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SON EVOCATION RENVOIE AU PASSE CHRETIEN DE SON PAYS
Saint Augustin, cet Algérien qui dérange
Publié dans Liberté le 30 - 04 - 2014

Face à une ignorance crasse, triomphante par moments, il semble impossible de soustraire la vie et l'œuvre de "l'Algérien le plus célèbre au monde" de toutes les lectures religieuses, idéologiques, politiques, toujours à l'ordre du jour dans son pays d'origine...
Vendredi aura lieu à Annaba, l'antique Hippone, la célébration du centenaire de la basilique Saint-Augustin, rénovée après des travaux de restauration. Le Saint-Siège a délégué pour l'occasion l'une des figures de la curie romaine, en l'occurrence le cardinal français, Jean-Louis Tauran, envoyé spécial du Pape, qui a passé le plus clair de sa carrière dans les services diplomatiques du Vatican. C'est d'ailleurs lui qui avait été chargé, l'année dernière, d'annoncer au monde le nom du nouveau Pape François, désigné à l'issue d'un conclave suivi par la planète entière. Le cardinal Tauran est également le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. A ce titre, et après la messe solennelle qu'il dirigera vendredi, le cardinal participera à une conférence sur le dialogue entre chrétiens et musulmans. Un beau programme. On se souvient que la Basilique Saint-Augustin dite «moderne» (car elle n'a à peine que 100 ans) avait rouvert ses portes en octobre dernier après de nombreux travaux de restauration, et ce, lors d'une cérémonie à laquelle avait pris part le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, représentant le chef de l'Etat convalescent, une vingtaine d'ambassadeurs, des officiels algériens, des invités étrangers et plusieurs ecclésiastiques. Il est à rappeler que le financement de cette opération de sauvegarde et de restauration de grande ampleur avait donné lieu à une vaste coopération entre de nombreux donateurs privés et institutionnels, qu'ils soient algériens ou étrangers. Il faut reconnaître que l'édifice commençait à connaître, avant sa restauration, des dégradations avancées. Grâce à ce soutien, le résultat est aujourd'hui éloquent et à la mesure des efforts déployés. Bien que les visiteurs n'aient jamais fait ici défection, le public dispose à présent d'un site restauré.
D'ailleurs, la débauche de moyens enregistrée sur cette colline surplombant l'entrée de la ville d'Annaba ne peut que contraster avec l'état d'abandon dans lequel se trouve, une centaine de mètres plus bas, le site archéologique d'Hippone, un musée à ciel ouvert qui recèle, faut-il le souligner, la véritable «Basilique de la Paix» où retentirent précisément la voix et les pas du grand évêque berbère. C'est même à cause d'une croyance populaire typiquement locale, celle du mythe de «Lella Bouna» que les autorités coloniales avaient établi, à tort, que le grand évêque et philosophe chrétien a vécu sur cette colline, un lieu-dit autour duquel plane, encore aujourd'hui, une atmosphère sacrée. Jusqu'à nos jours, on peut en effet, retrouver des traces de henné, de la cire de bougies ou encore du sang de coqs égorgés.
Et pour cause, nombre d'Annabis continuent à se sacrifier de nos jours au rite païen de Lella Bouna que les colons ont trop vite assimilé à un culte au "marabout chrétien". Il faut signaler qu'à cet endroit précis, un haut-lieu de pèlerinage s'il en a toujours été, il fut découvert les fameuses
«citernes d'Hadrien» qui ont longtemps été considérées, à tort, comme les restes du monastère de saint Augustin.
