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LE REALISATEUR, KARIM MOUSSAOUI, À LIBERTE
"Dans le film, j'essaie de mettre en évidence l'envie de vivre coûte que coûte"
Publié dans Liberté le 21 - 10 - 2013

Après Oran et Namur, les Jours d'avant (qui participera notamment aux festivals de Rome et d'Abu Dhabi) vient d'obtenir le Griot du court métrage au Festival du film africain de Cordoue (Espagne). Dans cet entretien, le réalisateur, qui signe avec les Jours d'avant sont troisième court métrage, revient sur l'élaboration de son film.
Liberté : Comment est né le scénario des Jours d'avant ?
Karim Moussaoui : En 2010, j'avais postulé pour des ateliers d'écriture de scénario, pour un programme qui s'appelle Méditalents, et je venais juste d'écrire un scénario de long métrage qui n'était pas abouti, bien évidemment. J'ai donc postulé pour une résidence de réécriture qui allait me confronter avec d'autres scénaristes, d'autres professionnels. Et c'est à ce moment-là que mon projet a été retenu à Méditalents et que je me suis retrouvé à écrire au Maroc. Durant ces ateliers, on nous a donné un exercice qui consistait à écrire un court métrage autour des personnages qui se trouvaient dans le long. Et dans mon long métrage, il y a plusieurs personnages centraux, et j'en ai choisi deux : Jaber et Yamina. Je devais, en fait, imaginer ce que c'étaient Jaber et Yamina avant, 15 ans auparavant, et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire une histoire autour de mes personnages du long métrage. Sachant que par la suite, le projet de court métrage était complètement émancipé ; il a évolué en dehors du long métrage, puisque je ne tenais plus compte des personnages du long, et c'est comme ça que les personnages ont évolué un peu à part dans le court métrage. Je commençais donc à écrire à Méditalents, et mon intervenante, Virginie Legeay – on a énormément discuté de cinéma, et on s'est rendu compte qu'on partageait plein de choses – a décidé de me produire. Donc, en partant en France, elle rencontre une amie à elle, Rebecca Levy-Moreau, qui a une boîte de production et qui lui parle de moi, et avec les Loupiotes, la production française décide me produire. Entre-temps, j'avais rencontré Adila Bendimerad du côté algérien, et qui était en train de créer sa boîte de production, Taj Intaj. Et donc, en fait, Adila a créé sa boîte parce qu'on avait discuté déjà de cinéma, de mes projets, et elle savait que j'avais du mal à trouver des producteurs qui s'intéressaient à mes projets. Donc, elle crée sa boîte, et en même temps il y a eu la proposition des Loupiotes. Par la suite, Virginie Legeay est devenue ma coscénariste des Jours d'avant.
Jaber et Yamina sont donc les héros du long métrage ?
Dans mon long métrage, il n'y a pas de héros, dans le sens où ce ne sont ni des héros, ni des gens courageux, ni moins courageux que les autres. Ce sont des gens comme nous, en fait. Je préfère parler de personnages centraux.
Dans votre film, il y a une sorte de jeu, dans les points de vue (Yamina et Jaber), et dans les thèmes (l'adolescence et la décennie noire se superposent)...
On est dans un espèce de va-et-vient entre la petite et la grande histoire, sachant que la grande histoire n'est pas traitée dans les détails ; elle est là comme un contexte, comme un fond de toile de la petite histoire. Il y a une évolution de la petite histoire, mais la grande histoire est là.
Les trajectoires sont tout de même déterminées par la grande histoire...
Forcément. La grande histoire a fait en sorte que les deux vies que je raconte s'en soient bouleversées à tout jamais. Comment les deux personnages vont continuer à vivre est une autre histoire. Mais ce qui est important, c'est que, pour moi, c'est une histoire d'adolescents, une histoire sur comment les adolescents essaient de s'en sortir, avec toutes les difficultés à communiquer avec les grands, avec les aînés qui n'arrivent pas ou qui ne veulent pas voir la réalité de la vie de leurs enfants, de ces adolescents, qui ont des désirs, qui ont envie de plein de choses, d'expériences, de connaissances, de choses belles ou pas, et surtout d'accepter qu'ils soient dans une phase où ils se cherchent. Dans un environnement tel que je le décris dans mon film, il y a peu de place pour l'expérience des adolescents, c'est-à-dire qu'on considère qu'il y a certaines choses qui ne sont pas admises dans la société, et du coup ils n'ont pas de place, ils n'ont pas la possibilité de s'exprimer, d'être ce qu'ils sont, adolescents. L'adolescence, c'est vraiment une étape où on est en transition, le corps se transforme, on a envie de connaître l'amour, les choses basiques de la vie, et qui font que par la suite on devient un adulte accompli, ou un adulte à part entière.
