Opérationnelle depuis novembre 2013, la nouvelle gare routière de Tamanrasset, réalisée à 5 km du chef-lieu de wilaya, ne répond toujours pas aux exigences des transporteurs et encore moins à celles des voyageurs. Officiellement inaugurée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de son dernier passage dans la capitale de l'Ahaggar, l'infrastructure est dépourvue de toutes les commodités requises. L'exposé fait au chef du gouvernement sur cette réalisation n'était finalement qu'un miroir aux alouettes. Un mois après la visite, les transporteurs refusent d'y travailler. Il a fallu donc recourir aux méthodes répressives pour les sommer de rejoindre les quais de cette gare sans se soucier du confort des usagers qui souffrent le martyre au quotidien. Les transporteurs sont unanimes à déclarer que "Sellal s'est fait avoir puisque les conditions de travail dans la nouvelle gare ne sont pas réunies. Le pire est que la majorité des transporteurs a vu son chiffre d'affaires baisser vertigineusement." Pourquoi ? Slimane Dili, transporteur desservant la ligne Tamanrasset-Abalessa, nous explique que "pour prendre un bus, le voyageur est sommé de débourser entre 150 et 200 DA de plus sur le prix habituel de transport. C'est-à-dire, au lieu de payer 200 DA pour rallier Abalessa, le prix sera doublement majoré, pour atteindre le seuil des 400 DA ; le prix d'un taxi desservant la gare, sur une distance de 5 km, étant le même que lorsqu'on prend un bus pour aller à Abalessa, à 100 km de Tamanrasset. Et ce, sans parler des tarifs de nuit souvent triplés ou quadruplés. Ce n'est pas logique. La situation a, par conséquent, profité aux transporteurs clandestins qui occupent l'ancienne gare au vu et au su des autorités". La nouvelle gare est devenue ainsi un dossier noir qui s'ajoute aux dirigeants du secteur des transports dans la wilaya de Tamanrasset où l'on a appliqué des mesures encourageant les fraudeurs au détriment des transporteurs légaux. La véracité de l'information est facile à vérifier. Il suffit de se rendre à l'ancienne gare pour confirmer le laisser-aller des autorités compétentes et, parallèlement, le calvaire des voyageurs qui sont à la merci des clandestins sans foi ni loi. Se faisant passer pour un voyageur, un conducteur nous demande : "Tenez-vous bien, sept fois le prix d'une place vers In-Mguel (à 130 km de Tamanrasset). Je vous ai arrangés", nous dit-il souriant. Devant cette anarchie cautionnée par les autorités, les voyageurs n'ont plus qu'à subir le diktat des clandestins puisque les transporteurs desservant la gare ne sont pas autorisés à entrer dans la ville. "Si tu fais un pas de plus, ton bus sera mis en fourrière. Cependant, nombreux sont ceux qui prennent ce risque parce qu'il n'y pas de voyageurs dans la nouvelle gare, d'une part, et parce que nous transportons des personnes malades (dialysées) qui ne peuvent pas subir le calvaire des attentes, d'autre part. D'aucuns préfèrent prendre un taxi de la fraude que de payer le double prix. Ça se comprend. Mais, jusqu'à quand peut-on rester encore dans cette situation ? Nous avons sollicité le directeur des transports pour trouver une solution. Il a renvoyé la balle au wali. Nous nous sommes rapprochés de la wilaya, on nous a appris que le problème est résolu. Sincèrement, on ne sait plus où donner de la tête", dénonce Tahar, un autre transporteur d'Abalessa. R. K Nom Adresse email
