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Me Ali Yahia ABDENOUR à "Liberté" à propos de la présidentielle
"Participer, c'est accorder au pouvoir un nouveau sursis"
Publié dans Liberté le 27 - 02 - 2014

Pour Ali Yahia Abdenour, l'état de santé du président Bouteflika est fondamental dans cette élection.
Et de s'interroger : "Quelle équipe médicale peut, en son âme et conscience, délivrer un tel certificat médical à un malade qui gère le pays par délégation et procuration ?"
Liberté : Après le faux suspense de plusieurs mois, le chef de l'Etat a annoncé, le 22 février, sa candidature à l'élection présidentielle du 17 avril. Comment avez-vous accueilli cette annonce, vous qui avez, avec deux autres personnalités (Ahmed Taleb-Ibrahimi et Rachid Benyelles), exprimé publiquement votre opposition à un 4e mandat ?
Ali Yahia Abdenour: J'ai accueilli cette annonce comme une perte de fierté et la résolution de combattre la dictature et le dictateur. Le refus de faire honte à l'Algérie relève de la dignité humaine. Le spectre qu'offre le pouvoir est désolant. Jamais le pouvoir n'a imposé au peuple une si totale abdication, ni férocement bâillonné ses aspirations. Le Président perd prestige, autorité et influence, livre un combat d'arrière-garde car il n'a pas la capacité physique de diriger le pays. Bouteflika peut-il drainer un électorat sur son seul nom et son aura, alors que le pays traverse une crise de confiance sans précédent. Il ne se préoccupe pas du cadre légal et moral dans lequel s'inscrivent ses actes, ne respecte pas les critères de Copenhague définis par le conseil de juin 1989. Le premier de ces critères est la mise en place d'institutions stables qui garantissent l'Etat de droit, la démocratie, les droits de l'Homme, le respect des minorités et leur protection. L'autocrate s'est construit un pouvoir quasidictatorial et s'est imposé par un sectarisme intransigeant qu'il faut combattre jusqu'à ce que le peuple algérien soit souverain, et l'Algérien citoyen et non plus sujet. Tout pouvoir qui n'émane pas de la souveraineté populaire librement exprimée par des élections libres engendre la dictature. La monocratie, pouvoir d'un seul homme, est le régime de l'hyperprésidence. L'Algérie est la propriété des clans qui détiennent le pouvoir et qui la considèrent comme un bien de famille. Les responsables de la corruption sont aux commandes de l'Etat. Un pouvoir autocrate traversé par les ambitions, les intrigues, les bassesses de la politique politicienne, qui n'a pas d'autre solution que de se reproduire au sein d'un petit cercle soumis à la loi du vieillissement. Bouteflika ne veut pas reconnaître, malgré sa maladie grave et durable, son incapacité à gérer le pouvoir qu'il a accaparé par des élections truquées. Les Algériens attendent un gestionnaire pour répondre au défi de la crise et un visionnaire pour faire entrer l'Algérie dans le XXIe siècle. Le pouvoir commet une faute lourde en cherchant à se succéder à lui-même. Ce ne sont pas les hommes de la fidélité inconditionnelle au pouvoir, prêts à tout approuver, qui peuvent modifier le fonctionnement du pouvoir dans ce qu'il a de défectueux. Il est temps de mettre de l'ordre dans les esprits, la confiance étant la condition du redressement pour reconstruire le pays. L'Algérie, en mal de repères et de boussole, est à la dérive et à la limite de l'implosion. Quel autre moyen que la démocratie pour rendre la parole au peuple ? Quel autre moyen que l'alternance pour faire la rupture avec le pouvoir ? La démocratie n'est pas prête à s'installer en Algérie avec cette élection présidentielle. L'information est aux ordres, normalisée et uniformisée. La presse libre améliore sa qualité, sa présentation et son contenu, exprime des idées, les fait partager et les défend. Les intellectuels en général ont failli à leur engagement politique et à leur mission d'être à contre-courant du pouvoir totalitaire qui doit disparaître du paysage politique algérien.
La prochaine élection étant, selon beaucoup d'observateurs et d'acteurs politiques, jouée d'avance, que faut-il faire, selon vous ?
Le peuple algérien se trouve au cœur d'un vaste tournant de son histoire et le plus difficile est de se tenir fermement aux principes qui ne changent pas, pour faire avancer contre son gré un pouvoir qui risque d'être emporté par un courant historique qu'il a longtemps nié. Jamais sa volonté ne doit être plus déterminée, plus claire, plus ferme que maintenant pour empêcher que la candidature de Bouteflika soit validée par le Conseil constitutionnel. L'article 88 de la Constitution prévoit l'empêchement pour maladie grave et durable. L'empêchement provisoire implique la saisine de plein droit du Conseil constitutionnel qui demande au Parlement de déclarer la vacance du pouvoir ; si le Président ne reprend pas ses activités dans un délai de 45 jours, il est frappé d'empêchement définitif et la vacance officielle est déclarée de plein droit par les deux chambres réunies du Parlement. C'est la Constitution qui exige du président de se retirer de la vie politique par application de l'article 88. C'est Tayeb Belaïz qui a bafoué la Constitution qui devient ministre de l'intérieur qui est aussi le ministre des élections.
