“Il y a un abus de pouvoir des potentats locaux�

Reporters sans frontières, dans une déclaration à liberté

“Nous sommes préoccupés par l’incarcération de Ghoul Hafnaoui qui rappelle le cas de Hassan Bouras. Il est scandaleux que des journalistes soient emprisonnés dans le cadre de l’exercice de leur profession. Cela reflète un abus de pouvoir des potentats locaux�, a déclaré à Liberté une porte-parole de Reporters sans frontières, jointe hier par téléphone.
Et d’ajouter : “Souvent, les correspondants de presse locaux sont sous le coup de ces potentats et subissent de fortes pressions. Qui plus est, ils sont loin des rédactions centrales.
Dans le cas de Hassan Bouras, les réactions ont tardé à venir vu qu’il était loin d’Alger. La réaction des ligues des droits de l’Homme et autres organisations met souvent un temps long avant de se manifester.� Notre interlocutrice n’omettra pas de souligner le combat inégal qui oppose journalistes et nababs à l’intérieur du pays : “Les correspondants locaux sont sous la coupe des différents pouvoirs.
Les préfets ont des pouvoirs très étendus en Algérie. Les correspondants locaux sont souvent les seuls à pouvoir témoigner de la corruption et autres dysfonctionnements au sein de la cité et de la province. Ce sont des témoins privilégiés du fonctionnement de la ville, et nous sommes particulièrement sensibles à la situation de ces journalistes qui sont parfois sujets à des représailles.�
Interrogée sur les actions que son organisation pourrait entamer quant au cas Hafnaoui, la porte-parole de RSF dira : “Notre travail consiste à récolter des informations sur la situation des journalistes et à les diffuser afin d’alerter l’opinion internationale et les médias occidentaux. Nous alertons également le Parlement européen, l’Organisation des Nations unies, le Commissariat des droits de l’homme, et ces informations sont archivées et peuvent rebondir à tout moment.�
L’organisation de Robert Ménard diffuse régulièrement des communiqués pour alerter l’opinion internationale sur les atteintes à la liberté de la presse dans notre pays.
Le dernier en date qui a été diffusé, le jeudi 3 juin, dénonçait l’arrestation de Ghoul Hafnaoui ainsi que la condamnation des journalistes Kamel Gaci, correspondant du Soir d’Algérie à Béjaïa, et notre collègue Lotfi G., correspondant de Liberté à Djelfa.
M. B.