Résumé : La grossesse de Nora est confirmée par son gynécologue. Elle était enceinte de six semaines. Affligée, elle rétorque au médecin qu'elle n'avait jamais arrêté sa contraception. Mais les dates de péremption sur les boîtes étaient dépassées. Le cœur en peine, Nora rentre chez Mme Claude. Cette dernière remarque vite son désarroi. Nora rougit. Elle ne voulait pas parler encore de sa grossesse, car ce sujet la stressait, et elle n'aimerait pas aussi incommoder Mme Claude par ses craintes. La police pourrait venir inspecter à la pension, où on lui donnera l'adresse de son boulot. La jeune femme n'aimerait pas mettre la vieille femme dans l'embarras, et réfléchissait au meilleur moyen de régler ses affaires et au plus vite. Sa grossesse sera vite visible, et elle n'aimerait pas se faire remarquer à la pension. Farès, la veille, avait tenté de lui tirer les vers du nez... Il disait vouloir l'aider... Elle n'en avait pas cru un mot... Les gens sont parfois imprévisibles dans leur comportement. Et puis, cet homme n'avait pas cessé de l'épier... Il avait été jusqu'à remarquer ses réactions dans la rue, et écouter ses conversations téléphoniques. Comment réagira-t-il donc, si elle lui racontait sa vie et lui dévoilait qu'elle était enceinte ? -A quoi pensez-vous ma fille ? Nora sursaute et revint sur terre. Mme Claude la regardait toujours d'un air compatissant. Nora eut honte de s'être laissé emporter par ses préoccupations et d'avoir oublié de lui reverser du thé. -Oh ! Excusez-moi, Mme Claude, je suis vraiment désolée. -Pas autant que moi Nora... -Vous ? -Oui..., je suis désolée pour vous. Je crois que vous êtes enceinte Nora... Sidérée, la jeune femme eut le souffle coupé durant quelques secondes, avant de pouvoir prononcer d'une petite voix : -Comment l'avez-vous deviné Mme Claude ? -Ah... Ah... Ah... La vieille dame pousse un long soupir avant de répondre : -On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, Nora... Je suis bien passée par là moi aussi, et j'en connais un bout. Même si ma petite expérience ne m'a pas laissé un bon souvenir, j'ai eu à suivre et à traiter des femmes dans ton état lorsque je travaillais comme volontaire à l'hôpital... Ce n'est pas à moi qu'on pourrait cacher les symptômes d'une grossesse. -Alors vous aviez eu des doutes auparavant sur mon état... -Pas tout à fait... Je voyais juste quelques petits changements en vous ces derniers temps. Vous êtes non seulement nerveuse, mais aussi un peu malade... Je vous ai entendue deux ou trois fois vomir dans la salle de bains... Vous ne supportez pas non plus les odeurs culinaires, et vous mettez souvent une serviette devant votre nez lorsque vous cuisinez. Enfin, les deux derniers jours avant le week-end, vous étiez si lasse que vous vous êtes endormie en me faisant la lecture. -Ah !. Je... je pensais que j'avais juste fermé les yeux un moment... -Mais non. Vous aviez fait un bon somme, et j'étais contente pour vous... -Franchement, je n'en reviens pas... Elle baisse les yeux, et sentit les larmes ruisseler sur ses joues. -Voyons... Pourquoi pleurez-vous donc... Vous allez avoir un bébé Nora... Vous seriez heureuse de le bercer dans vos bras. Croyez-moi, être maman a toujours était merveilleux... J'ai souvent regretté cet enfant que j'ai perdu dans un geste désespéré... La nature eut vite fait de me punir, en me privant d'avoir une progéniture, et de ressentir cet instinct maternel dont toutes les mères se vantent. -Certes... Mais... pas dans mon cas... Vous connaissez ma situation. -Tout va s'arranger... Vous allez mener votre grossesse à terme... Lorsque vous aurez votre enfant, nous allons trouver un compromis pour vous permettre de l'élever et de travailler en même temps. -Non... -Hein ? Vous ne voulez pas travailler... ? Comment allez-vous survivre Nora ? -Je... Je n'ai pas envie de m'éterniser dans cette ville... La police risque de me retrouver. -Et alors ? Vous n'avez qu'à prendre un avocat. Combien de fois dois-je vous le répéter ? Vous n'êtes partie que parce que ce bougre que vous avez comme mari vous maltraitait. Heureux encore que vous n'ayiez pas déposé plainte contre lui... -Vous ne connaissez pas Achour, Mme Claude...Il est capable d'inventer n'importe quelle histoire pour m'humilier et me traîner dans la boue. S'il apprend que je suis enceinte, il n'ira pas par quatre chemins pour m'obliger à rentrer à la maison, et à continuer à mener auprès de lui cette existence de forçat qui m'a justement fait fuir... Je hais cet homme. Et je ne veux pas de son enfant... Nora s'effondre en larmes. Mme Claude la regardait d'un air affligé sans pouvoir prononcer un mot. Elle attend que la crise passe avant de tapoter la main de Nora : -C'est fini Nora... Ne pleurez plus ma fille. Nous trouverons bien une solution toutes les deux. Voyons, j'aimerais tout d'abord vous poser une question : n'avez-vous pas pensé à avorter ? (À suivre) Y. H.