Mais le problème demeure. Bouteflika ne peut être candidat à l'élection présidentielle du 17 avril 2014, que s'il présente au Conseil constitutionnel un certificat médical attestant que son état physique lui permet d'assurer sa fonction. Quelle équipe médicale peut, en son âme et conscience, délivrer un tel certificat médical à un malade hospitalisé durant 80 jours au Val-de-Grâce et aux Invalides à Paris et qui gère le pays par délégation et procuration ? Si un tel certificat médical est délivré par des médecins, leurs noms seront connus par l'opinion publique et il se trouvera d'autres médecins consciencieux qui les condamneront. L'opinion publique et la presse doivent être vigilantes durant cette semaine, jusqu'au 3 mars 2014, pour qu'un tel acte qui relève de la haute trahison ne soit pas commis. Si, malgré cela, Bouteflika est retenu candidat à l'élection présidentielle, tous les autres candidats doivent se retirer. Il sera seul, et sera élu par sa voix, celles de sa fratrie, de sa tribu et de son clan. Le soutien, s'il a lieu, sera marqué par un nouveau record d'abstentions, sanction et désaveu de la politique d'un pouvoir personnel dont le bilan est catastrophique dans tous les domaines. Le droit de vivre en démocratie est une force qu'il faut opposer à la dictature qui empêche les partisans du boycott de tenir des réunions, des meetings, des manifestations publiques. Le pouvoir ne peut contester la volonté de millions d'Algériennes et d'Algériens fidèles à la démocratie, de choisir publiquement dans des manifestations populaires le boycott électoral, seul en mesure de satisfaire leur patriotisme. Le pouvoir doit rencontrer en face de lui et contre lui, la volonté unanime, pacifique et lucide des partisans du boycott d'exercer leur droit de boycott actif. Le chemin de libération du peuple algérien du pouvoir répressif, n'est pas celui de la participation à l'élection présidentielle. Le système politique et le pouvoir qu'il a engendré n'ont pas la culture des droits de l'Homme. Le temps de l'humanité renaîtra bien un jour pour remplacer la politique de violence et d'injustice qui brutalise la société et réveille sa colère. Les droits de l'Homme sont parvenus à maturité, sont des droits opposables au pouvoir, car ils sont devenus des droits des concrets. Au nom de la liberté, de la justice et de la dignité humaine, il faut condamner le règne de la dictature et de la mauvaise gouvernance du pouvoir. Le courage, voilà ce qui manque à la politique d'aujourd'hui. Aller à l'élection présidentielle, c'est accorder au pouvoir un nouveau sursis et lui signer un nouveau chèque en blanc. Il est temps de s'adresser à la sagesse des Algériens, leur demander de réfléchir pour mettre fin à l'impasse, de reculer l'élection présidentielle et de prévoir une transition de 18 mois à deux ans, pilotée par 15 personnes représentant toute la société pour mettre en place une démocratie juridique qui consacre le droit et l'Etat de droit, préparerait la révision de la Constitution qui serait soumise à débat publique et au référendum et des élections propres et honnêtes pour élire les représentants du peuple à toutes les institutions élues de l'Etat.
Comment voyez-vous l'après-17 avril 2014 ?
L'année 2014 est à la fois celle de tous les espoirs et de tous les dangers. Le pouvoir dirigera le peuple malgré lui et contre lui. On sait où commence la courtisanerie mais on ne sait pas où elle peut mener. L'Algérie sera ce que nous voulons qu'elle soit, mais il faut vouloir les moyens de sa politique et c'est la tâche de tous les Algériens. La lucidité de ceux qui savent prendre de la distance avec le pouvoir amènera le sursaut qui viendra de l'indignation du peuple. La pauvreté et la misère seront l'avenir de millions d'Algériens en raison de la corruption et du pillage des richesses nationales. Les pauvres souffriront de la faim sans fin, les riches se gaveront jusqu'à l'indigestion et iront soigner leurs maux d'estomac dans les hôpitaux parisiens, aux frais des contribuables. Le peuple qui ne peut se résigner à la servitude doit récupérer la liberté ; cette sécurité qui lui a été ravie, il ne tient qu'à lui de la récupérer par un moyen infaillible : la mobilisation par une action de masse déclenchée en même temps sur tout le territoire national. Que les militantes et militants dont on peut dire aujourd'hui comme Zola qu'ils sont la conscience humaine, animés d'une vision d'avenir avec une grande humanité dont le pays a besoin pour se renouveler, se mobilisent pour accomplir la mission qu'ils ont sollicitée, reçue et acceptée. Pour le pouvoir, les jeunes sont un problème, pour le peuple ils sont la solution. Le sursaut viendra des jeunes qui sont en rupture avec le pouvoir qui refuse de les intégrer en tant qu'acteurs et dirigeants de la vie politique, économique, sociale et culturelle et expriment le ras-le-bol du peuple en refusant de se soumettre à la dictature. L'avenir est dans l'instauration de la démocratie qui éveille les esprits, forme les consciences, sollicite les bonnes volontés afin que chacune et chacun à sa place se mettent à son service. La démocratie, c'est la séparation des pouvoirs et des contre-pouvoirs.
A. C
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