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“L'indépendance a servi des opportunistes”
Mahfoud Kaddache à Liberté
Publié dans Liberté le 06 - 07 - 2004

Historien émérite, auteur de plusieurs ouvrages, Mahfoud Kaddache revient dans cet entretien sur certains aspects de l'histoire de la Révolution.
Liberté : 42 ans après l'indépendance du pays, quel regard portez-vous sur cette date symbolique ?
Mahfoud Kaddache : Le 5 juillet, c'est d'abord deux dates historiques importantes : il y a le 5 juillet 1830 et le 5 juillet 1962. En 1830, c'est la perte d'Alger et c'est la convention signée par les Français concernant leurs relations avec l'Algérie.
Pour les Algériens, en revanche, c'est le point de départ de la conquête et par conséquent le point de départ d'un malheur qui va durer plus d'un siècle. Et le 5 juillet 1962, c'est la fête de l'Indépendance, c'est la fête populaire. Elle s'inscrit dans la mémoire populaire comme une date revanche en réponse à la colonisation de 1830.
Voilà ce que représentent ces deux dates. Mais à vrai dire, concernant la dernière date, l'indépendance était officielle le 3 juillet. C'est le 3 juillet que Charles de Gaulle a retenu en tenant compte de plusieurs dates dont la signature des accords d'Evian, de la date du cessez-le-feu, du référendum du 1er juillet qui a été passé en métropole et qui a admis l'indépendance. Le peuple devait répondre à la question : êtes-vous pour l'indépendance de l'Algérie ou pour la coopération avec la France ? Résultats : Près de 6 millions ont voté pour et entre 17 000 et 20 000 ont dit non. À l'unanimité, les Algériens se sont donc prononcés pour l'indépendance. Il faut, cependant, noter que les Français n'ont pas voulu que la date soit le 5 juillet…
Justement, pourquoi a-t-on a retenu la date du 5 juillet ?
On a retenu la date du 5 juillet parce qu'il y a eu cette fête populaire. Et c'est un petit peu, dans la mémoire des Algériens, une revanche sur la conquête de 1830. Alors qu'en réalité, l'indépendance officielle, c'est le 3 juillet, le drapeau algérien a flotté à midi à travers tout le pays.
Dans la conception d'aujourd'hui, peut-on parler réellement d'indépendance du pays ? Dans le sens, bien entendu, d'un recouvrement de toutes les libertés…
Ça c'est une autre histoire. Moi-même, j'ai intitulé un livre sur la guerre d'Algérie (1954-1962) : “Et l'Algérie se libéra”. Et plusieurs lecteurs m'ont dit : “Pourtant, l'Algérie ne s'est pas libérée.” Il y a eu d'abord la crise de l'été de 1962, les marginalisations ainsi que ces gens qui ont été dans la guerre et qui ont été éliminés. Mais quand même, il y a eu énormément de changements qui ont fait qu'au lieu de se contenter de dire la “guerre de libération nationale”, on a dit souvent révolution. Et effectivement, il y a eu révolution parce que les Algériens ne sont plus à même de mendier des réformes, mais se considèrent comme des citoyens. Ils se sont considérés citoyens de l'Algérie combattante et par la suite de l'Algérie indépendante. Et ils ont tous participé : hommes, jeunes, femmes. Cela a été une révolution dans le comportement et qui a vu surtout la promotion de la femme et des ruraux. Ces ruraux, du fait de leur participation, ont été considérés comme de super- citoyens. Il y a ensuite le fait que les vainqueurs, c'est-à-dire ceux qui ont “vaincu la France” et qui ont marginalisé les autres. Ce sont eux qui ont été considérés comme ayant apporté la victoire et par conséquent qui ont pris le pouvoir. Ce pouvoir pris par ces “vainqueurs” aurait dû s'arrêter 5 ans, dix ans après l'indépendance de façon à ce que l'indépendance ne tombe pas chez les opportunistes ou chez les manœuvriers, mais véritablement que cela soit au bénéfice du peuple à travers l'avènement d'institutions démocratiques.
Donc pour vous, le pouvoir est tombé entre les mains des opportunistes ?
On ne peut pas taxer tout le monde d'opportuniste. Le pouvoir a été entre les mains des “vainqueurs militaires” et pas les “vainqueurs politiques” et cela a duré. Le pouvoir du parti unique a fait de bonnes choses, mais des erreurs également. Il n'y a pas eu d'installation d'une véritable démocratie.
