Khalida Toumi : “Nous avons coupé dans les discours�

L’ENTV otage du pouvoir

Pour l’heure, aucune autorité indépendante n’a un contrôle sur la TV.
Colin Powell qui avait effectué une visite de travail en Algérie, en décembre dernier, avait insisté sur la liberté de la presse et l’ouverture des médias lourds à l’expression plurielle. “Washington conditionne la tenue d’une élection libre et honnête par l’accès libre aux médias lourds�. Cependant, la Télévision nationale s’est mise, à l’approche de l’élection présidentielle, entièrement au service de l’actuel président de la République.
Les visites de Bouteflika sont couvertes de façon démesurée alors que les activités partisanes de l’opposition sont complètement ignorées ou du moins partiellement couvertes. Depuis maintenant plus de deux mois, la télévision consacre à l’activité présidentielle, au moins 50 minutes au journal télévisé de 20h, heure de grande écoute. Pourtant, le directeur général de la télé, dans un article paru dans nos colonnes, s’est défendu d’avoir subi des pressions ou reçu des instructions dans le traitement de l’actualité politique, en réponse aux interpellations des acteurs politiques qui l’avaient accusé d’avoir fait de l’ENTV une simple boîte de propagande pour le compte du président. Il avait, ainsi, affirmé qu’il obéissait à un cahier des charges.
Aujourd’hui, tous les candidats engagés dans cette bataille sont unanimes à accuser le président d’user et d’abuser de sa fonction pour mettre entièrement à sa disposition les organes publics d’information à des fins propagandistes en leur ôtant tous moyens de recours.
Même le conseil constitutionnel, par la voix de son président, Mohamed Bedjaoui a avoué son incapacité à intervenir contre cette violation des lois : “Son impuissance tient au fait qu’il ne peut s’autosaisir, y compris dans les cas flagrants de violation des lois�, avait-il déclaré, avant-hier, au forum de l’ENTV. Pour sa part, la ministre de la communication, Khalida Toumi, a justifié le favoritisme de la télévision pour le président-candidat surtout lors de l’annonce des candidatures de ses rivaux à cette élection, par des considérations techniques. “Nous avons coupé dans les discours des candidats tous les passages où il y a eu redondance, car nous avons besoin de temps pour traiter d’autres sujets d’actualité et d’information�, a déclaré Khalida Toumi, pour camoufler ce parti pris flagrant.
La ministre a vraisemblablement omis de parler de l’émission (dafatir el Intikhabat), dossier de l’élection, qui est diffusé juste après le journal télévisé de 20h.
Cette émission qui est censée diffuser des chiffres, des informations et des orientations aux citoyens par rapport à la prochaine élection, consacre la majorité de sa diffusion à la transmission des déclarations de motions de soutien au président-candidat par des groupes de personnes qui s’autoproclament associations pour les besoins de la circonstance.
M. B.