Serait-ce donc un film sur une adolescence confisquée ?
L'adolescence est une période où les jeunes doivent s'épanouir, mais ils ne le peuvent pas parce que le contexte ne s'y prête pas, et en plus, la grande histoire arrive, ce qui complique encore plus les choses, puisque dans les années 1990, plein de gens, d'amis, de familles ont été séparés parce qu'ils devaient déménager, ou parce qu'ils ont vu leurs proches assassinés, menacés. Il y a plein d'histoires qui peuvent être racontés et qui se sont déroulés durant cette période-là. C'est-à-dire non seulement le contexte social est compliqué, et en plus il y a la grande histoire qui en rajoute, qui vient encore compliquer la situation. Et dans ce film, j'essaie de mettre en évidence cette envie de vivre coûte que coûte.
Paradoxalement, vous créez une atmosphère de mort autour des personnages centraux : le contexte des années 1990, la peur, les adultes violents ou peu compréhensifs, l'air d'opéra.
Il y a tout un jeu là aussi...
C'est le début du terrorisme, la mort est déjà là. Ce que j'essaie de faire aussi à travers les images, c'est de rendre cette atmosphère un peu inquiétante et pesante. Et les images servent à ça, en même temps, avec cet opéra. Cette inquiétude est une troisième dimension que j'ai instaurée sur les images et la musique aussi. L'opéra est un conte qui raconte aussi cette histoire d'amour. En tout cas, j'ai ramassé un ensemble d'ingrédients que j'ai collés ensemble pour renforcer cet aspect inquiétant.
Il y a aussi des mémoires dans le film : mémoire des lieux (votre ancien quartier), du passé (adolescence), d'une période douloureuse (décennie noire). Est-ce que ce thème est une problématique qui vous hante ou vous intéresse ?
La mémoire, cette fois-ci, j'ai voulu la traiter, non pas à partir de faits qui sont un peu réels, à moitié réels – parce que certains faits que j'ai racontés se sont un peu passés de cette manière –, mais à partir des sentiments. Il y a aussi la mémoire des sentiments, c'est-à-dire comment nous avons vécu cette situation à l'intérieur de nous-mêmes avec nos angoisses ; la mémoire de l'angoisse, de la peur, de la déception, de la frustration, etc. Après, effectivement, j'ai vécu dans cette cité qui était un endroit hyper paradoxal pour moi. C'est très compliqué, je ne peux pas dire que j'étais malheureux dans cette cité, et je me souviens que dans cet endroit, avec mes amis, on trouvait le moyen de nous amuser, de sortir et de nous sentir un peu vivants, en fait, tout en étant nous-mêmes, sans essayer de coller à ce que nous demandaient les adultes ou la société – quoique je préfère ne pas trop parler de "société", car c'est compliqué, la société est différente. On essayait donc d'être nous-mêmes, avec l'exigence sociale et la réalité. Dans un endroit comme celui que je décris dans mon film où les rencontres sont compliquées, quasi inexistences entre les jeunes, à part le lycée, il n'y a nulle part où il peut y avoir des rencontres où les jeunes discutent. Mais comme ils ne sont pas affranchis encore de l'ordre établi, on ne sait pas ce que pense réellement l'autre.
Le problème générationnel (adolescents/adultes) est-il représenté par le père du personnage féminin ?
Le père n'est ni mauvais ni bon. Il est dur, gentil... C'est un policier, et ce n'est pas évident d'être policier dans les années 1990, mais c'est un père aussi qui s'inquiète pour sa fille, qui a peur qu'elle fasse des bêtises. Ça, c'est le problème de tous les parents, le fait d'avoir peur que leurs enfants fassent des bêtises. Et finalement la question qui se pose est qu'est-ce que ça donne comme résultat. On a des enfants "castrés", incapables de faire quoi que ce soit puisqu'ils manquent d'expérience. Sous prétexte qu'il y a une possibilité que l'enfant fasse des bêtises, on le prive de tout. Du coup, il va grandir avec des vides dans sa vie, et de manques de plein de choses. D'ailleurs, ce projet a un peu démarré sur le fantasme que je nourrissais par rapport à certaines filles que je voyais au loin, et je me posais souvent la question qu'est-ce qu'elles pensent de ça, comment elles voient les choses, comment elles réfléchissent, etc., parce qu'on ne pouvait pas leur parler, et même si on leur parlait, c'était toujours dans un cadre bien limité. Donc, on nourrit un fantasme, et on crée une espèce de mythologie autour de cet autre qu'on ne connaît pas. C'est à partir de là que je me suis dit que je pouvais avoir un point de vue masculin et un point de vue féminin, pour voir que, finalement, on nourrit plus de fantasmes que quelque chose de vrai. La fille qui nous paraît inaccessible au loin, elle a des problèmes aussi, elle a une façon de voir les choses qui n'est pas forcément très éloignée de la nôtre.
