La centrifugeuse

Car, à lire entre les mots de ce qu’avait déclaré, hier, Abou Djerra Soltani à la télévision, on est enclin à comprendre que cette coalition présidentielle qui a, aujourd’hui, un corps et un nom, ne sont que les prémices d’un relookage annoncé de la carte politique.
En prévision du débat sur le programme du gouvernement, qui sera présenté mercredi par Ahmed Ouyahia, les députés de la coalition présidentielle cherchent à accorder leurs violons, de façon à ne parler que d’une seule voix dans l’hémicycle. D’où la journée parlementaire, prévue aujourd’hui entre le RND, le FLN et le MSP, dont les premiers responsables tiendront le même jour une rencontre au sommet.
Le débat parlementaire constitue, en fait, une première épreuve grandeur, quant à l’homogénéité de ce “pôle� politique, qui se donne pour objectif de mettre en musique le programme du président de la République. Sauf que la persistance du schisme au sein du FLN, où les partisans de Benflis continuent de faire de la résistance, risque de faire grincer momentanément la machine. Le temps qu’il faut pour ceux qui avaient pris fait et cause pour l’ancien secrétaire général démissionnaire de comprendre qu’ils ne sont plus en position de négocier quoi que ce soit. Mais au-delà de cette jacquerie interne au FLN, qui deviendra dans quelques jours une simple péripétie de parcours, la coalition présidentielle se veut aussi un exemple pour le reste de la classe politique.
Car, à lire entre les mots de ce qu’avait déclaré, hier, Abou Djerra Soltani à la télévision, on est enclin à comprendre que cette coalition présidentielle qui a, aujourd’hui, un corps et un nom, ne sont que les prémices d’un relookage annoncé de la carte politique. Cela se fera sans doute en amont de la révision de la loi sur les partis politiques, tel que cela a été maintes fois sous-entendu par Yazid Zerhouni.
En quelque sorte, une recomposition à la hussarde selon laquelle les partis auront le choix de se fondre dans de grands ensembles, en fonction de leurs affinités idéologiques ou de disparaître. C’est en tout cas cette vision que porte le président qui n’a pas caché son intérêt pour le système américain, mais avec un contenu à la tunisienne. C’est bien de mettre de l’ordre dans la carte politique qui ressemble aujourd’hui à la cour du roi Pétaud. Sauf que la tendance à la centrifugation, quand elle est dictée par des objectifs pervers, peut générer des reculs historiques, au demeurant inacceptables pour une société comme la nôtre qui est inscrite, et ad vitam de plain-pied, dans le pluralisme imprescriptible.
N. S.