indignée, cette femme barbue aux seins nus. Voilà une preuve de plus que la Tunisie est un pays unique, sans égal, avez-vous déjà vous une femme barbue aux seins nus ? Maintenant oui... C'est terrible à lire, encore plus à écrire, mais ce serait vous dire très peu de la vérité, la vérité est que cette femme aussi bizarre soit elle, même durant cette période de crise lactique, reste debout, forte, même condamnée, elle se bat...
Qui sont-elles?
On nous parle depuis des mois du printemps de la femme « woman spring » mais qui aurait pensé que ce sont les « seins » qui qui vont provoquer toutes les révolutions en Tunisie ( Affaire Bouaazizi qui a « déclenché » la révolution, c'est aux seins de la policière que ce « martyr » s'est attaqué » ) c'est aussi à cause d'une paire de seins (Leila Trablesi ) que la Tunisie a vécu 23 ans de dictature, sans parler de l'autre pair de seins ( plus féministe il faut dire ) de Wassila Bourguiba qui a ruiné notre leader, Habib Bourguiba, que nous regrettons jusqu'à aujourd'hui. Femen, en ukrainien : Фемен est un groupe contestataire féministe d'origine ukrainienne, fondé à Kiev en 2008 par Anna Hutsol, son actuelle présidente, Oksana Chatchko et Alexandra Chevchtchenk expulsée de Tunis. Le groupe est devenu mondialement connu pour avoir organisé des actions, essentiellement seins nus, dans le but de défendre les droits des femmes, mais les Femen sont partout : mariage pour tous, démocratie, droits des femmes Ce qui les conduit aussi à s'impliquer sur plusieurs autres sujets, notamment pour la démocratie et contre la corruption, la prostitution ou encore l'influence des religions dans la société. Les militantes de Femen sont ainsi adeptes d'un féminisme radical qu'elles appellent « sextrémisme ».
« Accusée, habillez vous » !
Amina c'est la Femen tunisienne qui fait couler beaucoup d'encore depuis des mois. Elle est emprisonnée depuis le dimanche 19 mai 2013, date de son arrestation à Kairouan. Son procès a débuté ce jeudi 30 mai 2013 à Kairouan avec comme seule et unique charge le port illégal d'un spray d'auto-défense. Cette arrestation arrive quand Amina, âgée d'à peine 18 ans, tague le mot « Femen « sur un muret du cimetière de Kairouan. Les Chefs d'accusation pour Amina sont donc, le port d'un spray d'auto-défense (bombe lacrymogène), profanation de cimetière, atteinte aux bonnes mœurs et association de malfaiteurs. Des condamnations trop lourdes pour ses petites épaules de dix-huit ans ... Tout a commencé quand Amina s'est affichée seins nus sur sa page Facebook avec le slogan « mon corps m'appartient » ce geste a partagé la société tunisienne, certains (peu nombreux) l'ont soutenue (ils sont surtout soutenu le message écrit en noir sur sa poitrine blanche). D'ailleurs qui ne se rappelle pas de l'intervention du salafiste fou furieux sur le plateau de l'émission «Labess» de la chaîne Attounissia « que le geste de l'activiste féministe [Amina, en affichant des photos d'elle seins nus sur sa page Facebook] est passible (...) de lapidation ». Cela étant, Amina a aussi trouvé du soutien ; et ce même en Algérie. Le jeune Zak Ostmane, a posé torse nu lui aussi, il avait écrit sur sa poitrine « Free Amina », il a même organisé un rassemblement de soutien à Amina Tyler avec quelques militants algériens, ces derniers ont adressé une lettre de soutien à Amina, à l'ambassadeur de Tunis à Alger.
Changement de pôle d'attraction
Bref, depuis l'arrestation d'Amina, nous avons eu la joie d'accueillir beaucoup de jeunes femmes qui ont enlevé le haut, non pas pour bronzer dans les plages nudistes de Sousse mais pour protester contre l'arrestation de leur camarade Amina (à distance). Qui a dit qu'il n'y avait plus de tourisme en Tunisie ? Le procès des trois Femen est finalement reporté au 12 juin, une autre raison pour croire que nous sommes affables en matière de seins (saints). Amina quant à elle, a été recouverte, d'un « Safsari », ce voile Blanc Tunisois de la tête aux pieds mais sa sentence n'a pas encore été prononcée. A prendre ou à laisser Comment prendre un modèle importé alors que nous avons l'embarras du choix en matière de combat féministe tunisien ? Si nous avons oublié Alyssa, Aziza Othmana, Tahar Al Hadda, Bourguiba, on ne peut omettre que les tunisiennes libres se battent tous les jours, en occupant les rues, les postes clés de décision, les écoles, les universités, l'armée et le vide creusé par les obscurantistes. Elles ne parlent pas avec leurs seins-nus mais avec leurs plumes... Tyler, n'est pas un mot tunisien, il est importé, étranger à notre Tunisie, les procédés de protestation de ces seins-nus sont plus choquants qu'aboutissants. N'oublions pas que nos femmes disposent néanmoins du statut le plus libéral du monde arabe depuis les années 1950 et ce n'est pas avec des seins en l'air que la tunisienne a obtenu ce statut. La tunisienne a occupé les rues de la science et du savoir, les sièges des universités, les hautes collines du nord, la chaleur du sud, qu'elle soit artisane, médecin, politicienne, soldat elle est côte à côte avec l'homme, elle a fait avorter cette vaine tentative des obscurantistes opportunistes qui voulaient la faire passer d'égale à complémentaire. Cependant, nul ne saurait saluer le courage de la jeune Tunisienne, qu'elle soit manipulée ou non, Amina, veut tant bien que mal, faire bouger les choses et préserver le statut de la femme tunisienne. La garder en prison alors que des terroristes gambadent dehors est simplement, injuste et immoral, en écrivant ceci, j'ai envie de crier « free Amina » mais à la tunisienne et non avec des seins nus. Pour finir, j'adresse un message qui me turlupine depuis le premier bobos en l'air que j'ai vu.... « Femen, Antigone et autres groupes dont l'âge est plus jeune que la révolution du pays d'Alyssa, vous faites mal au féminisme, allez donc vous dénuder ailleurs, ce n'est pas en vous dénudant vos seins vidés de nationalisme, d'amour de la patrie, et de valeurs que nous allons rédiger notre constitution, ce ne sont pas non plus vos seins nus qui vont nous révéler qui a tué et commandité le meurtre de Chokri Belaid, cette terre n'est pas la vôtre, mais nous vous invitons à y apprendre les bases du féminisme, nous vous offrirons volontiers l'ouvrage de Tahar Al Haddad, Femen, la première femme arabe médecin était tunisienne, la première femme arabe pilote aussi. Femen, la femme tunisienne représente 72 % des pharmaciens, 42 % du corps médical, 27 % des magistrats, 31 % des avocats et 40 % des professeurs d'université et ce n'est pas en se dénudant les seins qu'elle en est arrivée là... » Rhabillez-vous, rentrez chez vous, faites moins de bruit, ici nous écrivons....une constitution.
M.E.B
NB : Les opinions et les avis exprimés ne reflète pas nécessairement ceux de Liberté
Lire les anciennes chroniques :
-Tunisie, le pays de onze millions de vents
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