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"QU'ATTENDENT LES SINGES", DE YASMINA KHADRA
Descente aux enfers
Publié dans Liberté le 10 - 04 - 2014

Tel un médecin légiste, l'auteur se sert du verbe comme d'un scalpel pour pénétrer au plus profond de ce système gangrené mais si bien organisé, qu'à côté la mafia qu'on voit dans les films n'est qu'un bleu.
Ecrire est une autre façon de combler le vide mais aussi de résister à tout. Une façon de porter sa voix aux échos même dilués dans l'intime ou la peur. Il suffit de dire une fois seulement "Non" à l'étau qui enserre chaque jour, un peu plus, le quotidien des marginalisés de leur cité par des politiques à vie, mais qui ne sont en réalité que des vendeurs de tapis à la sauvette. Avec ce nouveau titre, Yasmina Khadra vient de signer un livre magistral qui dépasse tous les précédents ouvrages par la crudité des mots, la vérité qui englobe chaque passage et par le constat amer qu'il fait de l'état des lieux du pays qui est le sien et auquel il tient. Sinon, pourquoi ce coup de gueule si la coupe n'est pas pleine ? Jusqu'à la vomissure. Pour cela, il concocte une affaire d'assassinat (Nedjma, jeune fille retrouvée morte, assassinée, dans la forêt de Baïnem), confiée à la commissaire Nora et à son équipe pour l'élucider. Le fil d'Ariane les mène au sommet de l'Etat. C'est la trame de cette fiction, mais l'intérêt, c'est qu'au cours de l'enquête, on découvre le microcosme algérois à travers les réseaux, les complicités, la corruption qui sévit à tous les niveaux. Au sommet, il y a Hadj Saâd Hamerlaine, le "r'boba", une sorte de dieu sur terre où rien ne se fait s'il n'en est pas l'instigateur, le tireur de ficelles. Un exemple de sa puissance ? "Je préférerais avoir une insurrection populaire sur les bras que Hamerlaine sur le dos" (p 258) avoue Ed Dayem, un magnat de la presse de caniveau, pourtant lui aussi a le "pouvoir de dévoiler le secret des dieux et de l'instruction, de rendre la sentence avant les juges et d'exécuter le suspect avant le bourreau" (p 94). Yasmina Khadra décrit un système digne de Kafka "qui pousse ses enfants à la folie en leur refusant le droit d'être heureux chez eux", avec de tels détails des comportements de ces "seigneurs" que tout Algérien un tant soit peu averti peut mettre des noms sur ces personnages de fiction, dans le livre. Ils existent dans la réalité et c'est pour cela qu'il faut saluer et reconnaître le courage d'un auteur, par ailleurs comblé. Tel un médecin légiste, l'auteur se sert du verbe comme d'un scalpel pour pénétrer au plus profond de ce système gangrené mais si bien organisé, qu'à côté la mafia qu'on voit dans les films n'est qu'un bleu. Hamerlaine nomme et dénomme ministres, walis et ambassadeurs. Il a 83 ans, il règne encore et plus. Jusqu'à ce jour où il fête son anniversaire et qu'il reçoit comme cadeau une vierge en offrande qui s'avère être (il le saura après) sa petite-fille qu'il n'a jamais connue. Comme quoi, il n'y a pas de limites dans l'immoralité de ces rapaces qui ne veulent rien lâcher. Sid Ahmed, journaliste, qui a vu sa femme tuée par les terroristes et qui a pris sa retraite sur une plage de Koléa, tel un troglodyte, ne cesse de ruminer et de questionner son ami, l'inspecteur Zine : "Qu'attendent les singes pour devenir des hommes ?" Sans réponse, il fulmine et finira par s'immoler. La théorie de Darwin est à prendre à rebours jusqu'à arriver à nos ancêtres les singes. C'est la descente aux enfers. Terrible constat certes, mais la question : est-ce vrai ce que décrit Yasmina Khadra dans ce livre que s'arracheront les lecteurs ? Ce sera un témoignage relique que l'on ouvrira chaque fois que l'injustice frappera à votre porte sans y être invitée.
Abrous Outoudert
Qu'attendent les singes, de Yasmina Khadra. Roman, 335 pages, éditions Casbah.
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