“Ne faites pas le jeu des diviseurs�

Le meeting de Louisa Hanoune perturbé à Djelfa

Elle a fait preuve de retenue, sans pour autant empêcher les chahuteurs de renoncer.
Louisa Hanoune a dû se déployer à chaude gorge, hier, pour se faire entendre à la maison de la culture Ibn-Rochd de Djelfa. Et pour cause. Une bande d’adolescents, se réclamant des soutiens à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, a pris d’assaut le lieu du meeting et scandé des slogans favorables au président sortant, empêchant ainsi l’assistance d’écouter la porte-parole du Parti des travailleurs (PT). Ses premiers mots ont été coupés de : “Bouteflika président !� et, malgré, son instance, les chahuteurs ont poursuivi leur besogne jusqu’à la fin. Restée imperturbable, Louisa Hanoune a continué à haranguer dans un climat de brouhaha extraordinaire, “nous n’avons jamais payé personne pour venir nous écouter, soyez donc raisonnables�, a-t-elle lancé à l’adresse de ces adolescents, visiblement chauffés à blanc. Des partisans de Bouteflika ont juré par tous les noms n’avoir rien à “voir avec cette histoire�. Il s’est trouvé quand même quelqu’un parmi l’assistance à venir à la rencontre de la candidate expliquer que “le wali de Djelfa a lui-même recommandé de ne pas recevoir de femmes�. “Ne tenez pas un langage pareil, ce serait faire le jeu de ceux qui veulent nous diviser, nous devons rester unis�, répliqua-t-elle, indignée et exacerbée. À sa sortie de la salle, les perturbations n’avaient toujours pas cessé. N’a-t-elle pas mis en garde, dans ses discours de campagne, des risques que fait peser sur la nation le déchirement étatique autour du FLN ? Cette fausse bataille de Djelfa, n’est-elle pas une image caricaturale, terrible et édifiante de ce conflit ouvert ? Heureusement qu’à près de 60 kilomètres de là , des responsables et des habitants pas forcément acquis au PT ont tenu à l’honorer par leur hospitalité. Sidi Makhlouf, une commune relevant de la wilaya de Laghouat, lui a, en effet, dressé un vrai barrage et l’a contrainte, en dépit de son programme encore chargé — elle devait animer deux autres meetings à Laghouat et à Hassi R’mel —, à l’honorer de son côté. Elle a été appréciée applaudie, faisant oublier le malheureux intermède de Djelfa. Dans la matinée, Louisa Hanoune avait aussi entendu à Tiaret des jeunes chanter leur admiration à Bouteflika. Une femme avait quitté la salle de cinéma Atlas en criant son soutien à ce dernier. Plus tôt, à l’aéroport Bouchakib, une forte délégation, dressée en file indienne, accueillait Chalabia Mahdjoubi, embarquée avec sa fille sur le même vol que Si Affif, célèbre redresseur du FLN, en tournée dans la région au profit de Bouteflika. “La campagne est désormais finie, n’oubliez pas de voter pour nous. Notre programme, nous l’avons dit partout dans le pays, diffère de celui des cinq autres candidats. Croyons ensemble en nos capacités, en nos compétences et luttons ensemble pour réaliser notre choix.�
L’unique et première femme algérienne candidate à l’élection présidentielle s’étala sur sa politique, tentant de convaincre les plus douteux et de satisfaire les plus convaincus. À l’extérieur, amassés devant l’hôtel Les Abassides, un groupe d’enfants se remémorent les enseignements de leur maître et les déclinent fièrement. Ces Algériens de demain sont sentencieux : “Dieu, font-ils, maudis tout peuple qui se laisse gouverner par une femme.�
L. B.