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Un jour je saurais... 36e partie
Publié dans Liberté le 18 - 08 - 2014

Résumé : L'odeur du café avait réveillé Achour. Ce dernier reproche à Nora de vouloir le ruiner, car le marc déposé au fond de la casserole l'a renseigné sur ses intentions. La jeune femme tente de se justifier, mais c'était compter sans la rudesse du vieil homme, qui se saisit d'une ceinture en cuir pour la corriger. Elle perd connaissance.
Lorsqu'elle reprend ses sens, le jour était déjà levé. Elle se demande pourquoi elle était ainsi affalée par terre, et tente de se relever. Mais les douleurs de ses muscles la firent battre en retraite. Elle se rappelle alors la scène qu'elle avait eue avec Achour, et des coups de ceinture qu'elle avait reçus.
Elle s'accroche tant bien que mal au pan de la porte et réussit à se mettre debout. Son corps était couvert d'hématomes et d'ecchymoses. Son visage la brûlait. Son gilet était tâché de sang. Elle porte la main à son nez, et en touche quelques croûtes coagulées.
Tant bien que mal, elle se dirige vers le robinet de la cuisine, et s'asperge le visage d'eau. Puis prend une serviette, la mouille et relève ses vêtements pour la passer sur son corps meurtri. Çà et là, les traces de la ceinture, formaient des marques violettes ou bleues. Elle n'eut même pas le courage de se regarder dans une glace. Au contact de l'eau, elle avait senti une vive douleur sur ses lèvres tuméfiées et ses paupières.
Achour n'était visible nulle part. Il a dû sortir. Que le diable l'emporte, se dit-elle, tout en repassant la serviette mouillée sur ses plaies.
Elle fouille dans son sac à main pour prendre une crème, et constate que son passeport et ses papiers avaient disparu.
Une vague de colère la submerge. La révolte gronde en elle. Mue par une force insoupçonnée, elle se met à tout saccager dans l'appartement.
Yazid venait de tout narrer à son collègue et ami. Emu par son récit, et sa détresse, Faouzi lui serre le bras :
-Les voies du destin sont impénétrables mon ami...Cela ne sert plus à rien de remuer le passé... Tente plutôt de reprendre pied et de penser à ton avenir. Tu es encore jeune et rien n'est perdu pour toi.
Yazid pousse un soupir :
-Je ne peux pas encore me rendre à l'évidence... Je ne crois pas que Nora ait pu m'oublier aussi rapidement... On s'aimait tant... On était heureux... Il est vrai que je suis le grand imbécile qui n'a pas su la garder, mais je pensais reprendre avec elle, et lui faire oublier tous nos déboires.
-Peut-être qu'elle n'avait plus confiance en toi...
Yazid secoue sa tête :
-Tu n'y est pas Faouzi... Nora est une femme sensée. Elle avait tout tenté pour me raisonner... Je n'ai compris mes erreurs réellement que lorsqu'elle avait quitté notre foyer. Mais au fond, j'espérais encore recoller les débris de notre ménage, et reprendre à zéro avec elle... Je t'assure que cela aurait marché... Mais (il ouvrit ses mains et les fait claquer) maintenant tout est définitivement perdu.
Faouzi ne trouve pas de réponse tout de suite. Ils étaient attablés dans un café, et le jeune homme avait écouté patiemment Yazid, jusqu'à la fin de son récit.
-Tu vois mon ami, poursuit Yazid, les femmes sont souvent imprévisibles.
Faouzi secoue la tête :
-Tu ne sais pas ce qui s'est passé Yazid... Peut-être qu'on a forcé Nora à se marier.
-Possible... Mais je ne pourrais être certain là-dessus. Il est vrai qu'elle est issue d'une famille conservatrice, mais tout de même, elle est instruite, et elle a surtout du caractère.
-Rien ne peut justifier aussi une décision prise par les parents.
Yazid soupire encore :
-Avec des suppositions, nous allons construire des châteaux en Espagne, je préfère procéder moi-même à une discrète enquête pour tirer les choses au clair.
-Et que feras-tu si tu découvrais qu'on l'avait forcée à se marier ?
-Je n'en sais rien encore, mais j'aimerais surtout connaître tous les détails sur ce mariage hâtif. Si Nora avait elle-même décidé de se remarier aussi rapidement, c'est qu'elle était déjà en relation avec un autre homme bien avant notre divorce.
Faouzi ébauche un sourire :
- Ne brûle pas les étapes, Yazid. Tu parles en homme jaloux et possessif, et surtout en désespéré... Telle que tu l'as décrite, je ne pense pas que Nora soit le genre de femme à avoir une relation avec un autre homme, alors qu'elle était encore officiellement mariée à toi.
-Je compte découvrir toute la réalité là-dessus bonhomme... En attendant, je vais prendre quelques jours de congé.
(À suivre) Y. H.
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