Cette erreur subsista jusqu'au moment où les fouilles entreprises par la direction des antiquités du gouvernement général ont révélé que la Basilique de la Paix, dans laquelle avait réellement officié l'illustre Berbère, se trouvait, au contraire, au pied du monticule. L'évêque d'Hippone n'avait dû gravir, en toute vraisemblance, que bien rarement les pentes de ce "Mamelon vert, entre deux montagnes inclinant sur la gauche", qu'entrevit de loin, de son bateau en rade d'Annaba, Gustave Flaubert, qui le nota dans son Voyage à Carthage. On peut donc présumer que pour s'isoler et s'inspirer du spectacle grandiose qui s'offre au sommet de cette colline, saint Augustin aurait pu se rendre plusieurs fois à cet endroit. Un peu, d'ailleurs, comme tous les visiteurs de la Coquette qui ne peuvent s'empêcher aujourd'hui l'ascension de Lella Bouna, «the place to be», afin de contempler le panorama et évoquer éventuellement ce lointain ancêtre. Cela dit, en arpentant le chemin qui monte en zigzag, beaucoup se désoleront, au passage, de voir les ruines de l'antique Hippone en proie aux herbes folles et exposées aux prédations en tous genres...
Un patrimoine encombrant
A ce sujet, l'affaire du Masque de Gorgone, qui vient d'être restitué récemment à l'Algérie par la Tunisie voisine, est symptomatique de cette situation de déliquescence du patrimoine archéologique d'Hippone, une des plus anciennes villes du bassin méditerranéen. Pour rappel, l'objet volé à Annaba en 1996, d'une valeur inestimable, avait été retrouvé à Hammamet, en Tunisie, au domicile de Sakhr El-Materi, le gendre du dictateur tunisien Ben Ali. Et ce n'est que grâce à un reportage d'une télévision satellitaire que cette œuvre d'art qui ornait jadis une fontaine publique de l'antique Hippone a été fortuitement repérée. Il s'en suivra une mobilisation et un «buzz» sur le net pour que l'Algérie récupère enfin ce pan de sa mémoire. Au-delà de ce cas marginal et suffisamment médiatisé, doit-on rappeler que, faute d'une véritable politique de sauvegarde de ce patrimoine plusieurs fois millénaire, les vols n'ont toujours pas cessé ? Que des dizaines de pièces de mosaïque, des poteries, des artefacts et des statuettes sont encore portées disparues ? Certes, l'Etat a manifesté, plusieurs fois, sa préoccupation en soulignant sa détermination à lutter contre le marché illégal des œuvres d'art et des biens culturels. On n'en a retenu surtout que le constat dans lequel semblent toujours se complaire les responsables en charge du secteur. D'ailleurs, ce n'est pas sans raison que la ministre de la Culture a décidé de conserver dorénavant, le Masque de Gorgone au Musée des antiquités à Alger.
À sa décharge, Khalida Toumi a toujours reconnu que le patrimoine algérien était menacé. De même qu'elle n'a jamais cessé de déplorer la situation des musées et sites archéologiques insuffisamment protégés et qui ne répondent pas aux normes internationales. Autant dire qu'il s'agit, dans le cas d'espèce, de manque de "volonté politique". A cet égard, il convient de rappeler que parmi les résolutions du colloque international consacré en 2001 à saint Augustin (premier et dernier du genre !) figurait la création, à Annaba, d'un centre international de documentation. Quatorze ans après, ce projet n'a jamais vu le jour. D'ailleurs, cette manifestation scientifique qui se présentait sous sa première édition n'en connaîtra aucune autre. Initié par le président Bouteflika, le retour de saint Augustin au bercail ne tiendra pas toutes ses promesses. Tout le monde sait que depuis le chef de l'Etat a dû céder aux forces rétrogrades, notamment au courant conservateur incarné par le duo Abdallah Djaballah et Abdelaziz Belkhadem qui, pour l'un, saint Augustin est un nouveau "pied-noir" et pour l'autre un ancien "harki". Une réputation écrasante. Car, face à cette ignorance crasse, triomphante par moments, il semble impossible de soustraire la vie et l'œuvre de "l'Algérien le plus célèbre au monde" de toutes les lectures religieuses, idéologiques, politiques, toujours à l'ordre du jour dans son pays d'origine...
Coup de jeune ou coup de pub ?