Dans quelles conditions avez-vous tourné ?
Franchement, je pense que j'ai travaillé dans de très bonnes conditions. J'ai eu énormément de chance. Le film a été financé par France 2, on a eu des moyens de privés d'Algérie, des mécènes qui nous ont sponsorisés, et donc globalement, j'ai tourné dans de très bonnes conditions. Les conditions techniques étaient bonnes, on a eu une très bonne équipe. Après, il y a eu des moments très difficiles parce qu'il y a des imprévus comme dans tous les tournages, mais ce sont des choses qui ont été gérables. Je pense que les moments les plus durs ont été les deux ou trois premiers jours, parce que c'est une équipe franco-algérienne, les gens apprennent à se connaître, on n'a pas tous le même rythme, pas tous les mêmes réflexes, et puis par la suite, il y a une espèce d'adaptation qui se fait naturellement.
Vous avez tourné dans votre ancienne cité à Sidi Moussa ?
On a tourné à Sidi Moussa. J'ai dû retourner dans le quartier, rencontrer les anciens amis et les gens qui me connaissaient à l'époque et qui m'ont encouragé vraiment. D'ailleurs, je tiens vraiment à remercier tous les habitants de la cité où on était, de mon ancienne cité, qui m'ont vraiment accueilli à bras ouverts. C'était vraiment incroyable, je ne m'attendais pas à un tel accueil, à une telle ambiance, c'était juste formidable. Je ne sais pas comment expliquer... Toutes les personnes qui étaient là, qui nous regardaient, qui nous apportaient leur soutien, qui nous rassuraient en même temps, avec une discrétion incroyable... Je crois que je n'ai jamais eu un tournage qui s'est passé avec autant d'accueil des habitants.
Le film est d'une durée de 47' minutes. N'avez-vous pas songé à le développer en long ?
C'est un court. Je l'ai écrit comme étant un court et je n'ai rien d'autre à raconter. Je n'ai pas non plus à me soumettre à des formats que nous impose la télé. Personnellement, je suis content parce que j'ai l'impression que le film commence à trouver son public, et j'aimerais qu'il y ait plein de projections.
Comment vous avez choisi puis travaillé avec les comédiens ?
J'ai fait un casting. Pour Mehdi Ramdani, je l'avais déjà repéré dans le court métrage Demain, Alger ? d'Amin Sidi-Boumédien, et puis par la suite, je l'ai encore vu encore dans le Hublot d'Anis Djaad, et je le trouvais très bon, il m'intéressait en tant que comédien. Par la suite, quand j'ai écrit le scénario, j'ai pensé à lui tout de suite, me disant que c'est lui qui serait capable de porter le personnage de Jaber. Après, en organisant des castings, j'ai rencontré Souhila Mallem, et plein de comédiens. Pour certains rôles, par exemple la maman de Yamina, jouée par Radia Boulemaali – que je connaissais auparavant, qui a joué dans mon premier court métrage Petit-déjeuner – je savais ce qu'elle pouvait donner, de quoi elle était capable. Chawki Amari, lui, je ne lui ai pas fait passer le casting, et je l'ai choisi parce que c'est déjà un personnage, et ce personnage-là m'intéressait dans le rôle du père de Yamina. J'ai organisé aussi, pour les autres comédiens, même pour les professionnels, des ateliers de répétition : on répétait des scènes, je voyais comment ils réagissaient devant une caméra, je les filmais, je leur donnais des choses à jouer. On a énormément répété avant le début du tournage parce qu'il y a des séquences où il y a pas mal de dialogues ; dans le film en tout, il n'y a pas beaucoup de dialogues, mais il y a des séquences où c'était un peu chargé de dialogues. Il fallait donc que je sois sûr que les personnages allaient être bons pendant le tournage, et avant chaque tournage, on avait une demi-heure de répétition avant de filmer.
Avant-première des Jours d'avant,
- Vendredi 25 octobre 2013 à 19h à la filmothèque Zinet (sise à Riadh El-Feth).
- Le lendemain, à la même heure et au même endroit, une deuxième projection sera organisée.
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