L’Opep décide de réduire la production de 1 MBJ

PÉTROLE

Les marchés ont réagi à l’annonce de la diminution du niveau d’extraction de l’organisation : les prix du baril de pétrole étaient, hier, en augmentation.
Coup de théâtre, hier, à Alger. L’Opep a décidé de réduire de 1 million de barils/jour (1 MBJ) son plafond de production, actuellement, de 24,5 millions de barils/jour à partir du 1er avril. Ce qui constitue une surprise. On s’attendait à un maintien du niveau d’extraction de l’organisation. La conférence ministérielle extraordinaire de l’OPEP, qui s’est tenue à Alger pour la première fois, a donc arrêté, hier, à l’unanimité, une décision importante qui est susceptible de tirer les prix du brut à la hausse le second trimestre, période où on s’attend à une forte baisse de la demande. Traduire : l’Opep a également décidé d’une plus grande discipline au sein de l’organisation, en somme le respect des quotas. Ce qui signifie qu’elle va également retirer du marché 1,5 MBJ, correspondant aux dépassements des quotas par certains pays membres. Si les prix flambent entre-temps bien au-delà des 28 dollars, l’Opep se donne également la possibilité d’intervenir d’ici à la réunion de Vienne en alimentant le marché comme elle l’a fait à plusieurs reprises.
“C’est un signal que nous avons voulu donner au marché�, a expliqué le président de l’Opep, M. Purnomo Yugsantoro, lors de la conférence de presse, organisée, hier, à l’issue de cette 129e conférence ministérielle de l’Opep. Pourquoi une décision maintenant et pas le 31 mars lors de la réunion ordinaire de l’organisation à Vienne ? À cette date, il sera trop tard, a répondu M. Chakib Khelil, en marge de la plénière. Dans le communiqué de presse, distribué à l’issue de la conférence, on retrouve les raisons d’une telle décision surprise. Les projections de l’organisation indiquent, lit-on, qu’il existera un significatif surplus de pétrole au cours du second trimestre 2004. Cette situation va exercer des pressions sur les prix conduisant à une volatilité des cours du brut qui n’est dans l’intérêt de personne. La préoccupation de l’organisation est également la faiblesse du dollar par rapport aux autres principales monnaies qui a des répercussions négatives sur les budgets des pays membres parce qu’elle réduit le pouvoir d’achat des revenus en dollars des exportations pétrolières. Cette question de l’érosion du dollar américain et du pouvoir d’achat des exportations constitue actuellement l’une des préoccupations fondamentales de l’Opep. C’est pourquoi cette dernière a intégré la dépréciation de la monnaie américaine dans la fourchette 22-28 dollars, un objectif de prix toujours actuel. Si cette faiblesse du dollar s’installe dans la durée, l’Opep prendra la décision adéquate pour protéger ses revenus, a répondu le président de l’organisation à une question sur les conséquences d’un dollar maintenu longtemps à la baisse. Par ailleurs, les pays membres et les clients ont quarante jours pour se préparer à cette réduction du plafond de production de l’organisation.
Ainsi, en dépit d’un marché qui connaît actuellement une hausse des prix malgré l’abondance de l’offre en raison d’incertitudes géopolitiques, l’Opep a préféré anticiper une réduction de la production dès aujourd’hui pour préserver la hausse des prix du pétrole le second trimestre, avant de s’attaquer à la situation de baisse également de la demande en été. Elle compte poursuivre le dialogue avec les non-Opep pour qu’ils s’alignent sur cette décision. Le Mexique, l’Angola et Oman, qui ont assisté à cette réunion en tant qu’observateurs, appellent, eux aussi, à plus de communication et de concertation avec l’Opep. Reste à savoir quelle sera l’attitude de la Russie qui a tendance à profiter de ces situations pour gagner des parts de marché ? Reste également la question éternelle du respect des quotas. Des analystes doutent toujours de la capacité de l’Opep à assurer la discipline en matière de quotas. Bonne nouvelle pour l’instant, l’Irak ne pourra produire dans les prochains mois qu’entre 2,3 et 2,8 millions de barils/jour, a indiqué un représentant irakien à la conférence.
À noter que les cours du pétrole se sont raffermis hier à l’annonce de la décision de l’Opep. En effet, à 17 heures 30 gmt, le brent était coté à 29, 72, soit une hausse de 61 cents.
N. R.