En tout cas, dans leur grande majorité, les habitants de Annaba ne confondent pas toujours religion, philosophie, politique et histoire. Pour montrer qu'ils ne sont pas insensibles ou indifférents à ce passé qui remonte avant l'avènement de l'islam, ils sont nombreux, de toutes conditions, à faire le pèlerinage de "Lella Bouna", un lieu qui réunit plusieurs mondes, plusieurs cultures, plusieurs civilisations, plusieurs religions. D'après certaines sources, l'Algérie veut inscrire la basilique Saint-Augustin (qui n'est pas seulement un lieu de culte) aux monuments historiques. Il va sans dire que sur le plan symbolique, une telle initiative est à encourager même si elle reste très insuffisante. Car doit-on se féliciter également que le célèbre lycée Saint-Augustin de Annaba n'a pas été débaptisé ? Toujours est-il que les différents prélats qui se sont succédé à la basilique n'ont cessé de rendre hommage aux citoyens de la région de Annaba pour la fraternité qu'ils portent pour la communauté des Augustins, et aux Petites sœurs des pauvres qui s'occupent, notons-le, des personnes âgées depuis plus d'un siècle. Aussi, les gens de Annaba ne sont pas peu fiers de cet édifice dédié à un humaniste, un penseur universel, un enfant du cru dont l'enseignement continue à faire autorité dans plusieurs domaines. Et quand bien même cette basilique construite par la France coloniale et évangéliste serait la réplique exacte de la cathédrale de Carthage, elle n'en reste pas moins un monument algérien. Non seulement son cachet architectural est très inspiré du style arabo-musulman, mais tous les matériaux qui ont servi à sa construction ont été tirés du sol algérien, notamment les marbres blancs extraits des carrières de Guelma et de Filfila ainsi que l'onyx translucide de Aïn Smara. Grâce aux concours publics de la wilaya, de l'APC et d'autres collectivités, ainsi qu'aux contributions d'entreprises comme Sonatrach, Total, Saipem, Sider, Sonelgaz, Lafarge, Mehri, Fertial, Linde Gas et tant d'autres, le monument est aujourd'hui on ne peut mieux présentable. Sa façade resplendit à nouveau. Cet effort collectif est aussi le fait d'ambassades étrangères et de contributeurs de tous ordres qui se sont brillamment impliqués. Parmi les donateurs — rapporte le quotidien Le Figaro — les ambassades de France et d'Allemagne, de nombreuses églises et communautés religieuses (comme les Conférences épiscopales italienne et allemande et l'Ordre de Saint-Augustin), et même le pape Benoît XVI qui a mis la main à la poche de sa soutane. L'ambassade d'Autriche a décidé, pour sa part, d'aider à la restauration de l'orgue. Ainsi, après plus de seize siècles, saint Augustin persiste à être un symbole de coopération avec l'Algérie, entre le Nord et le Sud, des deux côtés de la Méditerranée. Et même au-delà. Il faut dire que les initiatives qui peuvent être prises, pour faire mieux connaître ce personnage hors du commun, un Algérien pas comme les autres – et dont la vie et l'œuvre comportent quelques aspects "déconcertants" pour un pays comme le nôtre – peuvent être, en effet, fort nombreuses. Il faut savoir ainsi que la région est du pays regorge de vestiges remontant à l'antiquité. Et si les collectivités et les populations locales souvent démunies se détournent parfois de ces "vieilles pierres", elles n'en restent pas moins sensibles à l'idée que peuvent s'en faire les autres, c'est-à-dire des milliers de touristes potentiels à travers le monde. Protéger, promouvoir et intégrer ce patrimoine culturel dans les projets de développement serait assurément une belle manière de faire (re)vivre ce pan entier de notre histoire. Il convient de rappeler qu'il n'existe toujours pas d'association nationale dont le but serait de promouvoir la connaissance de saint Augustin et sa place dans la culture algérienne passée et présente. Il n'y a toujours pas de réflexion sérieuse pour prendre en charge le site archéologique d'Hippone de dimension internationale, mais qui reste hélas superbement ignoré. Pour l'anecdote, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, le défunt Abdallah Fadel, avait suggéré un jour au président Bouteflika d'envisager une demande de classification du site auprès de l'Unesco. Sa proposition connaîtra le même sort que la demande de béatification du cardinal Duval, restée, souvenons-nous-en, lettre morte.
M.-C. L.
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