Temps de gloire, tant d’espoir

Au quartier général de Louisa Hanoune

Au fond, on ne se fait certainement pas d’illusion. Faut-il donc y renoncer ? “Pour rien au monde !�.
Consécration. La candidature de Louisa Hanoune à l’élection présidentielle du 8 avril est déjà une consécration, une énorme récompense. Pour cette femme battante certes — grâce à son long combat, sa farouche abnégation, sa ferme résistance, son indomptable conviction, son côté sympa aussi — mais aussi pour un parti, le PT, et un courant politique, cette gauche singulière pas toujours bien vue.
Alors au quartier général de campagne (QG), installé au siège national d’Alger, on se prépare. On se prépare à livrer bataille — l’entrée en lice des six candidats retenus par le Conseil constitutionnel étant prévue jeudi 18 mars — tout en savourant l’instant présent.
Le moment est historique, il s’y colle donc un parfum de saveur. Car de la longue nuit des temps est né un chemin de gloire, un repère. Dans la tête de Louisa Hanoune et de ses proches militants, les souvenirs de lutte réprimée resurgissent ; les longues journées d’emprisonnement absurde et de brimade répugnante disputent à la mémoire la fierté et le soulagement du couronnement arraché. “Nous nous engageons dans le but d’expliquer aux Algériens le sens de notre parcours, présenter nos valeurs et nos idées, demander leur soutien et leur voix�, fait Djelloul Djoudi.
Ce député à la trogne rubiconde est le directeur de campagne du porte-parole du Parti des travailleurs. Il se veut modeste, à la mesure des aspirations de l’ensemble des militants et des sympathisants, à la mesure aussi des moyens, humains et matériels, disponibles ; de l’ancrage certainement (on revendique aujourd’hui près de 40 000 adhérents). Le QG de campagne, comme le siège qui l’abrite sont en réfection.
Samedi dernier, à cinq jours du début officiel de la campagne électorale, des peintres déambulaient à l’intérieur, des échafaudages en barreaux ceinturant l’immeuble triste et désuet dans lequel s’affairent des hommes et des femmes pas vraiment pressés.
Des hommes et des femmes marqués par le temps, éprouvés par la dure épreuve d’une élection présidentielle démentielle et, malgré tout, contents d’être sur la ligne de départ au moment où des figures autrement plus illustres sont recalées. Le badigeonnage va rendre ce siège beau, au moins gai. Ce droit est davantage un acquis. Car aux yeux des faibles (comprendre démunis), le plus infime des “gains� peut paraître monstrueux ! “Une situation ordinaire, pas de quoi perdre la tête�, minimise Djelloul Djoudi.
Non, le PT ne perd pas la tête. au contraire, il se rend à l’évidence : cette première grande participation va incontestablement marquer un nouveau départ, autant partir à temps, “rien ne sert de courir.� Au rez-de-chaussée de l’immeuble, un chassé-croisé mou s’opère. Le comité de campagne, composé de “quatre membres de la direction nationale du parti�, s’est réuni le matin comme il le fait quotidiennement depuis le 1er mars, date de l’annonce par le Conseil constitutionnel des candidats reçus. “Une réunion de routine�, (minimise encore Djoudi) où l’on “enregistre toutes les données signalées par les permanences locales.�
Ici, même si la conjoncture est originale, le ton est cordial, l’atmosphère conviviale, l’air un tantinet banal, simple. Le programme électoral est empaqueté dans une salle, en attente de distribution dans tout le territoire, Louisa Hanoune, qui doit faire les 48 wilayas du pays, commençant ce jeudi par Souk-Ahras et Guelma, sera précédée de près de 300 000 affiches et d’un million d’exemplaires de son programme. “La campagne sera politique�, précise le directeur Djoudi, également maître de la stratégie de communication. Le PT restera dans la rue, un lieu dont il fait son théâtre de prédilection dans sa quête de changement et de réussite.
Lors de la collecte des signatures, il s’y est promené en compagnie d’un huissier, appelant les gens à lui accorder un bémol. “El Djazaïr amana�, dira la candidate aux électeurs. Elle dira également : “La nation doit vivre dans l’unité et l’intégrité de ses deux composantes linguistiques : arabophone et amazighophone.�
La quête du pouvoir est un objectif légitime. Le Parti des travailleurs s’y lance avec mesure et modération. Les policiers qui veillent autour du siège national, sis dans une rue perdue de Belfort, dans le quartier peu prisé d’El Harrach, dans la banlieue est d’Alger, sont un signe éloquent de la dimension du parti, de son porte-parole, de sa candidate. Une consécration.
L. B.