Est-ce qu'on peut dire que le mode de fonctionnement du pouvoir actuellement constitue un prolongement de la crise de l'été 62, ou alors, est-elle finie ?
On peut toujours faire des analogies avec la situation qui a régné avant. Certains peuvent remonter au mouvement nationaliste. Il y a eu le mouvement nationaliste qui a été prépondérant et qui a fini par une crise due à l'absence de démocratie interne, la prépondérance et les prétentions de Messali Hadj et l'absence d'effort de démocratie pour faire du parti un rassemblement des gens qui ont le même droit à la parole et qui peuvent diriger le parti. On peut remonter jusque-là et certains le font d'ailleurs. C'est à partir de ce moment qu'ont commencé les crises entre les dirigeants qui prétendaient représenter le pays et le nationalisme et puis les gens qui ont prétendu représenter les forces réellement révolutionnaires et finalement les gens qui avaient l'appui des forces militaires.
D'aucuns estiment qu'il reste beaucoup à écrire sur l'histoire…
Je crois qu'il y a eu une évolution. Aux premières années d'indépendance, l'histoire du mouvement nationaliste et plus exactement l'histoire du mouvement de libération nationale et l'histoire de la guerre étaient un peu sacralisées. Et il y avait des forces, des périodes d'apogée, des périodes de gloire, mais il y a eu également des faiblesses. Du fait de la sacralisation de l'histoire, on n'a pas porté l'esprit sur les faiblesses de la révolution, sur les rivalités, les assassinats, les incompétences et les échecs. C'était d'ailleurs considéré comme un sacrilège.
Comme durant la période nationaliste, c'était un sacrilège que de porter atteinte à la personnalité de Messali. Et puis finalement, il y a eu, en 1952, en 1953 et ce, jusqu'au début de 1954, une crise qui a fait ressortir d'une part les efforts méritoires de Messali et, d'autre part, également, des faiblesses. Des militants en ont parlé. La même chose est valable pour la révolution. Jusqu'aux premiers échecs du parti unique, c'était un scandale, une atteinte à la gloire, à l'histoire du peuple algérien que de parler des insuffisances des personnes. Mais à partir du début des années 90, la nécessité du changement est apparue. Il y a eu, bien entendu, la crise, le multipartisme et l'extension de la révolte islamiste avec ses abus et ses erreurs.
Des pans entiers restent méconnus…
Au début, on écrivait ce qui était à la gloire de la révolution. Et c'est cette sacralisation, cette soif d'honneur, la soif de dignité qui a fait qu'on a mis en valeur uniquement ce qui était positif et ce qui était glorieux. Mais à partir d'un certain moment, il y a eu des gens qui ont commencé à écrire des mémoires. Il y a eu des témoins, des gens qui ont façonné l'histoire qui ont écrit des mémoires critiques et ces écrits ont encouragé les historiens à faire une analyse critique et objective de cette période et, actuellement, il y a des ouvrages qui sont, on peut dire, objectifs et qui accordent autant d'importance aux choses positives qu'aux faiblesses. On peut même dire aujourd'hui qu'il y a une production. Il faut dire, cependant, que cette production est encouragée par les écrits des étrangers. Eux, ils n'ont pas le sens de la sacralisation, ils écrivent plus librement que nos auteurs, même si certains à l'évidence écrivent avec un peu de méchanceté.
Comment expliquez-vous cette étrange absence de témoignages chez certains acteurs du mouvement nationaliste. Beaucoup sont morts en emportant avec eux des pages entières d'histoire…
C'est une faute, une faiblesse. Les acteurs principaux n'ont pas laissé de témoignages et il y en a beaucoup. Mais il y a, par ailleurs, suffisamment d'Algériens qui ont laissé des mémoires comme Benkhedda, Abbas, Dahleb. Il y a aussi des témoignages de moudjahidine. C'est différent bien sûr de la France qui, dès l'installation du colonialisme, beaucoup d'acteurs et d'administrateurs se sont mis à l'écriture.
Est-ce qu'on a des archives ?
Oui, il y a des archives, mais les principales sont à l'étranger. Il y en a quelques-unes en Algérie, mais elles ne sont pas suffisantes. Le service des archives essaye de s'organiser : il a reçu les archives du GPRA ; il y a eu des contacts pour récupérer les archives de toute l'histoire. Des possibilités existent avec les archives françaises, mais quelques contentieux subsistent…
K. K.


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