Place à la réconciliation

États-Unis - Europe

Se retrouvant pratiquement isolé après une année de guerre en Irak et en position de faiblesse, le président américain ne cache plus son souhait de renouer le contact avec ses alliés européens d’hier. À contrecœur, le patron de la Maison-Blanche a fini par céder.
Même s’il a pris le soin d’entamer son périple sur le continent européen par une visite chez son inconditionnel allié Berlusconi, agrémentée par un rendez-vous avec le Pape Jean Paul II, il n’en demeure pas moins qu’il a compris sa douleur. Hier, il était aux côtés de son homologue français après un long froid entre les deux hommes. Pis, ils ont failli en arriver aux insultes parfois, tant les divergences étaient profondes sur la question de la guerre contre l’Irak. Enlisé en Irak, qui a fini par faire fondre son énorme cote de popularité d’il y a un an, George Bush a fini par se rendre à l’évidence qu’il avait désormais besoin, notamment sur le plan international, d’aide pour tenter de refaire son retard dans la course à la présidentielle.
Prévu en novembre prochain, ce scrutin ne lui est guère favorable, du moins pour l’instant. Laissant son orgueil de côté, le Texan a trouvé le prétexte : la célébration du débarquement américain de 1945, pour renouer le contact avec le chef de l’État français, un des hommes forts actuellement de l’Union Européenne. Au bout de cette rencontre, est attendue bien sûr une relance des relations franco-américaines, réduites à leur plus simple expression depuis que Bush a décidé d’envahir Bagdad. Pour montrer sa bonne foi, le président US a remodelé à trois reprises le projet de résolution présenté au Conseil de sécurité de l’ONU, dans l’espoir de le faire aboutir rapidement.
Ce texte devant accompagner le transfert de la souveraineté au gouvernement intérimaire irakien le 30 juin prochain, doit en effet être adopté dans les meilleurs délais pour donner davantage de crédibilité à l’opération. Il faut dire que devant les alléchantes opportunités que présente le marché irakien actuellement exclusivement réservé aux Américains, aux Britanniques et à leurs proches alliés, il ne fait aucun doute que les opposants à la guerre en Irak, emmenés par Paris, ne feront pas la fine bouche. Français, Allemands et autres Russes n’hésiteront pas longtemps à remettre en ordre leurs rapports avec Washington dans l’espoir de profiter, eux aussi, de la manne financière qu’offre la reconstruction de l’Irak.
K. A