Les raisons d’une visite

Nicolas Sarkozy demain à Alger

Le programme chargé du ministre de l’Économie et des Finances français et de sa délégation confirme la volonté des patrons français de rattraper leur retard en Algérie.
Chez Nicolas Sarkozy, c’est devenu une habitude. En Chine et aux États-Unis, le numéro deux du gouvernement français s’est déjà comporté en “président�. S’apprête-t-il à endosser la même attitude demain à Alger, au risque d’agacer une fois de plus le vrai président de la France, Jacques Chirac ? Sans surprise, pour son déplacement algérien, il s’est concocté un programme digne de sa réputation de ministre travailleur, pressé, qui cultive l’ambition de devenir président dès 2007: visite à Boumerdès, lieu où a eu lieu, il y a un an, le tremblement de terre, entretiens avec des responsables, un tête-à -tête avec le président Bouteflika et, probablement, un petit bain de foule dans le quartier de la Grande-Poste à Alger. Un programme qui ne fera sans doute pas oublier la visite historique de Jacques Chirac en Algérie, en mars 2003, mais qui devrait rapporter à Nicolas Sarkozy quelques points supplémentaires dans les sondages en France, qui le placent déjà depuis longtemps en tête des personnalités de droite préférées des Français.
Cependant, Nicolas Sarkozy ne vient pas en Algérie seulement pour soigner son image de présidentiable. Les Français le savent : avec 35 milliards de réserves de change et des cours de pétrole qui ne cessent de grimper, l’Algérie est devenue un client respectable. En 2004, le pays devrait acheter pour près de 20 milliards de dollars sur les marchés internationaux, tous produits confondus. Sans compter toutes les sommes qui seront dépensées dans les projets d’infrastructures : autoroute Est-Ouest, métro d’Alger, construction de logements… Les entreprises françaises souhaitent profiter du rapprochement algéro-français pour rattraper leur retard en Algérie. Demain, plusieurs grands patrons français accompagneront donc Nicolas Sarkozy. Selon les informations de Liberté, en plus de la probable signature de plusieurs contrats commerciaux, les dirigeants des groupes français viennent à Alger pour mettre en place un programme d’investissement et d’échanges économiques qui va s’étaler sur une période de cinq ans. “Les Algériens veulent favoriser les groupes français dans tous les appels d’offres et dans les opérations de privatisation. Et nous comptons profiter pleinement de cette situation�, explique le responsable international d’un grand groupe français dont le patron sera demain aux côtés de Nicolas Sarkozy à Alger. Plusieurs sociétés françaises se placent déjà dans la perspective d’opérer une percée significative en Algérie en créant des filiales sur place ou en recrutant en France des cadres d’origine algérienne… Un forum, regroupant toutes ces compétences qui ont choisi de revenir travailler au pays, sera même organisé cet été à Alger par la revue Maghreb Ressources Humaines (MRH).
Pour “récompenser� cette bonne volonté algérienne, Nicolas Sarkozy devrait annoncer quelques mesures plus symboliques qu’efficaces, comme la reconversion d’une nouvelle tranche de quelques dizaines de millions d’euros de la dette algérienne.
L. G.