Palestine : Bush solidaire de Sharon

Vue de près

Sharon vient d’arracher le quitus de Bush pour continuer son entreprise en Palestine. Le président américain, après avoir clamé que seule sa feuille de route était valable, s’est déjugé. Le plan Sharon est mieux ! Au lieu de négociations avec l’Autorité palestinienne, prévues par l’accord de principe signé le 13 septembre 2003, entre Qoreï et Sharon, sous le parrainage direct de Bush, pour proclamer l’état de Palestine, en 2005, Washington a choisi de soutenir ouvertement Tel-Aviv. Juste avant Sharon, Bush avait reçu Moubarak. Ce retournement a, au moins, le mérite de traduire clairement la vraie position de Washington. Ses proches ont beau faire des clins d’œil en direction de l’électorat juif américain, en prévision de la présidentielle de novembre, Bush n’a d’yeux que pour Sharon, et Israël reste pour les états-Unis leur pièce maîtresse dans le Moyen-Orient et leur cheval de Troie dans le monde arabo-musulman.
Le terrorisme d’état israélien biberonne l’isamisme politique et Al-Qaïda. cela arrange bien Bush, pour qui lever le voile sur les véritables causes de ce phénomène n’est ni une priorité ni même un objectif. Le monde doit se contenter d’explications fournies par lui et rallier, sans coup férir, sa croisade ! La politique de Sharon est un précieux adjuvant dans la curée moyen-orientale. Dans l’attente de l’avènement de la pax americana, Israël a pour fonction de maintenir l’épée de Damoclès sur la tête de tous les régimes et peuples de la région. En acceptant le plan Sharon, Bush vole également au secours du premier ministre israélien, mouillé jusqu’au cou dans des affaires et qui ne parvient plus à s’imposer dans son propre camp. Sa bénédiction devra inciter le Likoud à refréner ses menaces d’exclure Sharon. Le vote proposé par lui aux 200 000 membres de son parti passera comme une lettre à la poste en mai prochain, alors que la veille de sa virée à Washington, sa tête avait été réclamée, y compris par ses amis. C’est quoi ce plan Sharon ? Le scénario prévoit un démantèlement de 21 colonies juives installées dans la bande de Gaza et le retrait de toutes les forces militaires israéliennes. Ce qui revient à offrir les clefs de ce territoire peuplé de 1,3 million de Palestiniens et enclavé à Hamas, isolant un peu plus l’Autorité palestinienne. En Cisjordanie, seules quatre implantations seront évacuées, tandis que six agglomérations où vivent 230 000 colons juifs seront purement et simplement annexées. Depuis 1967, Isarël a implanté en Cisjordanie 120 colonies au milieu de 2,3 millions de Palestiniens. Le plan de Sharon suit le mur de l’apartheid, dont il a entrepris la construction en dépit de multiples condamnations par la communauté internationale. L’affaire est au niveau de la cour internationale de justice, mais les Palestiniens sont vraiment seuls. Arafat a demandé une réunion d’urgence de l’OCI, mais à quoi bon ! Elle risque de connaître le même sort que le sommet arabe qui, faute de cohésion, ne s’est pas tenu à Tunis. Et rien ne dit qu’il se tiendra en mai prochain. Trop désunis, les régimes arabes devraient se regarder dans un miroir et prendre conscience que pour être entendus à l’étranger, il faut d’abord être crédible chez soi. Voilà la question de fond.
D. B.